La recherche sur les questions sociales doit respecter les principes éthiques pour éviter de nuire. Cet impératif est encore plus grand lorsque l’on travaille avec les survivantes de violences, qui peuvent être exposées à des risques particuliers de sécurité ou à un stress psychologique extrême lors des interviews, ainsi qu’avec les enfants; ces deux groupes, du fait de leur vulnérabilité particulière, exigent une protection supplémentaire. Voir aussi la section du présent module Respect de l’éthique dans les activités de campagne.
Principes clés en matière de sécurité et d’éthique
L’Organisation mondiale de la santé, dans ses Principes d’éthique et de sécurité..., 2007), émet un certain nombre de recommandations (résumées et adaptées ci-après) portant sur la recherche concernant la violence sexuelle. Reposant sur les principes universels relatifs à l’éthique et à la sécurité, elles peuvent être appliquées et doivent être respectées dans toute recherche sur la violence à l’égard des femmes :
- Les avantages procurés aux enquêté(e)s ou aux communautés par la documentation de la violence doivent être plus grands que les risques que cette documentation leur fait courir.
- Le recueil de l’information et la documentation doivent être menés d’une manière qui présente le minimum de risques pour les enquêté(e)s, selon une méthode solide, fondée sur l’expérience et les bonnes pratiques actuelles.
- Il faut pouvoir compter sur place sur des soins et un appui de base pour les survivant(e)s/victimes avant de commencer toute activité amenant des personnes à dévoiler des informations sur leur expérience.
- La sécurité et la sûreté de toutes les personnes qui participent à la collecte d’informations étant primordiale, il faut y veiller en permanence, dans les situations d’urgence en particulier.
- Il faut protéger à tout moment la confidentialité due aux personnes qui donnent des informations sur la violence.
- Il faut que quiconque fournit des informations sur la violence donne son consentement éclairé avant de participer à la collecte des données.
- Il faut que tous les membres de l’équipe de collecte des données soient sélectionnés avec soin et reçoivent la formation spécialisée voulue en suffisance, ainsi qu’un soutien permanent.
Des précautions supplémentaires doivent être prises lorsque l’on recueille des informations auprès d’enfants [personnes de moins de 18 ans]. Il faut impérativement s’efforcer, dans toute la mesure du possible, de prévoir les conséquences néfastes possibles, pour les éviter ou les minimiser :
- Il faut rechercher des conseils auprès d’experts lors du recueil d’information auprès d’enfants ou d’activités impliquant des enfants, ainsi qu’auprès de gens qui connaissent la culture et le contexte dans lequel l’enquête sera effectuée.
- On puisera au corpus émergent d’ouvrages théoriques et d’expériences pratiques concernant les façons optimales de travailler avec les enfants et les jeunes. Il y a en la matière de nombreuses possibilités novatrices et conviviales, dont il convient de s’inspirer. On pourra, par exemple, faire appel aux bandes dessinées. L’illustré de Raising Voices Has it Happened to You? [Cela t’est-il arrivé ?] parle de la violence à l’égard des enfants et présente des formes communes d’actes de violence qui peuvent être commis et de conduites que peuvent adopter les enfants touchés par la violence. Un autre illustré, d’Amnesty International celui-là, intitulé Breaking Barriers: Safe Schools: Every Girl’s Right [Surmonter les obstacles : Écoles sans danger, un droit pour toutes les filles] raconte l’histoire d’une écolière qui est parvenue à obtenir et à organiser l’appui de ses camarades de classe pour mettre fin à la violence à l’égard des filles dans leur école.
- On consultera des membres de la communauté, parents, tuteurs et fournisseurs de soins pour prévoir toutes les conséquences possibles pour les enfants associés au processus de recueil d’information et pour y parer.
- On indiquera aux enfants, ainsi qu’à leurs parents ou tuteurs, l’existence de services et de mécanismes de protection disponibles.
- Il faut être prêt à faire face à des problèmes et à répondre à des besoins très sérieux et très complexes.
Le guide de l’OMS/Path Researching Violence against Women [Recherches sur la violence à l’égard des femmes] (Ellsberg & Heise, 2005) donne des conseils détaillés sur la façon de mener des recherches efficaces et conformes à l’éthique. Outre les principes énoncés ci-dessus, il signale que la recherche communautaire est une intervention dans la vie des populations locales et qu’il faut donc prendre toutes les mesures possibles pour tirer un bénéfice maximal de la recherche pour les gens qui y ont participé au niveau local et pour éviter des conséquences néfastes supplémentaires.