Les études longitudinales et de cohorte consistent à suivre le même groupe de personnes au fil du temps. Elles permettent aux chercheur-euses de comparer des résultats en fonction de l’exposition à certains facteurs de risque présumés, en formulant une hypothèse à étudier. L’étude de cohorte est la plus à même de déterminer les causes d'une maladie, d'un handicap ou d'un problème, car elle permet aux chercheur-euses de suivre un groupe de personnes sur la durée et d’étudier plusieurs résultats simultanément.
Il existe de nombreuses barrières à la réalisation d’études longitudinales/de cohorte. Elles sont coûteuses, nécessitent un échantillon considérable pour les résultats rares (p. ex. la mortalité) et les interruptions de suivi sont fréquentes. Étant donné qu’elles se font par nature sur le temps long, leur utilisation peut s’avérer très compliquée dans les situations de conflit et d’après-conflit, où les conditions peuvent évoluer rapidement.
Les études cas-témoins portent à la fois sur des personnes atteintes d'une maladie ou d'un problème de santé, et sur un groupe témoin ou de référence adéquat. Cette démarche vise à recueillir des données a posteriori sur l’exposition d’individus à des facteurs de risque potentiels. Les études cas-témoins permettent d'identifier les facteurs de risque d'une maladie, et font généralement appel à un échantillon bien plus petit que les études de cohorte. Les études cas-témoins sont relativement simples et peu coûteuses, mais elles présentent l’inconvénient de ne pouvoir étudier qu'un résultat à la fois.
Encadré 7 : Réaliser une étude longitudinale
Un modèle longitudinal a servi à étudier l’efficacité d’une intervention, le programme Communities Care (CCP), qui vise à faire évoluer des normes sociales néfastes en lien avec les violences sexistes dans une communauté de Mogadiscio, en Somalie. Pour éviter certains des problèmes pouvant accompagner une étude longitudinale dans un contexte de conflit, l’équipe de recherche menée par John Hopkins et son ONG partenaire (Comitato Internazionale per lo Sviluppo dei Popoli - CISP) ont apporté un soin minutieux à la conception de l’étude. Les chercheur-euses ont fait un effort particulier pour assurer le suivi, non seulement en obtenant les numéros de téléphone des participant-es, mais aussi les coordonnées de membres de leur famille, d’ami-es proches, etc. Au final, les chercheur-euses ont élaboré un répertoire de contacts et de contacts subsidiaires avec au moins 2 ou 3 numéros pour chaque participant-e. L’équipe s’est également appuyée sur des « représentant-es » communautaires eux et elles-mêmes issu-es des communautés touchées, dans le but de suivre les participant-es (même s’ils et elles se déplaçaient) aux fins du suivi de la collecte de données. De plus, les données ont été recueillies lors d'une période de relative stabilité pour la population concernée, dans les zones sélectionnées en Somalie. Cette démarche longitudinale n’aurait peut-être pas porté autant de fruits si elle avait été appliquée pendant une phase de crise aiguë ou de famine.
Pour en savoir plus sur l’étude : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6429733/ |