- Le concept de handicap englobe une multitude de situations, présentant des vulnérabilités et des besoins divers. Lorsque l’on détermine les risques de violence auxquels sont exposées les femmes et les filles handicapées et que l’on s’efforce de les réduire, il est important de tenir compte des dives types de handicaps (selon qu’il s’agit d’incapacités sensorielles, physiques, psychiatriques, cognitives, etc.) ainsi que des divers types de violence, et de formuler les recherches et les programmes en conséquence.
- En général, toutefois, et abstraction faite du type de handicap, les prestataires de soins de santé devraient comprendre, au moins, que les femmes et les filles handicapées peuvent courir autant de risques de violence voire plus que les femmes et les filles non handicapées, en raison des questions de puissance et de contrôle. Pour aider ces femmes et ces filles, les programmes de santé devraient formuler des politiques spécifiques s’appliquant au travail avec elles et les prestataires de soins devraient recevoir une formation spécialisée. Les établissements de santé devraient également envisager d’appliquer les stratégies suivantes :
- Mener des activités de diffusion communautaire : Les femmes et les filles handicapées peuvent se heurter à des difficultés pour accéder aux traitements en raison de leur isolement chez elles ou dans des institutions; dans certains cas aussi, elles peuvent n’avoir que des connaissances limitées concernant leur corps et la santé sexuelle et reproductive, ce qui les empêche de comprendre l’importance des soins et traitements. Le système de santé doit formuler des stratégies pour atteindre les femmes et les filles porteuses de différents handicaps et veiller à ce qu’elles aient accès aux services.
- Améliorer l’infrastructure physique pour que les locaux soient adaptés aux besoins des femmes et des filles handicapées : Il pourra s’agir de fournir des fauteuils roulants et d’assurer l’accès aux personnes en fauteuil roulant, de fournir des interprètes pour les malentendants, du matériel d’examen conçu en tenant compte du confort des personnes handicapées, etc. Les établissements de santé peuvent se mettre en rapport avec les organisations locales s’occupant de personnes handicapées pour déterminer quels autres aménagements seraient à envisager.
- Reconnaître les vulnérabilités particulières à la violence que peuvent présenter les femmes et les filles handicapées
- Établir des protocoles de dépistage qui tiennent compte des tactiques particulières des actes de maltraitance envers les femmes et les filles handicapées, comprenant notamment la manipulation des médicaments, l’exploitation financière, la destruction des appareils et accessoires fonctionnels ou la privation de tels appareils, la négligence ou le refus d’aider les personnes pour leurs soins d’hygiène personnelle et la maltraitance axée spécifiquement sur le handicap de la victime (Hoog, 2003).
- Veiller à ce que le dépistage de la violence à l’égard des femmes et des filles ait lieu dans le cadre d’une interview initiale privée, si possible sans les aides-soignants. Certains de ceux-ci sont en effet auteurs de violences envers les femmes et filles handicapées, qu’ils soient des membres de la famille, du personnel institutionnel ou des prestataires de services à domicile. Les femmes et les filles handicapées dépendent souvent de leurs aides-soignants pour leur survie et leur existence quotidienne, de sorte qu’il est très difficiles pour elles de se soustraire à des situations de violence (Hoog, 2003)
Dépistage de la violence domestique chez les femmes handicapées
Principaux points à considérer :
- Établir des questions de dépistage qui aideront les défenseurs à déterminer les obstacles auxquels les femmes se sont heurtées ou les appréhensions qu’elles peuvent avoir pour recourir à des services de lutte contre la violence domestique.
- Établir des questions de dépistage qui permettront de déterminer les forces de la victime et sa capacité à comprendre en quoi son handicap modifie son expérience de la maltraitance et ses activités quotidiennes.
- Établir des questions de dépistage qui permettront de définir l’environnement matériel d’une situation de violence et la relation entre la victime et l’auteur des faits, pour savoir, par exemple, si la victime vit dans un foyer collectif ou une maison privée, si l’auteur des faits est un(e) aide-soignant(e) ou un tuteur/une tutrice de la victime.
