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Renforcement des capacités/aptitudes des institutions et professionnels clés

Dernière modification: October 30, 2010

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Pourquoi renforcer les capacités des institutions et des spécialistes clés

Une stratégie importante, en particulier lorsque l’on cible les garçons et les jeunes, consiste à accroître les capacités de ceux qui travaillent avec ces groupes de population pour les guider au long du processus de formation de l’identité et de l’établissement de relations non violentes. Le renforcement des capacités des personnes qui travaillent dans les institutions intervenant dans la socialisation (dans l’enseignement ou les médias, par exemple) est essentiel en raison de leur influence sur l’élaboration des valeurs et des normes relatives aux rôles, aux identités et aux comportements des hommes et des femmes dans la société.

Les institutions dominées par les hommes, telles que la police et les autres services en uniforme, en particulier, peuvent perpétuer des attitudes favorables à la violence par le biais des relations entre pairs et de la culture organisationnelle (Flood, 2008). Dans ces institutions, il est particulièrement important de traiter des questions relatives à la violence à l’égard des femmes et des filles, en raison non seulement des responsabilités juridiques qui incombent à leurs membres de protéger les femmes et les filles des actes de violence, mais aussi du danger accru qu’ils peuvent présenter pour celles-ci s’ils abusent de leur pouvoir et de leur position et s’ils ne s’acquittent pas de leurs obligations; il peut en résulter une revictimisation des femmes et des filles qui demandent leur aide.

Au niveau le plus élémentaire, il est essentiel que tous les personnels ayant des responsabilités juridiques reçoivent une formation détaillée sur la loi de manière à ce qu’ils puissent s’acquitter de ces responsabilités. En outre, une bonne compréhension de la problématique du genre et une volonté d’y apporter des solutions au sein de ces institutions ainsi que des mécanismes de suivi et de responsabilisation contribuent à la bonne application des lois en vigueur (Partners for Prevention, 2007).

Une leçon importante à retenir est que la formation fait peu, à elle seule, pour induire des changements durables.  Il s’agit donc, outre les outils recommandés ci-dessous qui se concentrent sur la formation collective et individuelle de spécialistes, d’appliquer une approche élargie du renforcement des capacités au niveau institutionnel ainsi que d’autres appuis essentiels tels que ceux qu’apportent les politiques, les protocoles et l’instauration de larges changements intersectoriels.

Le présent site contient des orientations et des options de renforcement des capacités institutionnelles spécifiques à certains secteurs, accessibles à partir de la page d’accueil.

Quels spécialistes clés s’agit-il de cibler ?

  • Enseignants
  • Entraîneurs sportifs
  • Prestataires de soins de santé
  • Journalistes
  • Autorités locales et dirigeants communautaires
  • Dirigeants religieux
  • Personnel humanitaire
  • Personnel des forces armées
  • Police
  • Juges
  • Procureurs
  • Parlement
  • Autres personnes ayant des contacts avec les garçons et les hommes ou les influençant
  • Professionnels déjà actifs dans le domaine de la lutte contre la violence, mais pas nécessairement au stade de la prévention primaire

Exemples d’initiatives qui se sont attachées à renforcer les connaissances et les aptitudes de spécialistes clés

Entraîneurs sportifs

Pourquoi travailler avec des entraîneurs sportifs

  • Les entraîneurs sportifs sont des « meneurs d’hommes naturels » qui peuvent mettre en question les attitudes et les comportements des garçons et des hommes de manière appropriée et qui jouissent d’une crédibilité et d’une influence significatives.
  • En se situant dans un milieu sportif, les interventions tirent parti d’environnements où les garçons et les jeunes hommes se sentent à l’aise et où ils peuvent parler de questions sensibles sans se sentir en danger.

Que peuvent faire les entraîneurs sportifs pour encourager les garçons et les jeunes hommes à être plus actifs dans les efforts visant à l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des enfants ?

  1. Indiquer clairement dès le départ ce que l’on attend des joueurs.  Le premier jour d’entraînement officiel est un jour spécial, idéal pour définir les règles du jeu applicables aux joueurs en ce qui concerne la violence à l’égard des femmes. Encourager les joueurs à parler et leur faire savoir quels services sont disponibles pour traiter des problèmes de la violence.
  2. Établir clairement ce qu’être un homme veut dire.  Expliquer que si l’agressivité et les attitudes intimidantes ont leur place dans les sports, il est abusif de transférer ces comportements envers les femmes dans la vie et que cela ne sera pas toléré pour les membres de l’équipe.
  3. Informer les joueurs du fait que, cette saison, leurs objectifs ne s’arrêtent pas au monde du sport.  Leur indiquer clairement que cette année, ils apprendront aussi à traiter les femmes de manière honorable et respectueuse et qu’ils doivent comprendre qu’être forts et être violents sont deux choses distinctes.
  4. Donner l’exemple de la discipline et de l’intégrité. Par des actions personnelles, apprendre aux joueurs l’importance du respect, envers soi-même comme envers autrui, même lorsque les choses sont difficiles et que l’équipe ne gagne pas.
  5. Encourager les joueurs à se soutenir mutuellement pour éviter les comportements violents.  Leur rappeler que les membres de l’équipe doivent réagir s’ils pensent que quelqu’un se comporte de façon irrespectueuse envers les femmes ou les filles. Leur rappeler que les amis se soutiennent les uns les autres et s’aident à rester dans le droit chemin et à changer pour le mieux.
  6. Tirer parti des techniques de la pédagogie sportive.  Les entraîneurs pratiquent normalement la planification prévisionnelle au moyen de scénarios de match. Ils peuvent en faire autant pour planifier le comportement de l’équipe face aux situations porteuses de violence à l’égard des femmes.

Source : Adapté de la campagne One Man Can.

 

Exemples d’interventions efficaces d’entraîneurs sportifs

Coaching Boys into Men [Entraîner les garçons à devenir des hommes] (Family Violence Prevention Fund, États-Unis)

L’initiative Coaching Boys Into Men du Family Violence Prevention Fund encourage les hommes à parler aux garçons des relations avec l’autre sexe et de la violence.  Cette campagne menée sur plusieurs fronts comprend des matériels qui fournissent des conseils spécifiques sur la façon d’écouter les garçons, d’aborder dans la conversation le sujet des relations entre les deux sexes et de tirer parti des occasions pédagogiques naturelles.  À la suite de leur formation, les entraîneurs ont signalé un accroissement de l’efficacité de leurs réactions face aux comportements irrespectueux et néfastes de la part des jeunes hommes et les jeunes, de leur côté, ont fait état d’interventions plus fréquentes des entraîneurs lorsqu’ils étaient témoins de comportements irrespectueux. Pour de plus amples informations, voir le site web et l’etude de cas.

