Notre partenaires
Related Tools

Comprendre les VEFF dans un conflit

Dernière modification: January 06, 2020

Ce contenu est disponible dans

Les options
Les options

En général, les données concernant les violences sexistes dans les situations de conflit ne peuvent être recueillies qu’à un moment donné, par exemple lors d’enquêtes transversales de collecte de données. Il est donc difficile de déterminer si les violences sont le fait du conflit, ou si elles sont la cause de résultats négatifs tels qu'une mauvaise santé physique ou mentale. La faculté de remémoration des événements diffère d'une personne à l’autre, aussi il convient de prêter une attention particulière à la question de la temporalité. Pour mieux comprendre le déroulement des événements, certaines enquêtes transversales portent sur les violences causées durant un laps de temps précis, afin de comprendre à quel moment les cas de violences sexistes se produisent. Envisagez par exemple de poser des questions sur des incidents s’étant produits avant, pendant et après un conflit, et sur les changements survenus lorsque le conflit a éclaté. Généralement, les enquêtes transversales posent aussi des questions sur les violences subies au cours de la vie et au cours des 12 derniers mois, en plus des violences survenues lors d’une phase de conflit précise. Pour situer un incident dans le temps et l’espace, les chercheur-euses peuvent aussi demander à la personne interrogée quel âge celle-ci avait lorsqu'un événement (p. ex. le début du conflit) ou qu'un cas de VEFF s’est produit, et où elle se trouvait alors.[1]

 

Il existe diverses façons de recueillir des informations détaillées sur chaque événement violent subi par une personne interrogée. Ces approches peuvent faciliter la reconstitution de la trame temporelle. Les questions peuvent être posées lors d’entretiens non structurés ou semi-structurés par des enquêteur-trices très bien formé-es, ou à l’aide d’indicateurs visuels (calendrier, chronologie) facilitant la reconstitution d'une série d’événements.[2]

 

 

À titre d’exemple, une enquête menée dans des camps de réfugié-es rwandais-es à l’aide de l’outil d’évaluation des violences sexistes du groupe de travail interagences a spécifiquement interrogé les participantes sur les violences qui s’étaient produites avant puis après l’arrivée dans le camp (Wako, 2015). Une autre manière de reconstituer la succession des événements consistait à montrer aux participantes des calendriers communautaires détaillés, afin de les aider à se remémorer le moment exact où se sont produits des cas de violences, par rapport à des événements communautaires mémorables (p. ex. l’élection d'un chef, une sécheresse ou catastrophe naturelle, etc.). Par exemple, Ager et al. (2010) ont fait appel à des groupes de discussion semi-structurés pour reconstituer la chronologie locale d’événements agricoles, cérémonieux, politiques et notables (jugés ainsi par une majorité des membres des groupes de discussion) avant de réaliser des entretiens individuels avec les filles victimes du conflit. La chronologie mise au point a permis de discuter du moment de survenue d’événements négatifs, et de leur réintégration dans leur communauté dans la Sierra Leone de l’après-conflit. De même, Rowley (2010) a élaboré des calendriers communautaires indiquant des événements historiques et militaires locaux (p. ex. l’ouverture d'une école) pour faciliter la remémoration d’épisodes de violences pendant l'étude.



[1] GWI et OMS. 3-4 fév. 2015. Réaliser des enquêtes de population sur les violences sexistes dans les contextes de conflit et d’aide humanitaire. Réunion d'un groupe d’experts. Washington DC.

[2] Ibid.