Une stratégie de diffusion est une stratégie employée par les partenaires de programmes de villes sûres pour les femmes pour s’assurer que leur message atteint le public. Lors de l’élaboration d’une telle stratégie, il convient de réfléchir à la question de savoir à quel public on veut s’adresser et pourquoi. Les réponses à ces questions permettront de formuler la stratégie la plus efficace de dissémination de l’information (et de décider de l’information à disséminer). Lorsque les partenaires du programme souhaitent, par exemple, attirer l’attention sur le nombre élevé de jeunes femmes victimes de harcèlement sexuel, ils devront diffuser l’information auprès des jeunes femmes, et auprès des hommes qui commettent de tels actes. Il faudra peut-être mener des recherches pour déterminer les espaces publics précis où les femmes sont le plus souvent harcelées. Une fois cette information obtenue, on pourra placer des affiches et distribuer des dépliants dans ces espaces pour attirer l’attention du public.
Formez un comité local de sécurité pour les femmes pour attirer l’attention de la communauté urbaine sur ce problème.
Outre l’organisation des campagnes de sensibilisation, un tel comité pourrait offrir des conseils aux décideurs sur l’élaboration et la planification d’actions futures. Le comité devrait se composer de représentants et/ou de fonctionnaires des différents services locaux (police, transports publics, santé), d’organisations de femmes, d’organisations locales, d’organisations de jeunes et confessionnelles, des associations d’affaires, des syndicats, des médias, ainsi que du public local dans toute sa diversité.
Source : T. Dame et A. Grant. 2002. Women and Community Safety: A Resource Book for Planning on Safer Communities. Cowichan Women Against Violence Society, Canada. pages 4 – 42. Disponible en anglais.
Organisez des manifestations publiques.
Les manifestations publiques offrent une excellente occasion de sensibiliser par la diffusion de l’information car elles sont participatives, instructives et attirent des personnes de tous les horizons. Une manifestation publique est une manifestation ouverte à tous qui propose différentes activités ou divertissements aux participants. Lorsque les partenaires du programme ne disposent pas des moyens nécessaires pour organiser leur propre manifestation, ils devront envisager de s’associer à l’organisation d’un événement sur un sujet analogue, comme les droits des femmes ou la violence domestique, de manière à sensibiliser un public susceptible de s’intéresser déjà aux questions liées à la sécurité des femmes et à la violence communautaire.
Exemples :
Casa Yela, Talca : ocupación de la calle con la denuncia de violencia intrafamiliar [Casa Yela, Talca, Chili : Occuper la rue pour dénoncer la violence domestique]. La Casa Yela est un refuge pour femmes qui se trouve dans la ville de Talca et qui a étendu ses activités aux régions rurales, en apportant son soutien à la main d’œuvre saisonnière à former des syndicats de travailleurs. Le refuge a organisé une grande marche de protestation contre la violence et contre le fémicide. Commencé comme une action de réappropriation des rues, d’occupation de la ville et de protestations bruyantes avec cloches et sirènes, ce mouvement s’est transformé en une campagne plus permanente de manifestations et d’actions publiques de dénonciation de la violence faite aux femmes. Source : « Haciendo frente a la violencia de género: intervenciones desde la sociedad civil », X. Valdés, Ediciones SUR, 65. (2008). Disponible en espagnol.
GIRLFeST Hawaï’i and GIRLFeST San Francisco Bay Area. Entretien audio avec les fondateurs de GIRLFeST à Hawaï et dans la région de San Francisco (Prevention Connection: The Violence against Women Prevention Partnership, 2007). California Coalition Against Sexual Assault, USA. Dans cet entretien audio, les fondateurs de ces deux manifestations GIRLFeST évoquent leurs stratégies de sensibilisation à la question de la violence faite aux femmes. Une des principales stratégies consiste à associer les activités artistiques aux activités de divertissement. Disponible en anglais: 17 minutes.
Centro Mirabal, Coronel: la politización de la violencia de género [Centre Mirabal à Coronel, Concepción, Chili : la politisation de la violence sexiste].