Adolescents and Soccer: Where Masculinity is at Play [Les adolescents et le football : où la masculinité entre en jeu] (Organisation panaméricaine de la santé)

Ce programme forme les entraîneurs sportifs pour les aider à promouvoir auprès des garçons des concepts de masculinité plus égalitaires envers les femmes et les filles. Organisation panaméricaine de la santé (OPS). Voir le présentation y le manuel.

Grassroots Soccer [Football à la base] (États-Unis) est une organisation non gouvernementale qui a recours à la force du football Association pour lutter contre le VIH/sida en Afrique.  Bien qu’ils soient axés sur la prévention de la propagation du VIH, leurs efforts d’éducation promeuvent l’égalité des sexes, forment les entraîneurs sportifs et, lorsqu’il est possible, font intervenir des équipes mixtes d’entraîneurs sportifs (une femme et un homme) qui donnent l’exemple de comportements conformes à l’égalité des sexes dans toutes leurs activités.  Voir l’etude de cas.

 

Outils disponibles pour le travail avec les entraîneurs sportifs:

Coaching Boys into Men Playbook [Livret de jeu d’Entraîner les garçons à devenir des hommes] (Family Violence Prevention Fund, États-Unis) – Le dossier pratique ainsi que d’autres ressources sont disponibles en anglais.

Toolkit to End Violence against Women [Dossier pratique pour éliminer la violence à l’égard des femmes] (National Advisory Council on Violence Against Women, États-Unis) – Le chapitre 13 « Promoting Healthy, Nonviolent Attitudes and Behaviors Through Sports » [Promotion d’attitudes et de comportements sains et non violents par le sport] offre des orientations à la communauté sportive; il est disponible en anglais.

Adolescents and Soccer: Where masculinity is at Play, Manual for Facilitators and Coaches [Les adolescents et le football : où la masculinité entre en jeu, Manuel pour les facilitateurs et les entraîneurs] (OPS). Disponible en espagnol.

Youth Development Through Football [Le développement des jeunes par le football] (Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit en partenariat avec le ministère des Sports et des Loisirs d’Afrique du Sud ) – Propose plusieurs outils en anglais pour travailler avec les jeunes, notamment : How to Handle Violence in Sport and Schools; The Get Youth on Board! tool kit; Coaching into Life Skills - A Guide for Football Coaches at the Eastern Cape; Mamelodi 8 Tool.

Stopping Rape: What Male Athletes Can Do [Halte au viol : ce que les sportifs peuvent faire] (Men Can Stop Rape, États-Unis). Voir le manuel.

Yes to Soccer [Oui au football] (Libéria) et Sports for Peace and Life [Les sports pour la paix et la vie] (Soudan) Mises en œuvre par le Mercy Corps en partenariat avec Grassroot Soccer et appuyées par l’USAID and Nike Inc., ces initiatives, bien qu’elles ne soient pas immédiatement axées sur la violence sexiste, peuvent fournir des exemples appropriés d’interventions ayant recours à des mentors dans les programmes de prévention à base théorique.  Ces deux initiatives sont parvenues à améliorer chez les jeunes les connaissances et les attitudes de protection relatives au VIH/sida. Yes To Soccer a fait état d’une amélioration de 27 points (de 58 % à 85 %) dans les connaissances et les attitudes des jeunes après les interventions. Le programme a été inclus dans le cadre d’un projet existant de préparation des jeunes à la vie active ciblant des jeunes des groupes d’âge supérieurs. Sports for Peace and Life, qui a atteint un plus grand nombre de participants, a obtenu une amélioration globale plus modeste de 12 points (de 69 % à 81 %) des connaissances et des attitudes des jeunes concernant 16 questions relatives au VIH et au sida. Les niveaux de référence élevés des connaissances et attitudes constatés dans les sondages pré-interventions pour plusieurs questions peuvent avoir limité les progrès par un effet de « plafond », limitant l’augmentation possible des pourcentages. Chaque programme était d’une durée inférieure à un an et des programmes plus longs offriraient de meilleures possibilités de changements comportementaux et d’évaluation des changements. See the playbook. Voir le livre.

 

Dirigeants religieux et traditionnels / Gardiens des valeurs communautaires

Pourquoi travailler avec les dirigeants religieux?

Les dirigeants religieux et traditionnels peuvent :

  • Exercer une forte influence dans les communautés et les hommes peuvent être particulièrement réceptifs à leurs messages; en fait, le rôle sans doute le plus stratégique et le plus pertinent des dirigeants et des organisations confessionnelles dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes se situe précisément au niveau des interventions auprès des hommes axées sur la prévention primaire et la tolérance zéro;
  • Appuyer les comportements et influer sur eux, de façon positive ainsi que négative, notamment en renforçant les modèles traditionnels de masculinité et de rôles dévolus aux deux sexes;
  • Fournir aux femmes qui subissent des violences des appuis et l’accès à des services lorsqu’ils sont sensibilisés et formés de manière appropriée;
  • Promouvoir la non-violence dans leur communauté.

Les croyances et les interprétations religieuses peuvent renforcer les rôles traditionnellement dévolus aux deux sexes, pouvant ainsi exposer les femmes et les filles à des abus et mauvais traitements; en conséquence, il convient d’aborder spécifiquement les questions suivantes :

  • La polygamie.  Le fait d’avoir de multiples partenaires accroît la vulnérabilité des femmes et les expose à des risques de contamination par le VIH;
  • La réconciliation.  Certaines religions considèrent qu’il faut assurer la cohésion de la famille à tout prix, quels que soient les mauvais traitements qu’une femme subit;
  • Le mariage précoce.  Certaines religions autorisent le mariage enfantin et/ou exigent des femmes qu’elles obéissent à leur mari, ce qui réduit leur pouvoir décisionnel et peut les priver de leurs droits;
  • L’autorité des chefs religieux masculins.  Certains chefs religieux abusent de leur pouvoir (Kang’ethe et al., 2008).

