Les campagnes d’action urgente constituent une forme particulière de plaidoyer en faveur de l’application des lois en vigueur. Les deux types de campagnes de plaidoyer décrits ci-dessus visent à un changement institutionnel s’inscrivant dans le long terme, mais il y a parfois lieu de faire face d’urgence à un problème spécifique. L’appel à l’action d’urgence peut se situer dans le cadre d’une campagne de plus grande envergure ou constituer une initiative autonome.
Exemple : Le guide d’UNIFEM Making a Difference: Strategic Communications to End Violence Against Women [Faire une différence : communications stratégiques pour éliminer la violence à l’égard des femmes] (2003), disponible en anglais et en russe, contient des exemples de ce type d’action d’urgence.
« Des rumeurs ont commencé à circuler au sein du mouvement des femmes de l’Ouganda qu’un roi prévoyait de procéder au rituel traditionnel du simulacre de noces avec une jeune vierge, à titre de « purification » avant sa véritable cérémonie de mariage. Un retour à ce rituel traditionnel semblait inconcevable à la plupart des Ougandais, qui ne croyaient pas qu’un monarque « moderne » se conformerait à une telle pratique ancienne. Les rumeurs ont toutefois été confirmées par une annonce du roi signalant qu’il avait trouvé une adolescente du village de Baku qui prendrait part au rituel. Devant ce projet, le Réseau des femmes de l’Ouganda a pris contact avec l’organisation Isis-Women’s International Cross Culture Exchange (Isis-WICCE), sachant que celle-ci pourrait diffuser l’information dans le monde entier et qu’elle était associée à un réseau féministe international qui pourrait exercer des pressions. (…) Selon Isis, ce rituel constituait incontestablement une violation de la Constitution ougandais et des traités relatifs aux droits de la personne ratifiés par le gouvernement de l’Ouganda. Avec d’autres ONG, elle a décidé de lancer une vigoureuse campagne dans les médias et de demander aux autorités gouvernementales d’intervenir, conformément à leurs engagements et à leurs obligations au titre des instruments internationaux auxquels le pays avait souscrit.
Les ONG ont envoyé un nombre considérable de courriels pour avertir divers réseaux de femmes mondiaux que ce rituel allait avoir lieu. La presse internationale n’a pas été longue à s’emparer de l’affaire et a commencé à exercer des pressions, notamment en appelant des représentants du gouvernement pour savoir quelle était leur position et en couvrant l’affaire dans tous ses détails. La question est ainsi devenue un sujet d’actualité largement débattu dans le pays, et les pressions du public ont fini par avoir leur effet. Le royaume a émis un communiqué indiquant que le roi aurait une cérémonie de mariage réelle et que le rituel consistant à prendre l’adolescente pour épouse symbolique n’aurait pas lieu. »
(Adapté d’une interview avec Ruth Ochieng, Isis-WICCE, réalisée au cours de l’Atelier de communications stratégiques de Harare, mars 2001).