Le Centre Mirabal aide les femmes à déclarer les actes de violence subis et propose aux autorités des stratégies de prévention. Le centre a organisé un atelier de formation et d’information sur la prévention de la violence, ainsi qu’une conférence sur le thème de la repolitisation de la violence faite aux femmes. De nombreuses participantes en ont profité pour débattre des stratégies à employer contre la violence comme phénomène social et politique. En outre, cette réunion a permis d’attirer l’attention sur les cas de fémicide enregistrés dans la région depuis 2007. À cet effet, le Centre a organisé une marche de protestation contre ce phénomène au cours de laquelle s’est tenue une veillée aux bougies pour démontrer le soutien populaire à cette cause. Cet événement a été particulièrement important car il a permis de sensibiliser les femmes comme les hommes à la question. Toutes ces actions ont permis au Centre Mirabal de placer la question de la violence sexiste au cœur des préoccupations communautaires et d’amorcer des alliances avec les programmes gouvernementaux sur les politiques à suivre dans ce domaine. (Valdés, 2008).
Source de l’illustration : SUR Corporación de Estudios Sociales y Educación. Temas Sociales 65. (2008).
Organisez un concours.
Un concours, comme une manifestation, peut être une excellente occasion de sensibiliser le grand public. Les partenaires des programmes de villes sûres pour les femmes peuvent organiser toutes sortes de concours où les participants se mesurent les uns aux autres pour représenter et/ou attirer l’attention sur le concept de villes sûres pour les femmes. Ce type de manifestation contribue à sensibiliser le public de deux façons. D’abord, elle incite les participants à réfléchir à ce que ce concept signifie pour eux et à la manière d’en représenter les idées. Ensuite, elle contribue à sensibiliser les spectateurs qui jugent ou regardent les créations des participants.
Exemple: Convocatoria de Concurso de instalaciones Urbanas [Concours d’aménagement d’art urbain], Rosario (Argentine), 2009.
Le 8 mars, Journée internationale de la femme, les services des affaires féminines de la municipalité de Rosario et le Programme régional d’UNIFEM « Villes sans violence à l’égard des femmes, villes sûres pour tous », mis en œuvre par le Réseau Femmes et Habitat d’Amérique latine, a lancé un concours d’aménagement d’art urbain dans le but de sensibiliser l’opinion aux droits des femmes à vivre en ville et à en bénéficier de tous les avantages, et d’encourager la participation des membres de la communauté à la défense de cette cause. Des artistes locaux ont été invités à faire des propositions d’aménagement artistique dans l’espace urbain (images, lumières, graffitis, décorations). Le gagnant a reçu 2 500 dollars pour développer et mettre en place sa propre création, qui a été présentée du 2 octobre (Journée mondiale de l’Habitat) au 26 novembre (Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes) dans le Parque España (parc public) de Rosario. Disponible en espagnol.
Utilisez les médias.
Les partenaires des programmes de villes sûres pour les femmes pourront solliciter le concours de tous les moyens de communication pour sensibiliser un grand nombre de personnes en peu de temps, par le biais de publicités télévisées, de diffusion d’informations, de sites Web et d’émissions radiophoniques. Cette approche peut s’avérer enrichissante et divertissante (Association mondiale pour la communication chrétienne, AMCC, sans date). Chaque moyen d’information a sa propre audience et nécessite des ressources différentes. De ce fait, il conviendra d’identifier les médias les plus adaptés aux publics que le programme vise à atteindre. Par exemple, si les partenaires du programme souhaitent attirer l’attention sur la question de la sécurité des femmes dans leur voiture, un entretien radiophonique serait particulièrement approprié étant donné que beaucoup de gens écoutent la radio dans leur voiture. En revanche, s’ils envisagent d’attirer l’attention sur la sécurité des jeunes femmes dans les transports publics, il sera peut-être préférable de créer un site Web, moyen plus adapté pour atteindre les adolescents et les jeunes.
Liste de conseils pour la promotion des programmes de villes sûres auprès des médias (2009)
Cette liste devrait aider les partenaires des programmes de villes sûres pour les femmes à établir des contacts avec la presse. Elle propose des idées pour développer des manifestations dignes d’intérêt pour les médias et pour expliquer clairement les enjeux :
- L’interprétation nouvelle d’une idée ancienne constitue « de l’information ». Si le gouvernement adopte une nouvelle définition de la sécurité des femmes ou un groupe local influent entérine une charte qui précise ce que sont les villes sûres pour les femmes, ces faits sont dignes d’intérêt et devront être couverts par la presse.
- Parlez aux femmes de votre organisation et de votre communauté qui s’intéressent à la question des villes sûres pour les femmes. Demandez-leur si elles sont disposées à être contactées par les membres des médias. Établissez ensuite une liste avec leurs noms et communiquez-la aux journalistes. Ceux-ci pourront s’en servir pour des entretiens menés dans le cadre de leurs enquêtes sur la sécurité des femmes au niveau local.
