Dans les situations de conflit et d’après-conflit, la sécurité et la sûreté des personnes interrogées qui participent à la collecte de données sur les VEFF sont de la plus haute importance. Les personnes interrogées dans un contexte de conflit peuvent être menacées par leur propre communauté, voire par le gouvernement, si elles parlent à des étranger-ères. Elles risquent également d’être davantage victimes de sévices dans leur foyer de la part de leur conjoint violent, pour avoir parlé de violences à un-e collecteur-trice de données. Les collecteur-trices de données peuvent également être menacé-es par le conjoint, la communauté ou le gouvernement, car ces différentes entités risquent de voir d'un mauvais œil que l’on parle de violences à des femmes.
Ces problèmes se posent dès lors que des données sont collectées sur les VEFF, mais ils sont encore plus sensibles dans les situations de conflit. Le risque que des conséquences néfastes s’abattent sur les réfugiées et les déplacées internes est accru de par le manque d'intimité, la promiscuité et l’effondrement des filets de sécurité sociale, comme c’est souvent le cas dans les camps et lors des périodes de déplacement.
La sûreté et la sécurité de toutes les personnes impliquées dans la collecte d'informations sur les violences dans les situations de conflit et d’après-conflit est donc d'une importance capitale. Gardez à l’esprit les mesures de sécurité et sûreté suivantes lors de la collecte de données sur les VEFF en situation de conflit et d’après-conflit :
- Élaborez une procédure de sécurité et un protocole comprenant : une liste des problèmes que pourrait rencontrer l’équipe de collecte des données sur le terrain ; des directives concernant les réponses possibles ; un-e référent-e pour les questions de sécurité sur le terrain ; un point de rassemblement central d'où résoudre les problèmes de sécurité ; et des processus de communication à appliquer en cas de problème. Veillez à ce que tous les partenaires soient impliqués dans la conception et la mise en œuvre de ce protocole.
- Surveillez régulièrement les conditions de sécurité et sûreté et intégrez ces conditions au protocole de sécurité.
- Essayez d'obtenir l’adhésion du gouvernement et des principaux acteurs au projet, a minima dans les grandes lignes. Demandez-vous à qui vous pouvez dire que vous collectez des données sur les violences.
- Présentez l’étude en lui donnant un intitulé passe-partout, par exemple « étude sur la santé et le quotidien des femmes » ou « étude de genre » plutôt que « étude sur les violences », quand bien même la plupart des questions porte sur les VEFF.
- Obtenez du gouvernement une lettre d’autorisation en utilisant un intitulé passe-partout.
- S’il est impossible de recueillir des données auprès des populations concernées tout en garantissant la sécurité et la sûreté, envisagez à la place de recueillir des données qualitatives auprès d'informateur-trices-clés (p. ex. des prestataires de services, le gouvernement, des responsables communautaires (dont des femmes)).