- L’insécurité alimentaire dans les situations d’urgence humanitaire est un problème qui touche des communautés entières, mais qui touche les femmes et les filles d’une façon particulière. Bien souvent, les femmes n’ont qu’un accès limité aux ressources et aux moyens financiers lors des crises humanitaires, et ne les contrôlent guère. Leur dépendance provoquée par cette situation peut accroître les risques qu’elles soient victimes d’agressions et d’exploitation sexuelles. Par exemple :
- Les femmes et les filles sont souvent chargées de procurer de la nourriture à leur famille, et de la préparer. Lorsque les femmes et les filles doivent se rendre dans des zones non protégées pour aller chercher de l’eau, du bois de feu et d’autres articles non alimentaires destinés à la cuisine, elles peuvent s’exposer à des agressions.
- Bien que les hommes et les femmes voient leurs moyens de subsistance perturbés par les situations d’urgence humanitaire, les femmes sont généralement confrontées à de plus grandes difficultés pour gagner leur vie. De ce fait, les femmes peuvent avoir recours à la prostitution et à d’autres situations d’exploitation afin de subvenir aux besoins de leur famille.
- Les femmes et les filles ne bénéficient bien souvent que d’un moindre accès à la distribution alimentaire, surtout lorsque seuls les chefs de ménage masculins sont inscrits dans les camps de réfugiés ou de personnes déplacées (CPI, 2006).
Éléments essentiels à prendre en compte liés à la sécurité alimentaire et à la distribution alimentaire
- Les Directives VBG du CPI (pp. 74-75) et la fiche-conseils du Domaine de responsabilité VBG sur la distribution alimentaire fournissent directives et recommandations pour prévenir la violence envers les femmes et les filles grâce à la bonne mise en œuvre des programmes de distribution alimentaire. La fiche-conseils du Domaine de responsabilité VBG sur l’agriculture fournit aussi des directives utiles à la recherche de solutions à long terme à l’insécurité alimentaire, comme la mise sur pied de programmes relatifs aux moyens de subsistance, qui peuvent contribuer à la prévention de la violence envers les femmes et les filles. (Consulter également la section des Moyens de subsistance.) En outre, les programmes d’aide alimentaire doivent tenir compte des impératifs suivants :
- Étudier le type de situation d’urgence (soudain, chronique, complexe, survenue lente et progressive, etc.) et les formes d’insécurité alimentaire particulières qui en résultent pour chaque communauté. Les solutions apportées pour subvenir aux besoins alimentaires ne seront pas les mêmes selon que la crise a éclaté de manière soudaine ou qu’il s’agit d’une crise de longue durée ou d’un déplacement à long terme. Dans ces derniers cas, l’érosion des moyens de subsistance est généralement plus marquée et l’insécurité alimentaire tend à se prolonger après la fin de la crise (CPI, 2006).
- Rechercher la durabilité à long terme grâce à un cadre axé sur les moyens de subsistance en conjonction avec une éventuelle distribution alimentaire à court terme. Consulter les membres de la communauté qui s’adaptent peut-être déjà à une crise de longue durée, et travailler en concertation avec les programmes relatifs aux moyens de subsistance afin de mettre en œuvre des solutions à long terme au problème de l’insécurité alimentaire (Alinovi, Hemrich & Russo, 2008).
- Informer et instruire toutes les communautés concernées – dont les communautés d’accueil, les réfugiés et les personnes déplacées – au sujet des politiques et procédures de distribution alimentaire, notamment qui a droit à l’aide alimentaire, quelles sont les modalités de sa distribution, ainsi que la quantité de nourriture distribuée et la fréquence des distributions. Une certaine confusion quant à savoir qui a droit à des rations peut attiser les tensions au sein des communautés et accroître les risques de violence. De plus, les femmes qui ne sont pas au courant de leurs droits ou qui ne peuvent exercer leur droit à l’aide alimentaire peuvent être exposées à un risque accru d’exploitation et d’abus (CPI, 2006).
- Évaluer les besoins des lesbiennes, des femmes bisexuelles et des personnes transgenres et intersexuées qui ne vivent pas dans une famille de composition traditionnelle. Par exemple, les couples de lesbiennes vivant ensemble peuvent ne pas être reconnus comme formant une famille – surtout si elles n’ont pas d’enfants – et les vivres et services octroyés aux autres familles inscrites peuvent leur être refusés. Il convient d’encourager les organisations humanitaires à élargir leur définition d’« unité familiale » pour que celle-ci inclue aussi les groupes de personnes non traditionnelles et non hétérosexuelles vivant ensemble (voir Knight & Sollom, 2012).
Outils supplémentaires:
Pour des listes de contrôle des indicateurs permettant d’évaluer la planification axée sur l’égalité des sexes dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la distribution alimentaire et de la nutrition, consulter le Guide pour l’intégration de l’égalité des sexes dans l’action humanitaire, Comité permanent interorganisations, 2006. (pp. 61-82).
Pour des directives concernant la distribution alimentaire, consulter le Emergency Field Operations Pocketbook du Programme alimentaire mondial, 2002.