- Vous pouvez contacter directement les journalistes et les chefs de rédaction pour leur communiquer des informations ou les tenir au courant des manifestations liées à la sécurité des femmes. Appelez-les ou envoyez-leur des e-mails si vous connaissez un endroit particulier où les agressions contre les femmes sont fréquentes. Informez-les des actions que vous entreprenez en faveur de l’aménagement de villes sûres. Vous pouvez également leur signaler les services publics qui ne répondent pas aux besoins sécuritaires des femmes.
- Réunissez une équipe « d’expertes » qui interviendront à une conférence de presse que vous aurez organisée pour évoquer une préoccupation sécuritaire grave dans votre communauté. Il pourra s’agir ici d’une agression particulière contre une femme, d’une politique de nature à aggraver l’insécurité des femmes, d’un nombre inquiétant de cas de victimisation dans la communauté, et autres développements qui compromettent la sécurité publique des femmes. Les équipes d’expertes pourraient réunir des politiciennes, des médecins, des prestataires de services ou des représentantes de groupes locaux. Assurez-vous au préalable que tous les membres de l’équipe partagent les mêmes idées de ce que devrait être une ville sécuritaire pour les femmes. Un communiqué rédigé au nom du groupe d’expertes peut en outre être fourni à la presse.
- Établissez des dossiers d’information à l’intention des journalistes sur les questions relatives à la sécurité des femmes en ville et dans la communauté. Ces dossiers devraient contenir des définitions de villes sûres pour les femmes, des taux de criminalité à l’égard des femmes, des exemples de programmes et d’activités en matière de sécurité urbaine et des exemplaires des engagements pris aux niveaux national et international en faveur de la sécurité des femmes (gouvernements, organismes nationaux, déclarations des conférences internationales, etc.). Il faudra vérifier soigneusement toutes les informations diffusées pour s’assurer qu’elles sont correctes, car la dissémination d’informations erronées risque de compromettre votre crédibilité.
- Apprenez à communiquer avec les médias et consacrez un certain à cet apprentissage. Suivez des ateliers sur la question ou invitez un journaliste à vous donner des conseils ainsi qu’aux autres responsables de votre programme de ville sûre pour les femmes. Déterminez s’il y a des experts des médias parmi les membres de votre réseau sur lesquels vous pourrez compter.
- Tenez les médias informés des progrès accomplis par votre programme. Par ailleurs, si les progrès sont lents, parlez-en également : le manque de financement ou de soutien politique pour la sécurité des femmes de la communauté peut également intéresser les médias qui en informeront le public. Le sujet sera débattu publiquement et sensibilisera davantage l’opinion.
- Si vous diffusez des statistiques sur la sécurité des femmes, veillez à expliquer ce qu’elles signifient. Si vous citez par exemple le nombre de viols perpétrés dans l’année écoulée dans des espaces publics d’après les statistiques de la police, précisez-le. Ne manquez pas d’ajouter que le nombre réel de viols est sans doute plus élevé car toutes les agressions ne sont pas déclarées; cela permettra de situer les chiffres dans leur contexte.
- Répétez ce que vous allez dire. Soyez sûrs de bien connaître vos objectifs et la manière dont ils se rattachent à l’aménagement de villes plus sécuritaires pour les femmes.
Adapté pour les programmes de villes sûres d’après « Media Tips for Gender and Media Advocacy » dans « Mission Possible » : A Gender and Media Advocacy Toolkit élaboré par l’Association mondiale pour la communication chrétienne (WACC). La trousse d’information est disponible en deux versions. La première est un guide complet pour la mobilisation des médias en français, anglais et espagnol. La seconde est dans un format modulaire facile d’utilisation (Introduction et 11 modules) disponible en anglais.
Examples :
Programme radio "Callejeras, callejeando. Mujeres de ciudades" [Promeneuses et promenades : les femmes dans la ville], Argentine (2010). Cette série d’émissions radio présente des informations et des dialogues intéressants sur divers sujets ayant trait à la sécurité des femmes dans les villes. Le programme s’attache tout particulièrement à faire entendre les voix des femmes (y inclus des politiciennes, des chercheuses et des militantes). Les programmes radio un, deux, trois, quatre et cinq sont disponibles en espagnol.
