- Trop souvent, les interventions d’urgence se limitent à des apports de services pour répondre aux besoins pratiques immédiats. Sans minimiser la valeur ou l’importance de ces services, on constate qu’ils ne s’inscrivent pas toujours dans un cadre qui protège et promeut les droits des bénéficiaires, comme le ferait une approche fondée sur les droits. Une telle approche revêt une importance particulière dans le domaine des VFFF, où les interventions doivent nécessairement prendre en considération l’égalité fondamentale des hommes et des femmes et les causes profondes de la violence.
- Ainsi qu’il ressort du tableau ci-dessous, une approche fondée sur les droits considère les bénéficiaires comme des « détenteurs/détentrices de droits », leur ouvre des possibilités de faire entendre leur voix, et leur permet de jouer un rôle actif dans la reconstruction et le développement, au lieu de fournir des appuis ou des services sur la base de besoins supposés sans donner voix au chapitre aux bénéficiaires quant aux mesures mises en œuvre.
APPROCHE FONDÉE SUR LES BESOINS |
APPROCHE FONDÉE SUR LES DROITS |
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Vise des objectifs de résultat |
Vise des objectifs de résultat et de processus |
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Met l’accent sur la satisfaction des besoins |
Met l’accent sur le respect des droits |
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Reconnaît les besoins comme une revendication fondée |
Reconnaît que les droits impliquent toujours des obligations de la part de l’État |
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Répond aux besoins sans favoriser l’émancipation |
Reconnaît que droits et émancipation sont indissociables |
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Reconnaît la charité comme moteur de la réponse aux besoins |
Indique que la charité n’est pas une façon suffisante de répondre aux besoins |
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Se concentre sur la manifestation des problèmes et leurs causes immédiates |
Se concentre sur la manifestation des problèmes et leurs causes immédiates |
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Implique des projets sectoriels restreints |
Implique des projet et programmes intersectoriels globaux |
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Se concentre sur l’aspect social en accordant peu d’importance à la politique |
Se concentre sur les aspects sociaux, économiques, culturels, civils et politiques en accordant de l’importance à la politique |
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Source : UNFPA 2010, A Human Rights-Based Approach to Programming: Practical Implementation Manual and Training Materials, cité dans UNFPA 2012, Prise en charge de la violence basée sur le genre dans les situations d’urgence. Guide d’accompagnement de la formation en ligne, page 26, disponible en anglais, français, espagnol et arabe. |
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- L’approche fondée sur les droits:
- Intègre les normes, règles et principes internationaux des droits de la personne et du droit humanitaire dans les plans, politiques, services et processus des interventions humanitaires et du développement ayant trait à la violence à l’égard des femmes;
- Est plurisectorielle et globale;
- Implique de nombreux acteurs et parties prenantes (étatiques et non étatiques);
- Doit s’inscrire dans le contexte des normes et valeurs politiques, juridiques, sociales et culturelles ayant cours dans le pays ou la communauté considérés.
- L’approche fondée sur les droits vise également à autonomiser les femmes et les filles. Le concept d’autonomisation (aussi dit « d’émancipation ») implique que les femmes ont du pouvoir face à l’adversité et les approches doivent en tenir compte. Les programmes d’autonomisation comprennent des activités visant à apporter les outils et les ressources nécessaires au niveau individuel et communautaire pour renforcer la capacité des femmes et des filles à opérer des choix qui influent sur leur bien-être social et physique. Ces choix comprennent des décisions sur leur santé sexuelle, leurs moyens d’existence, la poursuite de leur éducation et l’emploi et le contrôle des ressources sociales et économiques. Cela exige des responsables des programmes qu’ils travaillent avec les hommes et l’ensemble des communautés pour instaurer un environnement où les femmes et les filles bénéficient d’appuis qui leur permettent de prendre de telles décisions en toute sécurité. Cela exige également un renforcement des capacités des communautés à identifier et à modifier l’environnement structurel qui favorise le maintien de la violence à l’égard des femmes et des filles. Il faut pour cela un engagement à long terme dès le début de la situation d’urgence jusqu’à l’instauration effective de la paix et du développement pour les femmes et les filles. Les activités d’autonomisation comprennent par exemple : la garantie de l’accès à l’information durant les tout premiers jours de la situation d’urgence, l’apport d’appuis aux femmes pour le choix de la méthode de planification familiale qu’elles veulent adopter, les activités avec les hommes dans le cadre des caisses d’épargne villageoises pour autoriser les femmes à avoir davantage voix au chapitre chez elles et pour réduire la violence, et l’établissement d’un environnement général dans lequel les femmes peuvent se déplacer en sécurité (Source : IRC FAQs, 2011).
- L’application d’une approche fondée sur les droits dans les réponses aux VFFF dans les situations de conflit/post-conflit peut renforcer la responsabilité redditionnelle de tous les acteurs de l’aide humanitaire, y inclus ceux des Nations Unies et des États, en promouvant la participation et l’inclusion. Ceci peut, à son tour, favoriser l’apport d’une réponse sensible aux spécificités culturelles et sans discrimination dans les situations d’urgence. Par la compréhension des facteurs sociaux qui influent sur les processus décisionnels en phase de conflit et par la reconnaissance active et l’analyse de l’évolution des rôles et des vulnérabilités des hommes et des femmes, une approche fondée sur les droits peut atténuer les effets négatifs à court terme et à long terme qu’ont les situations de crise (UNFPA and Harvard School of Public Health, 2010).
- Parmi les mécanismes qui aident les détenteurs de droits à faire valoir ces droits figurent :
- La sensibilisation des détenteurs des droits et des débiteurs d’obligations
- Le plaidoyer auprès des débiteurs d’obligations
- La participation et l’autonomisation des détenteurs de droits
- Les mesures législatives nationales et les dispositifs de supervision législatifs
- La fourniture de rapports sur les obligations aux entités de surveillance des Nations Unies (rapports narratifs/données)
- Les rapports officieux de la société civile (par exemple sur l’application de la Convention pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes) (extrait de UNFPA, Curriculum Guide GBV Coordination Course, p. 81)
Outil :
UNFPA and Harvard School of Public Health. 2005. A Human Rights based Approach to Programming: Practical Information and Training Materials [Approche de la programmation fondée sur les droits de l’homme : Informations pratiques et supports de formation]. Ce manuel propose des conseils étape par étape sur l’application d’une approche fondée sur les droits, sensible aux spécificités culturelles et aux sexospécificités de la programmation dans chacun des trois domaines fondamentaux d’activité de l’UNFPA : la population et le développement, la santé reproductive et le genre. Il traite également de l’application d’une telle approche dans le contexte des urgences humanitaires. Le document PDF comporte également un manuel du facilitateur.
Ressources complémentaires
Pour de plus amples informations sur l’intégration d’une approche fondée sur les droits dans la lutte contre les VFFF et la prévention de ces violences, voir:
- Amnesty International. 2005. ‘Making Rights a Reality: Violence Against Women in Armed Conflict’[Faire des droits une réalité : la violence à l’égard des femmes dans les conflits armés] Londres, Amnesty International.
- Jewkes, R. 2002. “Preventing sexual violence: A right-based approach.” [Prévention de la violence sexuelle : une approche fondée sur les droits] Lancet: 360 (9339), pp. 1092-1093.
- Jonsson, U. 2003. “Human Rights Approach to Development Programming” [Une approche des programmes de développement axée sur les droits de la personne] (UNICEF).