- La qualité des services peut se définir selon les différents paramètres présentés ci-dessous, dont l’interdépendance garantit la prestation globale de services de qualité. L’objectif premier reste la santé et le bien-être des victimes de la violence.
Équité |
L’équité doit être envisagée dans plusieurs domaines lors de la planification des services. L’équité géographique peut être réalisée par l’élaboration de programmes susceptibles d’améliorer graduellement la qualité des services de santé dans les cas d’agression sexuelle dans tout le pays. Ces services doivent être offerts équitablement à tous les groupes sociaux, notamment les groupes marginalisés qui courent souvent des risques plus graves d’agression sexuelle, comme les travailleurs du sexe ou les toxicomanes, dont les besoins de santé doivent être satisfaits sans peur de sanctions. L’équité exige aussi que des services soient fournis aux personnes incarcérées ainsi qu’au reste de la population. |
Efficacité |
Les services de santé efficaces répondent aux besoins médicaux et sociaux des victimes de violence sexuelle récente et passée. Ce type de services doit être géré judicieusement et les soins dispensés doivent être d’une haute qualité clinique. |
Efficience |
Les services efficients sont ceux qui répondent rapidement et de manière efficiente aux besoins des victimes de la violence. L’efficience des services de santé pâtit dans la plupart des pays de l’insuffisance qualitative des soins médicaux, qui débouche sur l’incapacité de soigner les maladies sexuellement transmises, de prévenir les grossesses, de répondre aux besoins en matière de santé mentale et de fournir des informations qui se révéleront utiles devant la justice. Il est essentiel d’exercer un suivi et évaluation attentif des services de santé pour assurer et renforcer la qualité des soins et garantir leur efficience. Il importe d’analyser soigneusement les résultats obtenus sur les plans judiciaire et médical, ainsi que l’organisation et les activités pour garantir leur optimisation. Les victimes/survivantes de la violence ont un rôle décisif à jouer dans l’évaluation des services, ainsi qu’il est noté dans la section Suivi et Évaluation. |
Accès |
Dans tous les pays où cette question a été examinée, il a été constaté que la majorité des victimes d’agressions sexuelles s’abstiennent de rapporter les faits à la police. L’idée que se fait le public des services de santé offerts aux victimes/survivantes d’agressions sexuelles est essentielle pour l’inciter à y avoir recours. Il est donc impératif que ces services puissent répondre aux besoins médicaux des victimes sans alerter ou impliquer la police et que celles-ci soient libres de décider, si elle souhaite ou non se pourvoir en justice ou faire intervenir la police, en toute connaissance de cause des implications de leur décision. L’emplacement géographique est déterminant pour l’accès, et les services de santé doivent être localisés de manière à pouvoir être atteints de tous en des temps raisonnables et à des tarifs de transport (ou autre frais) abordables. Dans toute la mesure du possible, ces services ne devraient pas imposer des droits d’utilisation pour ne pas limiter le nombre de personnes qui peuvent solliciter des soins et recourir à la justice. Ils devraient également fonctionner 24 heures sur 24, sept jours par semaine, et les victimes devraient pouvoir se faire soigner par des prestataires de services du même sexe. |
Adéquation et acceptabilité |
Les services appropriés reposent sur la reconnaissance que les victimes doivent bénéficier d’une attention particulière et les services de santé garantir, dans toute la mesure du possible, que la recherche de soins n’entraîne pas pour elles un stress supplémentaire, mais constitue une étape du retour à une existence qu’elles maîtrisent. Les protocoles de prestation de soins devraient fixer au strict minimum, à un seul de préférence, et passé à la clinique, le nombre d’examens médicaux et d’entretiens avec les victimes et survivantes. Les services de santé de qualité doivent être coordonnés de manière à regrouper la prestation de soins médicaux d’urgence, les examens médico-légaux, les conseils d’urgence ou à court terme, le suivi médical et les activités de défense des victimes. La structure qui se prête le mieux à cette coordination est celle d’un service spécialisé où les responsabilités sont clairement définies. |
Droit de choisir |
Le droit de choisir est un aspect très important des services de santé de qualité en matière d’agression sexuelle et est au cœur du respect de la diversité des préférences, besoins et attentes exprimés par les patients. Dans la mesure du possible, les victimes devraient pouvoir désigner l’établissement de soins de leur choix. Les services de qualité devraient être fournis avec tact et individualisés. Il convient à cette fin d’expliquer aux victimes chacune des étapes des soins et des examens médicaux et de leur proposer des choix sur les traitements à suivre, en obtenant avec leur consentement éclairé à chaque étape. |
Extrait ou adapté de R. Jewkes, 2006. Paper for Policy Guidance: Strengthening the Health sector Response to Sexual Violence (Unpublished) [Document d’orientation politique : Renforcement de la réponse du secteur de la santé à la violence sexuelle) (inédit)], d’après R.J. Maxwell, 1992. Dimensions of quality revisited: from thought to action. Quality in Health Care [Révision des éléments qualitatifs : de la réflexion à l’action. Qualité et soins de santé], p.171-177.