Étude de cas : Mapeo de Medios de Comunicación de la Ciudad de Rosario
[Cartographie des médias de la ville de Rosario]
La recherche d’éventuels partenaires médiatiques compétents sur la question des villes sûres pour les femmes a conduit la Red Informativa de Mujeres de Argentina (RIMA - Réseau d’information des femmes d’Argentine) à suivre les médias de Rosario pour évaluer la manière dont ils couvraient les informations en général et la violence à l’égard des femmes en particulier, et notamment s’ils reproduisaient les stéréotypes sexistes ou utilisaient un langage non-sexiste. Le RIMA a ainsi pu identifier les journalistes les mieux placés pour soutenir les actions de mobilisation en faveur des programmes de villes sûres pour les femmes et des questions connexes. Cette activité s’inscrivait dans le cadre du Programme régional d’UNIFEM « Villes sûres pour les femmes » mis en œuvre par la Red Mujer y Habitat en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Exemples :
Programme radio "Callejeras, callejeando. Mujeres de ciudades" [Promeneuses et promenades : les femmes dans la ville], Argentine (2010).
Cette série d’émissions radio présente des informations et des dialogues intéressants sur divers sujets ayant trait à la sécurité des femmes dans les villes. Le programme s’attache tout particulièrement à faire entendre les voix des femmes (y inclus des politiciennes, des chercheuses et des militantes). Les programmes radio un, deux, trois, quatre et cinq sont disponibles en espagnol.
Hollaback NYC Blog, New York (USA). [http://hollabacknyc.blogspot.com/]. Ce site Web offre une tribune aux victimes (à majorité féminine) du harcèlement sexuel dans les rues de New York. Les internautes apportent leurs témoignages verbal et visuel des agressions subies. Ce blog vise à établir des communautés « où tout le monde est à l’aise, en sécurité et respecté ». Le but général du programme est de soutenir les droits des femmes à vivre en public sans crainte du harcèlement, surtout dans les rues. Le programme a pour objectifs :
de sensibiliser à la question du harcèlement dans la rue;
d’offrir une tribune d’expression aux femmes;
de plaider pour des changements culturels et juridiques; et
d’offrir une alternative à l’objectification des femmes et à leur caractérisation comme des êtres « sans défense ».
Des ressources et des renseignements supplémentaires sont également affichés sur le site, y compris des liens vers des ressources d’autodéfense, des ressources juridiques et des sites d’assistance aux victimes de viol. Disponible en anglais.
Staring Hurts [Dévisager fait mal], New Delhi (Inde), 2006. Cette courte vidéo captivante montre une femme qui, dans un café, est dévisagée par un homme. Elle illustre l’inégalité qui caractérise généralement les rapports de force entre un homme qui regarde fixement une femme et une femme qui est l’objet de ces regards. Réalisé par JAGORI. Disponible en anglais : 38 secondes.
Entretenez l’intérêt des médias pour les villes sûres pour les femmes. Les partenaires des programmes de villes sûres pour les femmes devront inviter les représentants des médias chaque fois qu’ils lancent une nouvelle action. Les journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision, ainsi que les blogueurs internautes ont les moyens de faire connaître ces actions à un très large public, et les partenaires de programme doivent leur fournir du matériel promotionnel comme des communiqués de presse, des entretiens, des articles, des éditoriaux et des blogs en ligne. Ce type de publicité permettra d’accroître la visibilité du concept de ville sûre pour les femmes aux yeux de l’opinion. Elle entraînera probablement aussi un regain d’intérêt pour le programme lui-même, qui se traduira vraisemblablement par l’adhésion de nouveaux partenaires et des apports de ressources additionnelles.
Réalisez un documentaire sur les villes sûres pour les femmes.
Un ou une partenaire de programme qui s’y connaît en réalisation de films ou de vidéos pourra tourner un documentaire sur les facteurs favorables ou préjudiciables à l’aménagement de villes sûres pour les femmes. À défaut, les partenaires pourront s’associer aux étudiants en cinéma ou en communication pour réaliser un documentaire semblable. La criminalité dans les quartiers pauvres où vivent des femmes, l’inaccessibilité aux transports publics la nuit, le harcèlement sexuel dans la rue, ou n’importe quelle autre préoccupation sécuritaire majeure de leur ville ou communauté pourraient faire l’objet d’une réalisation cinématographique ou vidéo. Les partenaires du programme pourraient également illustrer de cette façon les progrès accomplis en matière de sécurité urbaine ou locale. Après sa production, le documentaire devrait être proposé au plus grand nombre de points de distribution possible, comme les stations de télévision, les festivals cinématographiques, les organismes gouvernementaux, les ONG et les organisations de femmes et féministes, et projeté dans les établissements d’enseignement et autres lieux de rencontres publics de la communauté.
Exemples :