Les services d’hébergement les plus couramment offerts aux victimes de la violence familiale consistent à :
- répondre aux besoins sécuritaires particuliers des femmes et de leurs enfants tels que définis à leur arrivée par une évaluation des risques et un plan de sécurité détaillés
- fournir un hébergement et une programmation pour les enfants qui accompagnent leurs mères, quels que soient leur âge et sexe. Cela peut également comprendre la fourniture d’un logement privatif et autres options d’hébergement si le logement d’enfants plus âgés ou de garçons dans le centre d’hébergement pose problème. Voir services pour femmes avec enfants.
- coopérer avec des représentants de l’application de la loi et des autorités judiciaires pour que les femmes puissent obtenir des ordonnances de protection, des programmes de visite surveillée, parmi d’autres mesures juridiques visant à les protéger physiquement et leurs enfants.
- aider les femmes avec des opportunités d’emploi et des soutiens financier et au logement, selon que de besoin.
- Soutenir les femmes dans leurs décisions concernant le type de support qu’elles choisissent de rechercher, en conformité avec les principes des approches axées sur les victimes de la violence et l’autonomisation.
Étude de cas: Oranje Huis (Pays-Bas)
Blijf Groep, centre d’hébergement hollandais pour femmes situé à Noord-Holland et à Flevoland (Pays-Bas) s’intéresse aux questions de violence familiale depuis une quarantaine d’années et propose divers services. Blijf Groep comprend deux centres d’hébergement provisoire pour femmes en situation de crise due à la violence familiale, qui sont reliés à cinq autres abris où celles-ci peuvent séjourner jusqu’à six à neuf mois. Les enjeux relevés au cours des années ont porté sur des questions telles que: comment trouver des moyens plus efficaces pour traiter la violence familiale, comment prévenir la répétition des cycles de violence. Les mêmes femmes se présentaient dans les abris et on s’est demandé s’il ne valait pas mieux de les contacter plus tôt pour minimiser les dégâts à long terme.
En 1998 Blijf Groep a mis en place des Centres de soutien aux victimes de la violence familiale dans plusieurs villes, qui fournissent des services aux survivantes de la violence domestique qui n’ont pas forcément besoin d’un abri. Des femmes comme des hommes peuvent se rendre dans ces centres de soutien pour y solliciter une aide individuelle ou pour des séances de consultation avec leurs partenaires, ainsi que des renseignements et des conseils. C’est dans ces centres de soutien que les travailleurs sociaux ont été en contact direct pour la première fois avec les agresseurs, le plus souvent le mari ou le petit ami de la femme qui sollicite une aide.
Le programme pilote Oranje Huis (Maison orange) a été élaboré de 2008 à la mi-2011, en coopération avec le ministère de la Santé, du Bien-être et des Sports, principalement pour formuler une nouvelle approche de l’hébergement des femmes. Cela fait suite à la réalisation d’une étude en 2006 qui indiquait qu’il serait possible d’apporter des améliorations à la situation des femmes et des hommes qui souhaitaient mettre fin à la violence sans pour autant mettre fin à la relation. L’initiative a révélé des résultats positifs et a été conçue en fonction des expériences en matière d’hébergement et des leçons tirées de la collaboration avec la victime et l’agresseur, qui ont été confirmées par la recherche, les connaissances académiques et les expériences internationales en matière de violence familiale, une enquête menée auprès des foyers d’hébergement au Pays-Bas, et des documents sur la violence à l’égard des enfants, la transmission intergénérationnelle de la violence et le rôle parental et le métier de parents.
Résultats
- La recherche indique que les femmes se sentent en sécurité dans la Orange Huis bien que l’abri ne se trouve pas dans un endroit secret.
- Après un séjour dans un abri traditionnel, 40% environ des femmes retournent avec leur conjoint. À Orange Huis, cela ne se produit que dans 19% des cas.