- Établir des questions de dépistage qui aideront les défenseurs à déterminer les ressources auxquelles la victime peut avoir accès du fait de son handicap et si la victime s’inquiète d’un alignement possible du système d’appui avec l’auteur des violences ou d’un manque de confidentialité dans le système.
Exemples de questions de dépistage :
- Y a-t-il quelque chose que je devrais savoir sur vous pour pouvoir vous fournir les meilleurs services possibles ?
- Y a-t-il quelqu’un qui contrôle vos communications avec les autres ou qui modifie ce que vous essayez de dire ?
- Y a-t-il quelqu’un qui vous a pris ou qui a cassé quelque chose dont vous avez besoin pour être indépendante ? Par exemple, votre canne, votre ambulateur, votre fauteuil roulant, votre respirateur ou votre ATME ?
- Y a-t-il quelqu’un qui a le contrôle juridique de votre argent ou de vos décisions ? Que se passe-t-il si vous n’êtes pas d’accord avec ses décisions ?
- Y a-t-il quelqu’un qui vous empêcher d’utiliser les ressources et les appuis dont vous avez besoin pour être indépendante ? Par exemple, des ressources telles que des services de formation professionnelle, des aides-soignants, du personnel de soutien d’organismes d’aide aux handicapés, du personnel spécialisé pour les malvoyants, les malentendants, des lecteurs ou des interprètes ?
- Y a-t-il quelqu’un qui a refusé de vous donner vos médicaments, vous a empêchée de les prendre, ou vous en donné trop ou pas assez ?
- Avez-vous des problèmes de santé qui peuvent devenir graves s’ils sont négligés, tels que le diabète, l’épilepsie, des plaies, le cancer ou des maladies de cœur ?
- Si vous dépendez d’aides-soignant(e)s, se servent-ils/elles de votre besoin d’aide pour vous contrôler ? Y a-t-il des aides-soignant(e)s de remplacement à qui vous pouvez faire appel ?
Extrait de Hoog, C., 2003. "Model Protocol on Screening Practices for Domestic Violence Victims with Disabilities" [Protocole modèle sur les pratiques de dépistage pour les victimes de violence domestique porteuses de handicaps], p. 7, avec des informations de Curry, M.A et al., 2002. Development of An Abuse Screening Tool for Women with Disabilities [Élaboration d’un outil de dépistage des abus pour les femmes handicapées].
Exemple : Stratégie d’action SADA – Nouvelle-Galles-du-Sud. La stratégie d’action contre l’agression sexuelle dans les établissements résidentiels pour personnes handicapées et âgées (SADA - Sexual Assault in Disability and Aged Care Residential Settings), adoptée par l’organisation People With Disability Australia Incorporated, vise à déterminer les pratiques optimales pour prévenir les agressions sexuelles et y réagir. Elle a été lancée en 2005 par le Northern Sydney Sexual Assault Service, étant donné le grand nombre de personnes handicapées et âgées ayant été victimes d’agressions sexuelles qui s’adressaient à lui (People with Disability, 2007). En 2006, le Bureau des affaires féminines a accordé au projet un financement de deux ans pour lui permettre de poursuivre ses travaux. La stratégie d’action SADA a été établie après de nombreuses consultations avec des parties prenantes, des personnes porteuses de divers handicaps et âgées, du personnel des secteurs de soins gériatriques, de la police et de la lutte contre les agressions sexuelles pour réagir plus efficacement contre de telles agressions commises envers les personnes handicapées et âgées en milieu résidentiel. Les conclusions de ces consultations ont mis en évidence l’importance d’une reconnaissance de la sexualité des personnes handicapées ainsi que de leur vulnérabilité aux agressions sexuelles (People with Disability, 2007). Le projet a un site web contenant les outils et ressources actuellement disponibles pour les prestataires de soins aux personnes handicapées et âgées visant à guider la prévention des agressions sexuelles et les ripostes possibles. Dans sa prochaine phase, le projet utilisera à titre pilote un programme de formation pour le personnel soignant axé sur le dépistage des agressions sexuelles et les mesures appropriées à prendre face au problème.