Pourquoi s’adresser en particulier aux dirigeants religieux de haut niveau

  • Les dirigeants religieux de haut niveau/les anciens tendent à être actifs au sein des réseaux nationaux et communautaires;
  • Ils jouissent généralement d’une haute estime et sont perçus comme des faiseurs d’opinions sur les questions sociale et politiques;
  • Ils peuvent avoir pour mandat religieux d’apporter des changements dans les communautés et peuvent faire pression auprès des décideurs politiques et des instances gouvernementales de leur pays;
  • Ce sont des décideurs politiques au sein de leurs propres institutions (Kang’ethe et al., 2008).

Recommandations de programmation pour travailler avec les dirigeants religieux pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et le VIH et le SIDA

(Le contenu de cette section s’inspire du document « Gender-Based Violence and HIV and AIDS – Training Module for Religious Leaders and Women of Faith » [La violence sexiste et le VIH/sida – Module de formation pour les dirigeants religieux et les femmes de foi] de la Health Policy Initiative de l’USAID, qui figure dans la liste des outils disponibles ci-après). Disponible en anglais.

Renforcer les connaissances de la communauté confessionnelle

  • Prêcher contre la violence à l’égard des femmes et des filles dans les institutions religieuses, lors de sermons, de rassemblements et de diverses manifestations publiques;
  • Donner sur la violence à l’égard des femmes et des filles des informations fondées sur les écritures et les préceptes religieux;
  • Inclure régulièrement des informations pédagogiques dans les bulletins mensuels, sur les tableaux d’affichage et dans les classes de préparation au mariage;
  • Parrainer des séminaires éducatifs sur la violence à l’égard des femmes et des filles.

Renforcer les capacités de la communauté confessionnelle en tant que ressource dans le domaine de la violence à l’égard des femmes et des filles

  • Rechercher des formations dispensées par des spécialistes dans le domaine de la violence à l’égard des femmes et des filles;
  • Effectuer les recherches théologiques et scripturales nécessaires pour mieux comprendre la problématique et mieux y répondre;
  • Comprendre les effets que certains facteurs sous-jacents, tels que la pauvreté et autres facteurs de déclenchement, notamment les difficultés économiques ou la perte d’emploi, peuvent avoir sur les choix et les comportements de femmes et d’hommes au niveau individuel, afin d’aider les gens à réagir de manière active et appropriées pour réduire la violence ou le risque de violence.

Offrir un lieu de refuge

  • Faire de l’église, du temple, de la mosquée ou de la synagogue un lieu de refuge pour les survivantes;
  • Afficher des matériels contenant des références aux lignes d’aide téléphoniques locale et nationales et à d’autres ressources par le biais desquelles les survivantes peuvent avoir accès à des services et à des appuis.

Aider à éduquer d’autres dirigeants religieux

Encourager et appuyer la formation et l’éducation pour accroître la sensibilisation et les connaissances des dirigeants religieux relatives à la violence à l’égard des femmes et des filles

S’exprimer

S’exprimer sur la violence à l’égard des femmes et des filles au sein de la communauté confessionnelle. Les dirigeant(e)s confessionnel(le)s peuvent avoir une influence énorme sur les attitudes et les croyances des gens, y inclus des hommes, et son leadership est important, en particulier sur les questions de politiques publiques telles que le financement et les changements en droit pénal, ainsi que sur le rejet des normes et comportements sociaux inacceptables tels que les actes de violence à l’égard des femmes et des filles.

Donner l’exemple

Se porter volontaire pour siéger au conseil d’administration du programme locale de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles, devenir un porte-parole sur le problème ou suivre une formation pour devenir conseiller/conseillère bénévole dans un centre de crise.

Appuyer les organisations actives dans le domaine de la violence à l’égard des femmes et des filles

  • Inclure les programmes locaux de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles dans les dons et les projets de services communautaires;
  • Adopter un abri auquel l’église, le temple, la mosquée ou la synagogue fournit des appuis matériels ou fournir des appuis analogues aux familles qui refont leur vie après un séjour dans un abri;
  • Offrir un lieu de réunion pour les séminaires éducatifs et les groupes de soutien hebdomadaires.

Intervenir

  • S’il y a des raisons de soupçonner que des violences sont commises dans le cadre d’une relation entre deux personnes ou au sein d’une famille, parler à chaque personne séparément; si une personne subit ou a subi des violences, lui parler en privé et confidentiellement;
  • Aider la survivante à prendre des mesures pour assurer sa sécurité et l’aiguiller vers les services communautaires disponibles pour lui venir en aide.

Note importante : Pour intervenir, il est impératif de rechercher des appuis et une formation auprès de spécialistes en matière de violence à l’égard des femmes et des filles, afin de s’assurer avant tout que l’intervention ne nuira pas à la survivante.

Traiter les problèmes internes

  • Adopter des politiques prévoyant des ripostes appropriées à l’égard des survivantes et des auteurs des actes de violences, et assurant notamment la confidentialité;
  • Encourager la poursuite d’efforts de la part des institutions religieuses pour faire face aux allégations d’abus au sein de ces institutions de manière à assurer qu’elles constituent une ressource ne présentant pas de dangers pour les survivantes et leurs enfants.

Comment les dirigeants religieux peuvent-ils encourager les hommes à être plus actifs dans l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des enfants ?

  1. En étant un modèle positif,
  2. En donnant l’exemple,
  3. En encourageant les hommes à s’exprimer,
  4. En faisant du lieu du culte un refuge pour les victimes d’actes de violence à l’égard des femmes,
  5. En intervenant,
  6. En soutenant les victimes,
  7. En éduquant la congrégation,
  8. En utilisant la chaire,
  9. En offrant des locaux pour les réunions,
  10. En devenant partenaire de ressources existantes,
  11. En devenant une ressource,
  12. En appuyant la formation professionnelle,
  13. En traitant les problèmes internes (allégations d’abus commis par des dirigeants religieux).

