Les services aux adolescents et aux filles sont particulièrement importants étant donné les facteurs de risque qui touchent beaucoup de jeunes femmes dans les communautés de toutes les régions du monde, comme un niveau plus faible d’études secondaires, une mobilité réduite, un manque de documents d’identification, un accès restreint aux services de protection, l’isolement social et un nombre limité de réseaux de soutien et de relations.
Outre la fourniture d’un hébergement aux filles et aux jeunes femmes qui accompagnent leurs mères qui sollicitent un soutien, les foyers d’accueil devraient fournir des services spécialisés aux adolescents et aux filles qui ont été ou risquent d’être victimes de la violence. Une telle programmation explicite est indispensable pour répondre aux besoins et situations particuliers des jeunes survivantes qui se heurtent souvent à des obstacles supplémentaires dans leur recherche d’une aide, liés à leur âge et dépendance des adultes (qui peuvent aussi être les auteurs de la violence) de point de vue financier et sécuritaire.
La fourniture de services aux adolescents doit prendre en considération les principaux points suivants:
- Les services doivent être orientés par des jeunes femmes, étant donné que les besoins perçus par les prestataires de services et nécessaires aux femmes qui sollicitent une aide risquent de ne pas être identiques aux priorités désignées par les adolescents. Ainsi, l’éducation, les relations familiales, la santé reproductive et autres préoccupations peuvent s’avérer tout aussi importants de traiter que la violence.
- La collaboration entre foyers d’hébergement, autres défenseurs des causes des femmes / travailleurs sociaux professionnels, organismes concernés de protection de l’enfance, enseignants et organisations de services aux jeunes est essentielle au travail avec des adolescents. Celle-ci est particulièrement importante pour permettre aux services d’accueil d’héberger et d’offrir légalement une protection aux filles considérées comme mineures, qui risqueraient autrement d’être renvoyées dans leurs familles ou communautés pour y être exposées de nouveau à leur agresseur ou à un milieu violent. Voir l’Initiative Tasaru Ntomonok comme exemple d’un partenariat avec des agents de la protection de l’enfance pour accueillir des filles exposées à un mariage forcé et à la mutilation génitale féminine.
- Les défenseurs des foyers d’hébergement devraient connaître leurs responsabilités juridiques relatives à la notification obligatoire et à la législation en matière de confidentialité et informer les adolescents et les filles de leurs obligations au départ de l’intervention (c’est-à-d. lorsqu’on sollicite leur consentement pour tout service fourni), afin de s’assurer qu’elles ont bien compris comment l’information sera traitée avant de divulguer leur expérience en matière de violence. Même là où le personnel est tenu de rapporter les cas de violence aux autorités de protection de l’enfance ou à d’autres autorités, les services d’hébergement devraient fournir toutes les informations disponibles sur les ressources de soutien aux jeunes survivants, pour leur permettre d’accéder, au besoin, aux services appropriés.
- Des politiques spécifiques en matière de consentement (par ex. pour les filles de plus de 12 ans) devraient être élaborées pour forunir des services aux jeunes femmes qui cherchent une aide, rédigées dans un langage et assorties de protocoles connexes permettant d’obtenir le consentement le mieux adapté à l’âge et au stade de développement de la fille.
- Dans la mesure du possible et s’il y a lieu (sauf si le membre de la communauté ou de la famille est l’auteur de violence), il faudra solliciter et intégrer la participation de la communauté et de la famille. Dans de nombreuses régions, les filles doivent rentrer dans leurs familles, et l’engagement des foyers d’hébergement auprès des autorités locales et des familles (en matière de sensibilisation et de soutien de suivi) est essentiel pour offrir une protection et assurer la sécurité continue des filles après leur réintégration dans la communauté. Voir pour exemple le travail de Casa Nova en Honduras.
- Afin de faciliter la transition d’une jeune fille vers sa réintégration dans la communauté, les services de sensibilisation des foyers d’accueil devraient s’attaquer aux causes plus profondes de la violence liée à l’inégalité et à la discrimination fondées sur le sexe et à la réduction de la stigmatisation des survivantes, et s’attacher à promouvoir la prise de conscience de l’importance de relations saines. Ces efforts devraient notamment impliquer des membres des familles, des responsables communautaires et des jeunes hommes.
