Dans les campagnes portant sur des questions lointaines des réalités quotidiennes des intervenants, les militants et les organismes locaux affectés par le problème visé par la campagne doivent être consultés. La campagne doit être conçue et exécutée en partenariat avec les personnes touchées dans leur existence par le problème visé par la campagne. C’est là une règle qu’il faut se garder d’ignorer pour ne pas miner des efforts locaux utiles ainsi que la crédibilité générale de la campagne.
De nombreuses campagnes d’élimination de la violence à l’égard des femmes ont été lancées par des femmes qui ont connu cette violence dans leur vie. Les survivantes de la violence à l’égard des femmes d’horizons sociaux, économiques et culturels distincts peuvent vivre la violence et les problèmes qui y sont liées de manières très différentes. En conséquence, même dans les campagnes menées par des survivantes d’actes de violence, il est important de procéder à de larges consultations de toute une gamme de femmes et de filles dont les problèmes seront pris en considération dans la campagne.
Exemple : Le cas d’Amina Lawal, condamnée à mort pour adultère par un tribunal de première instance au Nigéria en 2002, donne un exemple de consultation insuffisante avec les sources locales. Malheureusement, les informations inexactes utilisées dans des campagnes internationales bien intentionnées d’envoi de lettres pour défendre sa cause ont eu des impacts négatifs sur la crédibilité des militant(e)s au Nigéria, ce qui a causé des difficultés pour faire invalider le jugement au moyen du système d’appels. Ceci a amené les ONG de défense des droits des femmes Women Living under Muslim Laws (WLUML) et BAOBAB for Women’s Rights à émettre la requête suivante : « Nous demandons des stratégies de solidarité internationales qui respectent les analyses et l’action des militant(e)s les plus étroitement impliqué(e)s et les plus au fait des problèmes sur le terrain et des souhaits des femmes et des hommes qui souffrent directement des violations de leurs droits. (…) Certes, il est toujours possible que les personnes directement impliquées se trompent, mais la façon de procéder consiste alors à les persuader du bien-fondé de son analyse et de ses stratégies, et non pas à ignorer leurs vœux. Au moins, ces personnes ont à vivre avec les conséquences d’éventuelles décisions erronées de leur part. Nous vous prions de vous mettre en rapport avec les personnes dont les droits ont été violés et/ou avec les groupes locaux directement impliqués pour parler des stratégies de solidarité et d’appui avant de lancer les campagnes. » Lire la version complète de la demande de BAOBAB for Women’s Human Rights [en anglais].
L’équipe de juristes défendant Amina Lawal a fini par avoir gain de cause et le jugement la condamnant a été infirmé en appel.