La violence envers les filles et les femmes est profondément ancrée dans l’inégalité et la discrimination, c’est pourquoi il est indispensable de s’investir pour inverser ces facteurs de causalité essentiels. Voici quelques grands investissements stratégiques en faveur de l’égalité des sexes qui peuvent contribuer à l’élimination de la violence à l’égard des filles et des femmes :
- Veiller au respect et à la protection de tous les droits et libertés fondamentaux des femmes et des filles, et à leur pleine jouissance par celles-ci, notamment : par la ratification sans réserve de l’ensemble des traités relatifs aux droits de la personne, dont la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et son Protocole facultatif ; en faisant en sorte que les femmes connaissent leurs droits et aient la possibilité de les revendiquer et de les exercer ; en éduquant les hommes et les femmes, les garçons et les filles au sujet des droits fondamentaux des femmes et de leur devoir de respecter les droits des autres ; en garantissant l’accès des femmes à la justice et leur protection égale par les lois, et en s’assurant que les auteurs d’actes de violence envers les femmes ne bénéficient d’aucune impunité ; en reconnaissant et en protégeant le droit des femmes à disposer de leur corps et à décider de leur vie sexuelle ; et enfin, en accordant aux femmes le droit d’hériter ainsi que les droits à la propriété, au logement et à la sécurité sociale, entre autres droits économiques et sociaux (Assemblée générale des Nations Unies, 2006).
- Améliorer l’accès des filles à une éducation sûre et de qualité, en particulier à partir de l’enseignement secondaire. L’éducation des filles peut les protéger grâce au renforcement de leurs connaissances et de leurs compétences et par mes chances supplémentaires qu’elle leur offre, qui peuvent contribuer à éviter un mariage précoce et forcé et leur donner davantage de chances d’éviter ou d’échapper à la violence conjugale. Un niveau d’éducation élevé améliore aussi les chances de trouver un emploi et de gagner sa vie, ce qui constitue un autre facteur de protection. En outre, les hommes qui terminent l’école secondaire sont moins susceptibles de commettre des actes de maltraitance.
- Élargir l’accès des femmes aux ressources économiques et renforcer leur contrôle de ces ressources, telles que des revenus et des actifs comme la terre et la propriété foncière. L’accès aux revenus implique d’accorder aux femmes le droit de posséder, d’exploiter et d’hériter de la terre et de la propriété foncière, ainsi que de donner l’occasion aux femmes de travailler dans un endroit sûr et de bénéficier d’un salaire égal à celui des hommes et d’une protection contre l’exploitation et la maltraitance. L’amélioration des conditions de travail des femmes et de leur accès aux actifs économiques tels que les terres agricoles et les autres ressources utilisées aux fins d’activités de production peut contribuer au renforcement du soutien économique et des conditions de vie de leur famille, grâce au réinvestissement de leurs gains, ainsi qu’à l’accroissement de la productivité, aussi bien pour leurs familles qu’à l’échelle nationale (FNUAP, 2005). Des recherches ont démontré une forte corrélation entre le pouvoir décisionnel et économique masculin et les maltraitances dont sont victimes les femmes. Les maltraitances sont plus courantes lorsque le partenaire masculin est clairement dominant, lorsque l’homme a été élevé dans une famille où l’homme se montrait dominant, et lorsque la communauté véhicule l’idée que les hommes sont les principaux soutiens de famille et qu’il leur appartient de contrôler la richesse de leur famille. (Heise et al., 1999) La domination masculine et l’emprise de l’homme sur les relations de couple sont également étroitement liées à la violence du fait d’un partenaire intime. (Vezina & Herbert, 2007) Les femmes victimes de violence conjugale restent souvent parce qu’elles dépendent financièrement de leur partenaire et qu’elles manquent d’alternatives économiques. L’amélioration de l’accès des femmes aux ressources économiques et de leur contrôle des ressources économiques peut les aider à échapper à la maltraitance et leur donner la possibilité d’entamer une relation plus équitable, comme elles l’entendent.
- Promouvoir l’exercice de leurs droits politiques par un nombre suffisant de femmes et leur participation à la prise de décisions politiques, du niveau local au niveau international en passant par le niveau national. La représentation et la participation accrues des femmes à la vie politique et institutionnelle contribuent à l’amélioration de la gouvernance et des politiques concernant les principales questions éducatives, de santé et de développement en général, ainsi qu’à une diminution de la corruption. (Swamy A. et al., 2001 ; Banque mondiale, 2001 ; Projet Objectifs du Millénaire des Nations Unies, 2005, cité par le FNUAP, 2005) Les femmes qui occupent des postes de décision peuvent contribuer au plaidoyer en faveur de lois, de politiques et de programmes visant à lutter contre la violence envers les femmes et les filles, et à leur application. La présence de femmes dans certains secteurs, tels que la sécurité (en tant que personnel policier ou militaire), la justice (en tant que juges ou procureurs) et la santé (en tant que prestataires de soins) peut créer un cadre plus favorable pour les femmes, qui les aide à se sentir plus à l’aise lorsqu’elles racontent les mauvais traitements dont elles sont victimes et qu’elles demandent de l’aide.
Ressources complémentaires :
Investir dans l’égalité des sexes : mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles (ONU Femmes, 2011). Disponible en arabe, anglais, français et espagnol.
What Works to Prevent Partner Violence: An Evidence Overview (Lori Heise, 2011). Disponible en anglais.
Violence Prevention: The Evidence Overview (Organisation mondiale de la santé, 2009). Disponible en anglais.