- Lorsque la réintégration dans la famille ou la communauté ne peut pas se faire en toute sécurité, les filles pourraient être mises en contact avec des familles d’accueil, qui devraient être sélectionnées avec soin et mises en rapport avec le foyer d’hébergement et/ou des organismes locaux de protection de l’enfance. Pour des adolescentes plus âgées et des jeunes femmes fuyant le mariage forcé ou la violence liée à l’honneur, un logement communautaire bénéficiant de l’encadrement et de l’assistance de travailleurs sociaux ou d’autre spécialiste de la protection pourrait constituer une solution adéquate pour une transition sécuritaire vers une vie indépendante.
- Les programmes pour adolescentes pourraient faire intervenir des services hors établissement pour les jeunes femmes qui sollicitent une aide, mais ne peuvent pas ou choisissent de ne pas quitter leur maison. Ces services sont particulièrement adaptés aux milieux à faibles ressources, où il n’est pas toujours possible de réserver un hébergement adapté aux adolescentes. Les services communautaires pour adolescentes devraient être également orientés et guidés par les besoins qu’elles expriment, malgré leur jeune âge ou statut juridique de mineures. De cette façon, les interventions susciteront efficacement la participation des adolescentes et renforceront leur autonomisation et leurs atouts pour surmonter la violence.
- Les abris pour mineures devraient prévoir un soutien financier suffisant pour maintenir les programmes qui pourraient avoir des coûts d’exploitation plus élevés pour répondre aux besoins de base récurrents de leurs résidentes (nourriture, habillement et hygiène personnelle, éducation, etc.), du fait que les filles pourraient, le cas échéant, ne pas avoir droit aux prestations sociales ou à un soutien financier de l’État (Goll and Schaak, 2012; Orozco, 2012; Teen Dating Violence Technical Assistance Center, 2008).
Exemples:
Au Libéria, les refuges dédiés pour fille survivants ont été établis à la suite du conflit. Le centre de crise du Libéria pour les femmes et enfants victimes de violence, créé en 2003, prend en charge environ 25 filles entre 14 et 24 ans. Cibler les filles avec une plus grande vulnérabilité, la maison en toute sécurité accueillir les ex-combattants, les survivants de la traite ou des filles exploitées pour le commerce du sexe qui sont les abandons scolaires ou avoir seulement une éducation de niveau primaire. Les filles sont transportés à l'emplacement de l'abri non divulguée en utilisant des véhicules banalisés pour assurer leur sécurité et s'engager à y rester pendant 9 mois, ou la durée de l'année scolaire. Le logement est accompagné par des groupes de soutien, les loisirs / sports, vie économique la formation professionnelle, l'emploi et le soutien de l'alphabétisation. Aide au logement à long terme et les aides au logement sont fournis lorsque cela est possible, ainsi que l'aide d'urgence en espèces pour les filles pour fuir la violence et l'assistance de protection des témoins, tout en cherchant un refuge d'urgence. Pour élargir l'accès aux services pour les jeunes survivants étant donné l'espace limité à l'intérieur de son logement, le Centre de crise du Liberia a également soutenu un réseau de femmes dans 35 équipes alerte communautaires visant à fournir un soutien et des références de consultation immédiate aux survivants dans les zones rurales. pour (Goll et Schaak, 2012)
Au Zimbabwe, le Réseau du Girl Child a établi des filles Chitsoso Empowerment Village. Voir l'étude de cas.
En Tanzanie, l'organisation à but non lucratif KIWOHEDE: Kiota santé des femmes et de l'Organisation de développement fournit survivants d'abus sexuels sur des enfants et des victimes de la traite des abris, des services de santé physique et mentale, la formation professionnelle et l'orientation à l'aide juridique. L'organisation a atteint près de 40.000 jeunes filles à partir de 2010 grâce à l'exploitation de ses 22 centres dans 10 districts.
