Modèle en six étapes
Les services d’hébergement de première ligne devront traiter le niveau de détresse et de diminution des capacités des femmes en situation de crise par une intervention logique et ordonnée. La formation à l’utilisation d’un modèle normalisé d’intervention en situation de crise peut aider le conseiller à connaître les éléments d’une réponse efficace à la crise, et à intervenir d’une manière qui soutient efficacement une femme pour traverser une crise et lui permet de maîtriser le problème et de se doter des moyens nécessaires pour parvenir à l’autodétermination (Roberts, 2002 comme cité dans l’Alberta Council of Women’s Shelters, 2009).
Un modèle en six étapes d’une intervention en situation de crise est un cadre d’intervention que pourraient mettre en place les services d’hébergement en cas de crise. Le modèle est axé sur l’écoute, l’interprétation et la réponse systématiques pour aider une femme ou une fille à retrouver le plus possible son état psychologique d’avant la crise. L’accent est mis sur l’importance de l’écoute et de l’évaluation à chacune des étapes, les trois premières portant tout particulièrement sur ces activités plutôt que les mesures à prendre. À tout moment, les considérations sécuritaires émergentes liées au risque que court la femme d’être blessée ou tuée doivent être examinées sans tarder.
Le modèle comporte les étapes suivantes:
- définir le problème pour le comprendre du point de vue de la femme. Cela suppose l’utilisation des compétences d’écoute de base comme l’empathie, l’authenticité et l’acceptation.
- assurer la sécurité [de la femme]. Il est impératif que la sécurité de la femme soit au coeur de toutes les interventions. Cela signifie une évaluation constante du risque de danger physique et psychologique pour la femme et les autres. L’évaluation et la préservation de la sécurité font partie intégrante du processus d’intervention en situation de crise.
- Fournir un appui, en manifestant de l’intérêt pour la femme, et lui accorder des soutiens affectif, instrumental et informationnel. Les stratégies d’action sont utilisées aux étapes 4, 5 et 6. Idéalement, ces étapes sont réalisées de façon collaborative, mais si la femme est incapable d’y participer, il pourrait être nécessaire d’être plus directif pour l’aider à mobiliser ses capacités d’adaptation. Les aptitudes d‘écoute constituent un aspect important de ces étapes, et le conseiller agira principalement de manière non directive, collaborative ou directive selon l’évaluation de l’état de la femme:
- en considérant des solutions de rechange, qui pourraient reposer sur trois perspectives possibles: a). aider la femme à évaluer ses ressources situationnelles, ou les personnes qu’elle connaît ou a connues qui se soucieraient de ce qui lui arrive; b). l’aider à indiquer les mécanismes d’adaptation ou les actions, comportements ou ressources environnementales susceptibles de l’aider à traverser la crise actuelle; et c). l’aider à examiner ses modes de pensée et, si possible, à trouver les moyens pour recadrer sa situation afin de modifier sa perception du problème, lui permettant de réduire son niveau d’anxiété.
- en élaborant un plan dirigé par la femme concerné, qui soit très détaillé et indique les personnes, groupes et autres ressources d’orientation susceptibles d’être contactés pour un soutien immédiat. Fournir des mécanismes d’adaptation et des mesures d’actions concrètes et positives que la femme pourrait entreprendre dans l’immédiat. Il est important que la planification soit réalisée dans toute la mesure du possible en collaboration avec la femme, pour qu’elle ait le sentiment que ce plan lui appartient. Il est important qu’elle ne se sente pas privée de son pouvoir, de son indépendance et de son respect de soi. Les aspects les plus importants de la planification sont le sentiment de contrôle et d’autonomie de la femme. La planification a pour but d’aider à franchir le court terme pour aboutir à la sensation d’un certain équilibre et d’une certaine stabilité.
- en obtenant l’engagement. Le contrôle et l’autonomie sont des éléments importants de la dernière étape du processus, qui consiste à demander à la femme concernée de récapituler [oralement] le plan. Dans certains incidents susceptibles d’entraîner la mort, l’engagement peut être donné par écrit et signé par les deux personnes. Le but est est de permettre à la femme de s’engager à suivre le plan, et de prendre des mesures positives concrètes pour rétablir l’état de fonctionnement d’avant la crise. Les engagements pris [par la femme] doivent être volontaires et réalistes. Un plan élaboré uniquement par le personnel sera inefficace (extraits adaptés à partir de James, R. 2008. Victoria model of crisis intervention. In crisis intervention strategies. (6e édition). Thomson. Belmont, CA: comme cité dans l’Alberta Council of Women’s Shelters, 2009).
(d’après l’Alberta Council of Women’s Shelters, 2009. Sheltering Practices: Module 6 - Crisis Intervention).
Soutien psychologique
Utilisée de plus en plus souvent à la place des méthodes qui comportent des séances d’information pendant la crise, le soutien psychologique (appelé par certains “premier secours”) est une option de réponse qui consiste à:
- fournir une prise en charge et un soutien pratiques, qui ne soient pas intrusifs;
- évaluer les besoins et les problèmes;
- aider les gens à subvenir à leurs besoins essentiels (par exemple, nourriture et eau, information);
- écouter les gens, sans les forcer à parler;
- les rassurer et les aider à garder leur sang-froid;
- les aider à accéder à l’information, aux services et aux soutiens sociaux;
- les protéger contre de nouvelles violences.
Cette méthode s’articule autour de trois principes: observer (pour s’assurer que la situation est sûre, identifier les personnes qui ont des besoins immédiats ou seraient en situation de crise), écouter (en établissant le contact et en s’efforçant de comprendre les préoccupations de la femme ou de la fille concernée, si elle accepte d’en faire part, et en l’aidant à rester calme), et relier (les femmes avec une information pertinente, des ressources, un soutien pour répondre à leurs besoins essentiels).
Les personnes travaillant dans ce domaine devraient recevoir une formation et une orientation en matière de premiers secours psychologiques avant d’utiliser cette méthode, même si elles ne doivent pas nécessairement être des conseillers professionnels pour ce faire. La formation rend cette méthode particulièrement adaptée aux interventions dans les milieux à faibles ressources (OMS, War Trauma and World Vision, 2011).
Outils:
Psychological first aid: Guide for field workers (Organisation mondiale de la santé, War Trauma Foundation and World Vision International, 2011). Disponible en anglais.
Anthology of Resources: Psychological First Aid For Low and Middle Income Countries Project 2009-2010 (War Trauma Foundation and World Vision International, 2011). Disponible en anglais.
IASC Guidelines on Mental Health and Psychological Support in Emergency Settings (Comité permanent interinstitutions, IASC, 2007). Disponible en anglais.