Il est possible de mener à bien des activités de recherche et de S&E durant n’importe quelle phase d'une crise, mais les différentes phases d'un conflit peuvent nécessiter des formes de collecte de données différentes. Ayez toujours à l’esprit la phase dans laquelle se trouve la crise, car les considérations de sécurité et l’urgence des services de survie font que les activités de collecte de données de masse ne sont pas toujours réalisables.
Extrême urgence – On parle d’extrême urgence lorsqu’un conflit s’enflamme, et s’accompagne d’une guerre civile active et de déplacements de personnes incessants. En cas d’extrême urgence, les services les plus cruciaux pour la communauté dans l’après-conflit sont les services d’assistance immédiate vitale. Les activités de recherche de nature générale ne sont pas forcément les plus adaptées ; en revanche, il est possible de réaliser des évaluations rapides et de recueillir des données de S&E courantes, en mettant l’accent sur les réalisations et les données fournies par les services.
Crise prolongée – Bien qu’une crise prolongée reste une urgence, ce terme renvoie à une phase plus stable et prévisible pour les personnes vivant dans des camps de réfugié-es et de déplacé-es internes. La population n’est pas forcément menacée directement par un conflit armé, mais elle subit sans doute les effets indirects de la crise (déplacements, pénurie de ressources et de services d’État fonctionnels, manque d'infrastructures, prolifération des armes, etc.). « À ces conditions peuvent se rajouter d’autres conditions comme la famine, amenant ainsi à une situation d'urgence complexe » (The Global Women’s Institute, 2018). Dans ce contexte, les activités de recherche telles que les enquêtes transversales (dont, s'il y a lieu, des études de prévalence) ou la collecte de données qualitatives sont envisageables ; les activités d’évaluation des effets peuvent se révéler utiles ; et il est possible de créer un système solide de S&E qui va permettre de recueillir des données sur les réalisations et les résultats.
Après-conflit – Dans l’après-conflit, de nombreuses insécurités et menaces continuent de peser sur les personnes victimes du conflit. Bon nombre d’entre elles réinvestissent les zones qu’elles avaient fuies, où il se peut qu'il n’y ait plus ni infrastructures, ni services. Ces communautés sont susceptibles d’être ébranlées par des chocs épisodiques comme des conflits de moindre ampleur, une hyperinflation associée à une instabilité économique, et des épidémies. Les mêmes activités de recherche peuvent être menées lors de cette phase que lors d'une crise prolongée (activités d’évaluation des effets, enquêtes transversales et collecte de données courantes de S&E).
Ces différentes phases d'une crise ne se succèdent pas toujours de façon linéaire : souvent, elles se répètent de manière cyclique. Différentes phases peuvent survenir en parallèle dans différentes régions d'un pays, et un conflit aigu peut se transformer en crise prolongée puis en après-conflit avant de redevenir un conflit aigu. Pensez donc bien à vous demander si la phase dans laquelle se trouve une crise risque de nuire à votre capacité à garantir la sécurité et la sûreté des personnes interrogées et de l’équipe de collecte de données : c’est votre plus grande priorité. Les considérations éthiques s’appliquant aux études sur les VEFF seront examinées en détail plus loin. Le tableau ci-dessous présente les différents types de recherche et de S&E possibles lors des différentes étapes d’une crise.
The Global Women’s Institute. 2018. Recherche, suivi et évaluation des violences sexistes auprès des réfugié·es et des populations victimes de conflits : un manuel et une boîte à outils à destination des chercheur-euses et des travailleur-euses humanitaires. Page 20.