Source : Sonke Gender Justice, OneManCan Campaign

Initiatives ayant travaillé avec des dirigeants religieux pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles

The Role of Religious Communities in Ending Gender-based Violence [Le rôle des communautés religieuses dans l’élimination de la violence sexiste] (Afrique du Sud, Ghana, Kenya, Libéria, Ouganda, RDC, Tanzanie, Zambie)

De janvier 2007 à août 2008, les organisations Constella Futures et Religions for Peace ont mené en partenariat une activité visant à assurer en continu le renforcement des capacités des organisations confessionnelles et des dirigeants religieux, y inclus des femmes de foi, pour faire face à la violence sexiste et à ses relations avec le VIH. Mise en œuvre dans le cadre de l’initiative de l’USAID / Health Policy, cette activité s’est attachée à sensibiliser à la violence sexiste et au VIH, en soulignant l’importance de la coopération pour prévenir la survenue des problèmes et réduire la gravité de leur impact sur les femmes et les filles.

Parmi les activités mises en œuvre figuraient :

  • Une formation régionale pour les femmes de foi et les dirigeants religieux masculins sur la violence sexiste et le VIH, dont les participants représentaient le Réseau des femmes de foi africaines de Religions pour la paix et les Conseils interreligieux nationaux de huit pays pilotes (Afrique du Sud, Ghana, Kenya, Libéria, Ouganda, RDC, Tanzanie, Zambie);
  • L’élaboration et l’application de plans d’action de campagnes de sensibilisation menées au niveau national pour améliorer la compréhension de la violence sexiste et du VIH de la part de leurs communautés et pour accroître leur aptitude à traiter des problèmes;
  • La tenue d’un forum du leadership régional visant à sensibiliser les dirigeants religieux de haut niveau à la violence sexiste et aux VIH et à permettre aux participants au programme de formation régional réunis de partager des informations issues des activités mises en œuvre grâce à leurs plans d’action nationaux.

Pour les organisations désireuses de reproduire cette initiative, les participants ont émis les suggestions suivantes :

  • Commencer par les dirigeants religieux déjà actifs dans d’autres domaines sociaux;
  • Adapter le cursus de formation aux spécificités du pays ou de la région;
  • Songer au temps et au travail nécessaires pour exécuter l’initiative dans plusieurs pays;
  • Fournir des appuis appropriés et assurer le suivi nécessaire des activités menées au niveau des pays.

Pour de plus amples informations sur cette initiative s’adresser à Britt Herstad, Futures Group International, bherstad@futuresgroup.com, et à Jacqueline Ogega, Religions for Peace, jogega@wcrp.org

 

Approche d’orientation religieuse pour traiter de la CGF dans la communauté somalienne de Wajir, au Kenya

Le projet FRONTIERS du Population Council a élaboré une approche axée sur la religion pour intervenir auprès des membres d’une communauté et les éduquer sur la question de la coupure génitale féminine (CGF) afin de les encourager à remettre en question le maintien de cette pratique et à y renoncer à terme. Cette approche a réuni les érudits religieux de Wajir et des érudits islamiques de haut niveau d’autres régions du Kenya pour débattre de la position de la religion islamique sur la CGF et pour se référer à des directives de la charia dont la pratique s’écarte en fait, en vue d’éduquer la communauté. Ceci permet d’examiner les mythes et les idées erronées concernant la pratique et son but, ainsi que les effets néfastes et les avantages perçus de celle-ci, à la lumière d’arguments religieux et médicaux. Un rapport d’étude sur cette initiative est disponible en anglais.

 

Organisations confessionnelles et religieuses actives dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles

AJWS

L’American Jewish World Service (AJWS) est une organisation internationale de développement motivée par l’impératif judaïque de poursuite de la justice.  Elle s’emploie à prévenir la violence sexiste et à fournir des soins aux survivantes dans les situations de conflit et de post-conflit.  Site web : www.ajws.org

CHASTE

L’organisation Churches Alert to Sex Trafficking in Europe s’attache à éliminer  la traite et l’exploitation sexuelle des personnes dans le monde entier. Excellentes ressources en ligne pour les communautés chrétiennes.

Site web : www.chaste.org.uk

Faith Trust Institute

Le FaithTrust Institute est une organisation internationale interconfessionnelle qui s’emploie à éliminer la violence sexuelle et domestique. Site web : http://faithtrustinstitute.org/

RAVE

RAVE est une initiative qui vise à réunir l’apport de connaissances et l’action sociale pour venir en aide aux familles de foi affectées par la maltraitance.  Son site comporte une compilation de ressources pour les femmes, les membres du clergé et les communautés qui souhaitent lutter contre la violence domestique. Site web : http://www.theraveproject.org/

Sisters in Islam [Sœurs dans l’Islam]

Groupe de femmes musulmanes déterminées à promouvoir les droits des femmes dans le cadre de l’Islam. Site web : http://www.sistersinislam.org.my

 

Outils disponibles pour le travail avec les dirigeants religieux

Directives pour les pasteurs, rabbins, imams, prêtres et autres dirigeants religieux (Gender Justice, Afrique du Sud)
Ces directives formulées pour la campagne One Man Can comprennent notamment une section sur les « Choses à faire et à ne pas faire avec un partenaire auteur de maltraitance » et une autre sur les « Choses à faire et à ne pas faire avec une survivante de violence domestique ». Disponible en anglais, en afrikaans, en xhosa, en zoulou et en français.

Créé à l'image de Dieu: de l'hégémonie au partenariat - Un manuel sur l'Eglise Men as Partners/Promouvoir masculinités positive (World Communion of Reformed Churches/World Council of Churches, 2010). Disponible an anglais.

Un commentaire sur les questions religieuses dans la violence domestique a été rédigé par la révérende Marie M. Fortune, ministre ordonnée de la United Church of Christ et fondatrice du FaithTrust Institute (ancien Center for the Prevention of Sexual and Domestic Violence). Des contributions substantielles ont été apportées par Judith Hertz de la National Federation of Temple Sisterhoods. Ce commentaire traite de certaines préoccupations religieuses courantes évoquées par les intervenants dans le domaine de la violence domestique. Il vise à aider les lecteurs/lectrices à trouver des moyens de transformer des obstacles potentiels en des ressources précieuses pour les personnes qui font face à la violence dans leur famille.  Disponible en anglais.

Restoring Dignity: A Toolkit for Religious Communities to End Violence Against Women (Religions for Peace, avec le soutien du gouvernement de la Norvège, de la Ford Foundation et d’UNIFEM)
Ce dossier pratique (en cours de finalisation) a été créé par Religions for Peace avec des retours d’information et la collaboration de dirigeants religieux de pays du monde entier.  Il vise à doter les dirigeants religieux et les conseils interreligieux des ressources nécessaires pour mener des campagnes de prévention, de plaidoyer et d’action pour l’élimination de la violence sexiste.  Disponible en anglais.