Outils:
In Their Shoes: Teens and Dating Violence (Washington State Coalition against Domestic Violence). Ce manuel est un outil de formation pour les enseignants, conseillers, animateurs de groupes de jeunes, fonctionnaires de police ou parents qui travaillent avec des adolescents, fondé sur le contexte américain. Les participants en apprennent sur la violence intime par des scénarios simulés qui mettent en scène des personnages adolescents qui appellent l’attention aux problèmes liés aux sextos, à la grossesse, a l’homophobie et au harcèlement, et aux expériences des adolescents qui recherchent une aide auprès de leurs partenaires, familles, amis et autorités. Disponible en anglais.
A Young People’s Toolkit On Issues Connected To Gender-Based Violence: Raising Awareness On Roles & Responsibilities In Relationships (Carter, Hilton, Kuthea, Mostafa, Solinda et Vibol pour la Coopération technique allemande et le ministère cambodgien des Affaires féminines, 2010). Cette trousse d’information est une ressource pour les facilitateurs et professionnels travaillant avec des jeunes âgés de 15 à 25 ans. Elle comprend des ressources et activités visant à sensibiliser les jeunes aux questions liées à la violence sexiste, en particulier les droits de l’enfant, la culture, les inégalités entre les sexes, les relations sexuelles, la violence et l’exploitation sexuelles, les relations familiales et la violence domestique, la consommation d’alcool et de drogue. Chaque chapitre couvre un thème différent et contient une explication du sujet, assortie de directives par étape pour faciliter les activités de groupe avec des jeunes. Le manuel comprend des orientations pour 56 activités et s’accompagne de matériels audiovisuels (affiches, CD, DVD). Disponbile en anglais et khmer.
Runaway and Homeless Youth and Relationship Violence Toolkit (National Resource Center on Domestic Violence and the Family Violence Prevention and Services Program of Health and Human Services, 2010). Cette ressource a été réalisée par et pour les défenseurs des jeunes fugueurs et sans-abri, et des victimes de la violence familiale et des agressions sexuelles pour aider les programmes à forger des partenariats et à améliorer les services et stratégies de prévention s’adressant aux jeunes à risque, fondée sur le contexte américain. Disponible en anglais.
Donner aux jeunes femmes le pouvoir d’initier le changement: Manuel de formation (World YWCA avec le concours du FNUAP, 2006). Ce manuel de formation est destiné aux jeunes femmes à travers le monde pour perfectionner leurs capacités de sensibilisation, de facilitation et de mobilisation sur les grands problèmes. Les questions énumérées dans le manuel comprennent le VIH et le sida, la santé sexuelle et reproductive, l’estime de soi et la perception du corps, la violence envers les femmes, les droits humains, la justice économique et la paix. Le manuel comporte sept activités d’atelier et des notes de facilitation visant spécifiquement la violence envers les femmes. Disponbile en anglais, français et espagnol.
Enabling Adolescents to Build Life Skills Part I: Understanding Concepts, Evolving Strategies, and Part II: Needs Assessment, Conceptual Framework (Mridula Seth pour le FNUAP). Cet outil d’évaluation s’adresse au personnel de programme et aux chercheurs qui travaillent avec des adolescents. La ressource se compose de deux parties: la première donne un aperçu des différentes aptitudes nécessaires aux jeunes pour perfectionner leurs compétences vitales; la seconde offre des indications pour la réalisation d’une évaluation des besoins des adolescents axée sur la santé reproductive. Disponible en anglais.
Young Relationships Manual: A Group Approach with Adolescents for the Prevention of Women Abuse and the Promotion of Healthy Relationships (Wolfe, Wekerle, Gough, et al., 1996). Ce manuel est destiné aux facilitateurs qui travaillent avec des adolescents de 14 à 17 ans ayant subi des violences en milieu familial. Le manuel propose un programme de 18 séances qui fournit des informations, des exercices de renforcement des compétences et des activités communautaires liées à la communication, à la résolution des conflits, aux comportements acceptables dans les fréquentations et l’interaction personnelle, et à la mise en pratique de ces compétences. Les séances abordent la question du pouvoir et de la violence dans les relations, le viol commis par une connaissance, le sexisme, les médias et le sexisme, et les stratégies de lutte contre le sexisme et la violence envers les femmes. Le manuel comporte des exercices, des reproductions de prospectus, des formulaires, et des techniques de formation de groupe. Disponible à l’achat en anglais.
Voir d’autres outils de mobilisation d’Adolescents/Jeunes.