- Même si des recherches supplémentaires sont nécessaires, il semblerait que le Programme pour les familles aident les femmes à avoir des attentes réalistes. Étant donné que l’agresseur est directement impliqué dans l’élaboration du plan familial, la cliente doit composer avec les avantages et inconvénients de sa relation. Cela la rend plus réaliste quant aux possibilités de changement.
- L’approche utilisée par le programme familial peut déboucher plus directement sur des progrès dans l’évolution du cycle de la violence familiale. Aucune cliente n’a jamais quitté l’abri sans un plan de sécurité pour elle et ses enfants.
Lire l'étude de cas complète.
Source: Margje de Jong for Blijf Groep.
Violence sexuelle
Malgré le peu d’abris spécialisés pour les victimes de la violence sexuelle, les femmes et les filles pourraient avoir besoin d’un soutien à l’hébergement dans des circonstances diverses. Il pourrait s’agir, par exemple, de situations où leur sécurité physique ne peut être assurée ou où elles risquent d’être confrontées en permanence à l’agresseur, où elles ont été rejetées par leurs familles ou communauté (particulièrement à propos pour les jeunes femmes et filles), où les traumatismes engendrés par l’expérience vécue ont affaibli leur capacité de gérer leur foyer, de garder un emploi ou de vivre de façon autonome, et où elles nécessitent un soutien qui va au-delà des moyens disponibles chez elles pour obtenir réparation ou se remettre de leur expérience.
Des victimes sans-abris de la violence pourraient également chercher refuge dans un abri et s’exposer à un danger accru de violence sexuelle en raison de facteurs tels que leurs comportements à haut risque pour survivre, leur crainte des symboles d’autorité et la peur de rapporter des faits, l’insécurité des espaces de repos (refuges pour sans-abris, la rue, etc.) et les obstacles institutionnels liés à l’obtention de services (par ex. capacité d’hébergement limité ou absence de services pour les victimes d’agressions sexuelles) (Victim Rights Law Center, Presentation à la deuxième Conférence mondiale des maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence, 2012).
Outre la protection et les soutiens généralement accordés dans les abris aux femmes victimes de la violence familiale, il faudrait prévoir la fourniture de services spécifiques offerts parallèlement à l’hébergement des femmes qui ont subi des agressions sexuelles ou un viol, comme:
- des services de santé adaptés et opportuns (ex. examens médico-légaux, prophylaxie post-exposition).
- des services de conseil adaptés aux victimes d’agressions sexuelles.
- une information et un soutien pour obtenir un assistance juridique, des services de protection et autres services psychosociaux (Commission inter-américaine des droits de l’homme, 2011).
Exemple:
Medica Zenica est une organisation de femmes non-gouvernementale fondée en Bosnie en 1993 pour contrer les effets du viol systématique contre les femmes bosniaques pendant la guerre. L'objectif principal de l'organisation est de fournir un abri, un soutien psychosocial et des conseils thérapeutiques aux victimes de viol et de traumatisme. Le modèle de service comprend la fourniture d'un soutien holistique pour les femmes et les filles à travers:
Soins de santé primaires;
Médecine de proximité dans les zones reculées du pays;
Shelter;
Thérapie et soutien psychologique;
L'assistance juridique;
Support hotline téléphonique d'urgence;
La formation professionnelle et de services de formation professionnelle;
Suivi de l'existence de diverses formes de violence contre les femmes (c. domestique
violence, les agressions sexuelles, la traite et le harcèlement sexuel), et l'analyse des besoins en matière de services appropriés;
La participation à des programmes communautaires de prévention et de répression de la violence, y compris la création d'un réseau local de services pour les survivants, et l'élaboration de protocoles de gestion des cas dans tous les secteurs;
Offrant des programmes éducatifs pour les professionnels, y compris l'application des lois et des professionnels de la justice pénale, et la formation en transformation de conflit non-violent et de la réconciliation, et
Recherche et de plaidoyer afin de promouvoir le droit des femmes de vivre libres de violence et d'élaborer des politiques qui protègent les droits des femmes victimes de viol liées aux conflits (Secrétariat de l'OSCE, 2009).
Source: Site Web de Medica Zenica. Safe House