Engaging Religious, Spiritual, and Faith-Based Groups and Organizations - Toolkit to End Violence Against Women [Implication des organisations et groupes religieux, spirituels et confessionnels – Dossier pratique pour éliminer la violence à l’égard des femmes] (Conseil consultatif national sur la violence à l’égard des femmes et Bureau de la violence à l’égard des femmes des États-Unis - Ministère de la Justice et ministère de la Santé et des Services sociaux des États-Unis).

Ce chapitre du dossier contient onze points sur ce que les communautés de foi peuvent faire pour contribuer à la prévention de la violence sexiste et à la lutte contre cette violence. Disponible en anglais.

Gender-Based Violence and HIV and AIDS – Training Module for Religious Leaders and Women of Faith [La violence sexiste et le VIH/sida – Module de formation pour les dirigeants religieux et les femmes de foi] Health Policy Initiative/USAID

Ce module a été conçu pour guider les instructeurs qui mènent des formations à l’intention des dirigeants religieux et des femmes de foi sur la violence sexiste dans ses relations avec le VIH/sida. Il peut être adapté pour tenir compte des priorités et des besoins spécifiques des participants.  Il a pour objectif de sensibiliser les dirigeants religieux et les femmes de foi à la violence sexiste et à ses relations avec le VIH/sida et de les encourager à planifier des actions pour traiter de ces problèmes dans leur communauté. Disponible en anglais.

Mobilizing Muslim Religious Leaders for Reproductive Health and Family Planning at the Community Level: A Training Manual [Mobilisation des dirigeants religieux musulmans pour la santé génésique et la planification familiale au niveau communautaire : Manuel de formation] (Extending Service Delivery/USAID)

Il s’agit ici d’un cursus de formation de 5 jours conçu pour communiquer aux dirigeants religieux musulmans, hommes et femmes, les informations nécessaires et pour les doter des aptitudes requises pour mieux comprendre, accepter et appuyer la fourniture d’informations et de services de santé maternelle et de l’enfant, de santé génésique et de planification familiale aux communautés. Le manuel présente les notions relatives à ces différents domaines selon une perspective conforme aux enseignements de l’Islam et appuyée par l’Islam. Par ailleurs, certaines sections sont consacrées aux besoins de jeunes et au renforcement des capacités de leadership chez les dirigeants religieux.  L’une des sessions (nº 4, page 25) porte sur la prévention de la violence à l’égard des femmes et sur le rôle des hommes et deux fiches à distribuer sont consacrée au sujet de la violence à l’égard des femmes (nº 1 et nº  2 à la fin de la publication). Disponible en anglais.

Enseignants

Que peuvent faire les enseignants pour encourager les garçons et les jeunes hommes à être plus actifs dans les efforts visant à éliminer la violence à l’égard des femmes et des enfants?

  1. Comprendre l’impact de la violence.
  2. Créer un environnement physiquement et psychologiquement sans danger dans l’établissement d’enseignement.
  3. Faire connaître clairement leurs opinions sur ce que cela veut dire d’être un homme.
  4. Donner l’exemple du respect et de l’intégrité dans leurs interactions avec les femmes et les filles.
  5. Encourager les étudiants à s’appuyer mutuellement en s’exprimant contre les actes de violence dont ils entendent parler et à rester non violents.
  6. Impliquer les parents et les éduquer sur le sujet de la violence sexiste et des programmes éducatifs de prévention.
  7. Identifier et inviter des organisations non gouvernementales à venir faire des conférences dans l’établissement scolaire.
  8. Tenir leurs collègues enseignants responsables de leurs actes.
  9. Fournir des matériels éducatifs aux apprenants, aux parents et à leurs collègues.
  10. Apprendre aux étudiants en quoi consistent des relations saines.

Source : Sonke Gender Justice, Campagne One Man Can

Pour de plus amples informations sur la façon de travailler avec les enseignants, voir le module sur Les interventions pour éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles par l’entremise du secteur de l’enseignement.

Autres personnes  

Actions possibles pour les hommes.

Par Rus Funk

  • Mettre en question les manifestations de sexisme chez les hommes
  • Arrêter de faire usage de matériels pornographiques
  • Lire des ouvrages d’hommes antisexistes
  • Lire des ouvrages écrits par des féministes
  • Organiser des groupes de lecture pour débattre des livres lus
  • Organiser des groupes de discussion
  • Organiser un événement de mobilisation de fonds pour un centre local pour femmes violées/battues
  • Suivre une formation et former d’autres hommes à devenir des facilitateurs antisexistes
  • Organiser un groupe d’hommes activistes pro-féministes
  • Écrire une lettre au rédacteur d’un journal
  • Écrire une lettre à un politicien/une politicienne
  • Voter pour des femmes candidates
  • Organiser un concert avec des musiciennes, ou avec des musiciens des deux sexes, en tant que manifestation antisexiste
  • Afficher une pancarte dénonçant le sexisme lors de manifestations sportives
  • Offrir de s’occuper d’enfants pour permettre aux femmes d’assister à un événement spécial (ou à un événement ordinaire)
  • Demander avant de toucher sa/ses partenaire(s), de l’embrasser, de lui tenir la main, de lui faire des caresses, etc.
  • Distribuer des prospectus à une conférence où l’intervenant expose des vues antiféministes ou anti-femmes
  • Photographier les hommes qui sortent d’un établissement pornographique et réaliser un essai photographique
  • Organiser un débat pour les hommes au cours d’un événement du type « reprendre la nuit ».

Source : Funk, R. 2006. Reaching Men: Strategies for Preventing Sexist Attitudes, Behaviors, and Violence. Jist Life Publishing.

Les hommes ordinaires, dans leur famille, leur communauté ou leur lieu de travail, ou les hommes qui occupent des postes de direction à tous les niveaux, international, national et local, peuvent être des champions efficaces de l’égalité des sexes et de l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles.  Du fait de leur visibilité, de leur autorité et de leur influence, leurs efforts peuvent avoir un impact considérable sur autrui. Il existe diverses stratégies qui visent à encourager les hommes à agir et à parler aux garçons des relations avec l’autre sexe et de la violence.