Pour de plus amples informations, voir le site web.
Source : Extrait de Murray, S. & Powell, A., 2008. Sexual assault and adults with a disability: Enabling recognition, disclosure and a just response [L’agression sexuelle et les adultes handicapés : permettre la reconnaissance, la divulgation et une juste riposte]. Australian Centre for the Study of Sexual Assault, p.11.
Exemple : Planification familiale d’Australie. Dans la plupart des États et Territoires de l’Australie, les services de la Planification familiale offrent des activités d’éducation et de formation professionnelles ainsi que l’accès à des ressources et à des informations sur la sexualité et les relations pour les personnes handicapées, leurs parents/soignants et les professionnels intervenant dans le domaine du handicap. Ces activités comprennent des formations homologuées pour les professionnels du secteur du handicap, ainsi que des consultations et des séminaires sur l’élaboration de programmes d’éducation sexuelle pour personnes handicapées. La plupart des États disposent d’une bibliothèque de ressources sur le handicap où l’on peut emprunter ou acheter divers matériels et où l’on trouve des informations sur les services d’éducation sur la sexualité et les relations pour les personnes handicapées, leurs parents/ soignants et les professionnels du secteur du handicap. Les services de la Planification familiale dispensent également des cours individuels d’éducation sexuelle spécialisée pour les personnes handicapées. C’est ainsi que Family Planning Victoria (FPV) possède un « Service d’éducation et d’intervention en matière de sexualité » qui fournit des services d’éducation et d’intervention aux personnes qui, du fait de leur comportement, sont à risque de commettre des infractions sexuelles ou d’être exploitées sexuellement par manque de connaissances. FPV a élaboré un « Dossier de ressources sur les agressions sexuelles et le handicap intellectuel » à utiliser avec les victimes d’agression sexuelle porteuse d’un handicap intellectuel. La Planification familiale de la Nouvelle-Galles du Sud, avec le concours financier du Département des personnes âgées, handicapées et soignées à domicile de l’État, dispense un enseignement et une formation aux professionnels pour les aider à mieux identifier les comportements sexuels inappropriés et abusifs et y réagir.
Pour de plus amples informations, voir le site web.
Source : Extrait de Murray, S. & Powell, A., 2008. Sexual Assault and Adults with a Disability: Enabling Recognition, Disclosure and a Just Response [L’agression sexuelle et les adultes handicapés : permettre la reconnaissance, la divulgation et une juste riposte]. Australian Centre for the Study of Sexual Assault, pp.11 et 13.
Exemples de ressources :
Model Protocol on Screening Practices for Domestic Violence Victims with Disabilities [Protocole modèle relatif aux pratiques de dépistage pour les femmes handicapées victimes de violence domestique (Hoog, C., 2003). Disponible en anglais.
Le site web de Women with Disabilities Australia [Femmes handicapées Australie] a une section consacrée aux droits en matière de sexualité et de procréation, avec plusieurs ressources en rapport avec la violence. Disponible en anglais.
Violence against Women with Disabilities (USA) [La violence envers les femmes handicapées (USA)]. Ce site web propose de nombreuses ressources pour lutter contre le problème de la violence à l’égard des femmes handicapées. Disponible en anglais.
Le site du Center for Research on Women with Disabilities at Baylor College of Medicine contient un aperçu général de la violence domestique à l’égard des femmes handicapées ainsi que des matériels pédagogiques et autres ressources, notamment deux présentations PowerPoint : Gynecological Considerations in Treating Women with Physical Disabilities [Considérations gynécologiques dans le traitement des femmes handicapées physiques] et Improving the Health and Wellness of Women with Physical Disabilities--Clinical Perspectives [Amélioration de la santé et du bien-être des femmes handicapées physiques].
Sexual and Reproductive Health of Persons with Disabilities: Emerging UNFPA Issues [Santé sexuelle et reproductive des personnes handicapées : questions émergentes de l’UNFPA] (UNFPA, 2007). Disponible en anglais.