La prise en charge individuelle et l’aide à l’orientation des femmes qui séjournent dans les abris ou viennent de les quitter sont très prometteurs et permettent d’améliorer l’état physique et psychosocial des femmes, en les encourageant à adopter un comportement plus sécuritaire et en réduisant leurs symptômes de détresse psychologique et de dépression (Feder at al., 2009, d’après Sullivan,1991; Sullivan & Davidson, 1991; Sullivan et al.,1992; Sullivan & Bybee, 1999; Bybee & Sullivan, 2002 et 2005).
Des contacts plus fréquents et plus suivis avec des survivantes de la violence peuvent renforcer l’impact du plaidoyer sur la sécurité des femmes et de leurs enfants, en particulier lorsque les interventions facilitent l’établissement de liens avec des services concertées (Howarth et al., 2009).
La recherche menée dans des pays développés sur l’évaluation de certaines interventions du système de justice pénale en réponse à la violence familiale indique que:
- La capacité des femmes à s’interfacer efficacement avec le système de justice pénale est fonction d’un certain nombre de facteurs individuels, relationnels et systémiques (ex. état de santé mentale de la survivante de la violence, notamment syndrome de stress post-traumatique; disponibilité des services d’assistance sociale; et expériences précédentes avec la police), qui déterminent si les femmes réclament des ordonnances de protection ou des poursuites contre l’agresseur (Jordan, 2004).
- Les femmes se montreraient légèrement plus disposées à signaler des incidents à la police si ceux-ci font l’objet d’un deuxième effort ou effort de suivi, sous la forme d’une intervention de la police ou d’une équipe de spécialistes en violence familiale auprès d’une famille à la suite d’un premier appel pour violence familiale, même si une telle intervention n’a pas d’effet probable sur la répétition d’incidents de cette nature (Davis et al., 2008).
- Les ordonnances de protection ont donné des résultats mitigés, même s’il semblerait que les ordonnances de protection permanente soient plus efficaces pour réduire le nombre de futurs incidents violents que les ordonnances temporaires et que, même dans les cas de violation des ordonnances, les femmes qui en sont munies subissent moins d’incidents de cette nature. L’impact précis varie selon le cadre et le contexte (Benitz et al., 2010; Holt et al., 2002; Logan & Walker, 2010; et Logan et al., 2005).
- De nouvelles interventions prometteuses comprennent la défense juridique des droits des femmes maltraitées et la création de tribunaux spécialisés dans la violence familiale (Cook et al., 2004; Bell et Goodman, 2001; Cattaneo et al., 2009).
Voir le module intégral consacré au Secteur de la justice.
L’aide économique et l’aide au logement influencent fortement la capacité des femmes à mettre un terme à la violence dans leurs vies. Les variables du revenu se sont révélées l’indicateur le plus fiable des décisions des femmes de rester ou de quitter une relation violente, qui peuvent également être influencées par des facteurs sociétaux et des décisions politiques qui encouragent ou marginalisent les survivantes. L’obtention d’un logement abordable est souvent la priorité absolue des femmes qui quittent un abri, même si les politiques générales ne sont pas adaptées aux situations particulières des survivantes de la violence. L’aide à un logement sûr et abordable peut contribuer au bien-être des femmes, de la même manière que l’aide apportée aux femmes par les foyers d’hébergement (Anderson & Saunders, 2003; Ham-Rowbottom et al., 2005; Howarth et al., 2009; Baker et al., 2009; Baker et al., 2010; Eby, 2004; Niolon et al., 2009; Staggs et al., 2007; Morrow et al. 2004).
Les foyers d’hébergement jouent un rôle décisif dans l’élaboration et la gestion des mécanismes d’interventions concertées pour les survivantes, même s’il n’existe que peu de données relatives à l’incidence particulière des abris (distincte de celle des spécialistes en violence familiale) sur ces mécanismes. Ainsi, des défenseurs des centres d’hébergement participent à l’élaboration de modèles d’interventions concertées, comme la Conférence interinstitutions d’évaluation des risques (MARAC) du Royaume-Uni, qui évalue et répond aux besoins des victimes à haut risque de violence familiale, et qui a révélé des contributions positives à l’amélioration des taux de revictimisation, la satisfaction des participants, l’efficacité du traitement des cas et autres résultats des processus. S’il est vrai que les foyers d’accueil doivent s’engager dans les mécanismes d’interventions concertées, l’efficacité des modèles de concertation risque de varier en raison de la diversité des structures et de leur gestion. Voir l’intégralité de l’étude de cas sur la MARAC (Klevens et al., 2008; Robinson & Tregidga, 2007; Robinson, 2006; Robinson, 2004). Voir des indications plus détaillées sur les interventions concertées.