Comment les hommes peuvent aider les survivantes (extrait de Sonke Gender Justice, Afrique du Sud)

En tant que partenaire, époux, parent, ami ou collègue d’une femme qui a survécu à des actes de violence sexuelle ou domestique, vous pouvez trouver plus facile de vous taire. Vous craignez peut-être de dire des choses qui risquent de la bouleverser ou de lui faire mal. NE VOUS TAISEZ PAS ! Vous pouvez lui apporter un soutien de multiples manières, soutien affectif et soutien pratique.  Vous pouvez aussi agir dans votre communauté. Voici quelques idées…

Pour lui apporter un soutien sur le plan affectif…

Écoutez et essayez de comprendre

Vous ne savez peut-être pas ce que c’est qu’être une femme, mais vous savez à quel point cela peut aider les gens quand on les écoute et que l’on les soutient en période difficile. Renseignez vous sur la maltraitance et sur ses effets sur les victimes/survivantes; il existe de nombreuses ressources où vous trouverez des informations sur ce que les victimes ressentent et sur ce que vous pouvez faire pour aider.

Croyez ce qu’elle vous dit

Il lui aura fallu beaucoup de courage pour vous dire ce qui lui est arrivé et ce qu’elle ressent.  Et respectez sa vie privée : ne dites à personne d’autre ce qu’elle vous a confié, sauf si elle le souhaite expressément.

Ne la jugez pas, ne la blâmez pas

Quelles que soient les circonstances, personne n’a le droit de maltraiter ou de violer et personne ne mérite d’être violée. Ne lui demandez pas d’expliquer pourquoi elle pense que ce qui est arrivé lui arrivé à elle. Vous ne voulez pas lui donner l’impression que vous pensez que c’est de sa faute.

Laissez-la exprimer ses émotions

Si elle a envie de pleurer, laissez-la faire.  Si elle ne pleure pas, n’interprétez pas cela comme une indication qu’elle n’a pas été violée.  Les gens réagissent au viol de différentes manières. Elle est peut-être encore sous le choc ou elle essaie peut-être de nier la réalité. Si elle est déprimée pendant longtemps ou qu’elle semble songer au suicide, encouragez-la à consulter un spécialiste.

Donnez-lui du temps

N’essayez pas de dire des choses comme « Essaie d’oublier ce qui t’es arrivé ».  En particulier si elle a été violée, elle ne va pas s’en remettre immédiatement et elle aura sans doute des bonnes et des mauvaises journées. Si elle a peur la nuit, encouragez-la à demander à un/une ami(e) de rester avec elle jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Vous pouvez aussi lui offrir de l’accompagner lorsqu’elle se rend dans des lieux où elle ne se sent pas en sécurité.

Faites-lui savoir que vous êtes tout disposé à parler du problème

Dites-lui que vous voulez savoir ce qu’elle ressent.  Il est possible, et parfaitement normal étant donné ce qu’elle a subi, qu’elle considère tous les hommes comme des auteurs potentiels d’actes de violence. Faites-lui comprendre qu’elle peut trouver un soutien auprès de vous et d’autres hommes qu’elle connaît.

Laissez-la prendre le contrôle de son processus de guérison

Il est important que les victimes de violences retrouvent un sentiment de contrôle dans leur vie. Vous ne pouvez pas lui dire ce qu’elle doit faire, mais vous pouvez la soutenir dans ce qu’elle décide de faire et apporter des informations, votre attention et votre épaule.

Faites-vous aider

Vous éprouvez peut-être de la colère, de la frustration, de la tristesse et de la douleur parce qu’une personne qui a de l’importance pour vous a été blessée.  Demandez de l’aide pour pouvoir faire face à ces sentiments avec quelqu’un qui est équipé pour vous aider, comme un conseiller ou un travailleur social. Faites savoir à la victime des actes de violence que vous êtes affecté par ce qui lui est arrivé.  Ceci important pour lui faire comprendre votre investissement émotionnel envers elle.  Mais évitez d’insister trop lourdement car cela pourrait lui inspirer un sentiment de culpabilité et l’amener à hésiter continuer de se confier à vous.

Parvenez à une entente sur la question des rapports sexuels

Si vous êtes le mari ou l’amant d’une femme qui s’est fait violer, est-il acceptable d’avoir des rapports sexuels avec elle ? La réponse à cette question varie selon les personnes concernées, mais il est très important que vous soyez patient et que vous trouviez des façons non sexuelles d’exprimer votre amour pour votre partenaire. Si vous n’êtes pas certain de ce qu’elle pense sur le sujet, parlez-en-lui. Quelquefois, un contact ou une simple odeur peuvent provoquer un flashback du viol. Les flash-backs sont des phénomènes psychologiques effrayants et bouleversants.  Ne les prenez pas personnellement, il ne s’agit pas de vous.  Votre partenaire peut aussi « se bloquer » pendant vos rapports sexuels, soyez conscient de la façon dont elle réagit et arrêtez-vous si vous n’êtes pas sûr. Si votre attirance sexuelle pour votre partenaire a été affectée en raison du viol, parlez de vos sentiments à quelqu’un.

Pour lui apporter un soutien sur le plan pratique…

Décidez ensemble d’un plan d’action

Aidez-la à trouver une aide professionnelle d’un type qui lui convient.  Elle pourra souhaiter voir un conseiller, subir un test de dépistage du VIH, ou se rendre dans un refuge ou un centre de conseils pour femmes, en particulier si elle a été maltraitée par quelqu’un qu’elle connaît.

Aidez-la à prendre des mesures

Les victimes de violences disposent de moyens de recours. En Afrique du Sud, il existe des lois en vigueur qui permettent aux victimes de se pourvoir en justice et de tenir les auteurs des faits responsables de leurs actes. La Constitution sud-africaine et la Loi sur la violence domestique établissent clairement le droit qu’ont les femmes de vivre une vie saine et exempte de violence. Informez-vous sur le sujet et prévalez-vous des lois en vigueur !

Demandez justice pour les survivantes

Exigez du gouvernement qu’il respecte ses obligations en matière de sûreté et de sécurité. En Afrique du Sud, la Constitution et diverses lois imposent à l’État l’obligation d’assurer la sécurité de tous et d’arrêter, de traduire en justice et de condamner les auteurs de violences domestiques et sexuelles. Mais il arrive encore souvent que la police et le système de justice pénale ne reconnaissent pas pleinement les droits et les intérêts des victimes. Accompagnez les survivantes devant les tribunaux et aidez-les à exercer leurs droits. Faites pression sur la police et les tribunaux pour les amener à prendre des mesures décisives.

