Les études qualitatives peuvent être synthétisées sous forme d’images ou de mots, et permettent d'obtenir des données plus riches et significatives auprès d'un plus petit nombre de personnes. Elles s’appuient sur des questions ouvertes et sur un type de technique d’entretien (entretiens approfondis, discussions de groupe, méthodes participatives). Les données se présentent avant tout sous forme de mots à travers des récits, des citations in extenso, des descriptions, des listes, et des études de cas, ou sous forme d’images.
Sur le plan numérique, on ne peut généraliser les conclusions d'une étude qualitative. Toutefois, elle peut s’avérer plus adaptée si l’on cherche à comprendre pourquoi et comment quelque chose se produit (Ellsberg & Heise, 2005). Ce type d’étude se révèle d'un grand intérêt lorsque l’on souhaite comprendre un processus dont on sait très peu de choses, ou lorsqu'une problématique est étudiée pour la première fois dans un contexte précis. Cela peut être intéressant dans une situation de conflit ou d’après-conflit, car les résultats qualitatifs permettent de comprendre les nuances et les subtilités de phénomènes sociaux complexes, à partir des points de vue des personnes interrogées.
En plus d’aider à comprendre « pourquoi » quelque chose s’est produit, une approche qualitative appliquée avant un projet de recherche peut contribuer à l’éclairer, à mieux le cibler et à le contextualiser. Une approche qualitative précédant un projet de recherche peut servir aux fins suivantes :
- Impliquer les parties prenantes de la communauté dès le début du processus de recherche (méthodes participatives), afin de contextualiser l’étude
- Évaluer les besoins de la communauté
- Élaborer une campagne de sensibilisation
- Planifier des interventions
- Élaborer et tester des questionnaires
- Chercher à comprendre quelque chose : la mentalité, les perceptions, l’attitude des auteurs de violences, des survivantes, des prestataires de services, des membres de la communauté
La collecte de données qualitatives repose sur l’échantillonnage dirigé : les participant-es aux entretiens sont sélectionné-es car ils et elles détiennent le type d'information permettant de répondre aux questions de recherche. Concernant la taille de l’échantillon, le moins vaut le plus ; il est préférable de travailler plus en profondeur avec un plus petit nombre d'informateur-trices et sur une durée plus longue. Le contrôle des préjugés est moins important que pour d’autres types d’étude, car le/la chercheur-euse s’inscrit dans un processus dans lequel son point de vue, ses opinions et ses interprétations sont reflétés dans l’étude. Par conséquent, la recherche qualitative est intrinsèquement subjective, tandis que la recherche quantitative est objective. « Avec l’échantillonnage qualitatif, la sélection des personnes interrogées se poursuit généralement jusqu’au point où il y a redondance (saturation). Autrement dit, lorsque les nouveaux entretiens ne fournissent plus d’informations nouvelles et que toutes les sources de variation ont été correctement exploitées, l’échantillonnage peut prendre fin » (Ellsberg & Heise, 2005).
Encadré 8 : Réaliser une étude qualitative
La London School of Hygiene and Tropical Medicine et l’African Population and Health Reasearch Centre ont réalisé une étude basée sur une méthodologie qualitative, afin d’évaluer l’efficacité et les effets des services de gestion des cas de violences sexistes dans les camps de réfugié-es de Dadaab. Les données utilisées étaient issues d’enquêtes et d’entretiens approfondis avec les personnels de services de gestion des cas de violences sexistes et des survivantes de violences sexistes. En amont du processus de collecte de données, les enquêteur-trices ayant interrogé les participantes ont reçu une formation intensive à l’étude et à la collecte des violences sexistes, à l’éthique de la recherche et aux compétences de réalisation d’entretiens. Les outils de recherche (questions des enquêtes et des entretiens, etc.) ont été rigoureusement testés et passés en revue de manière à garantir leur simplicité d'utilisation et leur pertinence, et de limiter le risque de traumatiser à nouveau les participantes. Les grandes problématiques et des citations fortes ont été extraites des entretiens passés, et ont permis d’étayer l’analyse ultérieure des données. L’étude s’est également appuyée sur des données qualitatives pour confirmer l’impact qu’ont les violences sexistes sur le quotidien des femmes et des filles, et étayer les recommandations d’actions des chercheur-euses.
Pour en savoir plus sur l’étude : https://researchonline.lshtm.ac.uk/id/eprint/4647806/1/What%20Works%20Dadaab%20Report_LowRes.pdf |