Aidez-la à accéder aux services disponibles

Elle n’a pas à souffrir seule ou en silence.  Il existe des services, des centres pour femmes et des refuges auxquels elle peut s’adresser en cas d’urgence, des organisations qui peuvent lui fournir des conseils juridiques et des services téléphoniques de conseils psycho-sociaux (voir le page Aide).  Elle voudra peut-être que vous vous rendiez avec elle auprès de ces services de soutien.

Appuyez-la si elle décide de porter plainte

Rappelez-vous que la violence domestique est un crime et que la victime a le droit de porter plainte contre son agresseur. Demandez-lui si elle désire que vous l’accompagniez au poste de police pour cela.

Aidez-la à assurer sa sécurité

Si l’auteur des actes de violences dont elle a été victime continue de présenter un danger pour elle, aidez-la à assurer sa protection.  La Loi sur la violence domestique lui confère le droit de demander une ordonnance de protection à un tribunal proche de son lieu de résidence ou de celui de son agresseur. Cette ordonnance énonce les divers actes qui sont interdits à l’agresseur, celui-ci pouvant être arrêté en cas d’infraction. L’ordonnance de protection est délivrée gratuitement et elle peut également aider la victime à se faire soigner et à se faire accepter dans un refuge.

Tenez l’auteur des faits responsable

Parlez à votre amie pour savoir si elle veut que vous ou l’un de ses autres amis parliez à l’auteur des actes de violence. Si elle refuse, respectez sa décision mais dites-lui aussi qu’elle est libre de changer d’avis.

Soyez prudent et veillez à votre sécurité

Il n’est pas rare que les auteurs de violences s’attaquent aux gens qui interviennent pour aider les victimes. Soyez prêts à ce que l’agresseur fasse preuve de violence envers vous et vous accuse de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas. Soyez prêt à résoudre le conflit de manière pacifique, même cela consiste à reculer devant lui. Si l’agresseur reconnaît les faits et qu’il est disposé à parler de son comportement violent, indiquez-lui les organisations où il pourra trouver de l’aide. Certains signes indiquent qu’une intervention de votre part est STRICTEMENT contre-indiquée : il possède une arme à feu; il a un casier judiciaire indiquant des antécédents violents, il accuse la victime de lui être infidèle, ou il l’a menacée de mort. Même s’il n’est pas d’une jalousie irrationnelle, il faut se garder d’intervenir à la légère.

En cas de viol:

TPE

Il est essentiel, à la suite d’un viol, que les victimes aient accès, dans les 72 heures, à un contraceptif d’urgence ainsi qu’à un traitement prophylactique post-exposition (TPE) de 28 jours pour prévenir l’infection par le VIH. Renseignez-vous sur ces traitements et sur leurs effets secondaires possibles. Cela vous aidera à comprendre ce qu’elle vit et comment vous pouvez lui apporter un soutien optimal pendant le traitement.

Exigez que la police agisse immédiatement

Elle a le droit de signaler le viol à la police et de déposer plainte à n’importe quel moment. Parlez-lui de déclarer le viol à la politique et, si elle le désire, accompagnez-la au poste de police. Elle peut encore être en état de choc et pourra donc souhaitez que vous soyez là quand elle fera sa déclaration. Si elle préfère qu’un ou une autre ami(e) l’accompagne, respectez ce souhait et aidez-la à prendre contact avec cette personne. Au poste de police, elle devrait aussi subir un examen médico-légal effectué par voir un médecin agréé. Elle a le droit de faire sa déclaration dans un lieu privé, en présence d’une personne de son choix.

Familiarisez-vous avec le processus judiciaire

Si la victime signale le viol, elle devra passer par un certain nombre de formalités, en particulier si un tribunal se saisit de l’affaire. Prenez le temps de vous renseigner et de comprendre ces processus et soutenez-la à chaque étape.

Comment agir à un niveau plus général :

Malgré notre constitution progressiste et la fermeté de nos lois contre la violence domestique et sexuelle, la police et le système de justice pénale continuent de desservir les femmes. De nombreux membres du personnel de la police et des tribunaux se montrent humains et consciencieux, mais ils sont aussi sous-payés et surchargés de travail et n’ont pas reçu la formation dont ils auraient besoin. D’autres responsables officiels continuent de traiter les femmes avec mépris et vont parfois jusqu’à violer les victimes et à conspirer pour dissimuler les preuves.

À ce jour, la plupart des hommes ne se sont pas montrés actifs pour exiger que les autorités prennent des mesures décisives. Il est essentiel que nous participions aux manifestations et aux rassemblements organisés pour exiger que tout le monde, hommes et femmes, jouisse du droit à la sûreté et à la sécurité reconnu par la constitution.

 

Halte au viol : ce que les hommes peuvent faire

Par Men Can Stop Rape (États-Unis)

Tous les hommes peuvent jouer un rôle vital dans la prévention du viol. Voici quelques-unes des choses qu’ils peuvent faire :

Faire attention au langage. Les mots ont beaucoup de pouvoir, en particulier lorsqu’ils proviennent de détenteurs d’une forme quelconque d’autorité. Nous vivons dans une société où l’on se sert souvent de mots qui rabaissent les femmes, où il est courant d’entendre des termes péjoratifs ou méprisants tels que putain, nana, poupée ou de mocheté. Le message véhiculé par ces termes est que filles et les femmes ne sont pas pleinement humaines.  Si nous considérons les femmes comme des êtres inférieurs, il devient plus facile de les traiter avec moins de respect, de négliger leurs droits et d’oublier leur bien-être.

Communiquer. La violence sexuelle va souvent de pair avec un manque de communication. Notre réticence à parler honnêtement et ouvertement de la sexualité accroît radicalement les risques de viol. En apprenant à communiquer efficacement sur les questions sexuelles, en exprimant leurs désirs clairement, en écoutant leur partenaire et en posant des questions lorsque la situation n’est pas claire, les hommes peuvent éliminer de la sexualité un certain nombre de dangers, pour eux-mêmes comme pour autrui.

S’exprimer. Vous n’assisterez sans doute jamais à un viol entrain de se produire mais vous assisterez certainement à des attitudes et à des comportements qui dégradent les femmes et favorisent le viol. Quand votre meilleur ami vous raconte une histoire « humoristique » sur le viol, dites-lui que vous ne trouvez pas ça drôle. Quand vous lisez un article dans le journal qui attribue la responsabilité d’un viol à la victime, envoyez une lettre à la rédaction pour protester. Quand le parlement débat de projets de loi qui limiteraient les droits des femmes, faites savoir aux politiciens qu’ils n’auront pas votre soutien. La pire chose que vous puissiez faire est de ne rien dire.

Soutenir les survivantes de viols. Le viol ne sera pas pris au sérieux tant que tout le monde ne saura pas à quel point il est répandu. Rien qu’aux États-Unis, plus d’un million de femmes et de filles sont violées chaque année (Rape in America, 1992). En apprenant à fournir un soutien de manière sensible aux survivantes de viols qu’ils rencontrent dans leur existence, les hommes peuvent aider les femmes ainsi que les autres hommes à se sentir plus libres de parler du fait qu’ils ont été violés et faire connaître au public la gravité du problème du viol.

Faire don de temps ou d’argent. Adhérez ou faites des dons à une organisation qui vise à prévenir la violence à l’égard des femmes. Les centres d’aide aux victimes de viol, les organismes de lutte contre la violence domestique et les groupes masculins anti-viol comptent sur les dons pour survivre et ont toujours besoin de travailleurs bénévoles pour partager la charge de travail.

Parler avec des femmes... de la façon dont le risque de viol affecte leur existence quotidienne, de l’appui qu’elles espèrent recevoir si jamais elles étaient victimes d’un viol et de ce qu’elles pensent que les hommes peuvent faire pour prévenir les agressions sexuelles. Si vous êtes disposé à écouter, vous pourrez apprendre beaucoup des femmes sur l’impact du viol et sur la façon d’y mettre fin.

Parler avec des hommes... de ce qu’ils pensent d’être considérés comme un violeur potentiel et du fait que 10 à 20 % des hommes seront victimes d’abus sexuels au cours de la vie ; demandez-leur aussi s’ils connaissent quelqu’un qui s’est fait violer. Renseignez-vous sur l’incidence de la violence sexuelle sur la vie des hommes et sur ce que nous pouvons faire pour y mettre fin.

S’organiser. Formez votre propre organisation d’hommes visant à mettre fin à la violence sexuelle.  Les groupes masculins contre le viol sont de plus en plus nombreux dans le pays, en particulier sur les campus universitaires. Si vous en avez le temps et l’envie, c’est une façon extraordinaire de faire une différence dans votre communauté.

S’attacher à mettre fin à d’autres oppressions. Le viol plonge ses racines dans de nombreuses autres formes de préjugés, racisme, homophobie et discrimination religieuse. En exprimant votre opposition à toute croyance et à tout comportement, viol inclus, qui présente un groupe de gens comme supérieur à une autre et qui refuse à d’autres groupes de reconnaître pleinement leur humanité, vous favoriserez l’instauration de l’égalité pour tous.

www.mencanstoprape.org

© 1998, 2001 Men Can Stop Rape

Men Can Stop Rape [Les hommes peuvent mettre fin au viol] (États-Unis) – Ateliers de renforcement des capacités

L’une des stratégies appliquées par l’organisation Men Can Stop Rape consiste à renforcer les capacités de spécialistes à intervenir auprès des hommes.  Les formations de durée variable, une demi-journée à trois jours, ciblent divers publics, notamment les coalitions visant à lutter contre l’agression sexuelle et la violence domestique, les enseignants et les organismes pour jeunes, parmi beaucoup d’autres.  Elles ont pour objectifs:

  • D’apprendre à mieux appréhender l’agression sexuelle comme un problème que les hommes peuvent contribuer à résoudre;
  • Sensibiliser aux « thèmes dominants » de la masculinité et mieux comprendre l’importance des « contre-thèmes » dans leurs rapports avec la violence à l’égard des femmes
  • Explorer les difficultés que présente l’implication des hommes et apprendre à résoudre ces difficultés,
  • Apprendre des stratégies efficaces pour mobiliser les hommes afin d’en faire de meilleurs alliés des femmes,
  • Renforcer les capacités nécessaires pour parler de sexisme aux hommes et pour appliquer des stratégies en vue de modifier les normes sociales qui favorisent la violence à l’égard des femmes,
  • Apprendre à mieux aider les hommes à relier le sexisme aux autres formes d’oppression,
  • Donner aux participants des ripostes pratiques aux réactions et aux questions de publics masculins.

Pour un exemple d’exercice utilisé dans ces formations, cliquer ici.

Pour de plus amples informations sur les ateliers de formation, voir le calandrier.

La campagne One Man Can [Un homme le peut] (Sonke Gender Justice, Afrique du Sud)

La campagne One Man Can propose aux hommes et aux garçons des moyens d’agir pour mettre fin à la violence domestique et sexuelle et promeut l’établissement de relations saines, équitables, passionnées et respectueuses de l’autre, dont les hommes et les femmes peuvent bénéficier pleinement.  Outre l’incitation à l’action dans leur vie personnelle, elle encourage les hommes à travailler avec d’autres hommes et avec des femmes dans leur communauté. Divers matériels en anglais, français, zoulou, xhosa et afrikaans, y inclus des fiches d’information et des activités d’ateliers, sont disponibles sur le site web.

Stand-Up Guys No. 1: 6 stories about men taking a stand to fight violence against women and girls [Des gars bien - nº 1 : 6 histoires d’hommes qui prennent position contre la violence à l’égard des femmes et des filles] (États-Unis)

Ce dossier a été élaboré par une équipe de gens altruistes, d’horizons socioprofessionnels divers, qui estimaient important de faire connaître les efforts déployés par des gens ordinaires qui avaient pris l’initiative de lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles dans leur communauté. Leurs photos et leur profil sont disponibles en anglais.

The World’s Most Influential Men [Les hommes les plus influents au monde] (Projet Hope Exhibits)

Cette exposition photographique promeut des exemples de modèles de rôle masculins en présentant des hommes et des garçons du monde entier favorables à l’égalité des sexes. Elle est accessible sur le site web.