Établissement de la campagne sur les bases factuelles : Il est essentiel d’effectuer des recherches pour bien appréhender les attitudes, les comportements, les mécanismes institutionnels et les facteurs situationnels qui produisent ou réduisent diverses formes de violence à l’égard des femmes dans différents contextes. Ces recherches doivent, pour bien faire, être participatives et impliquer des représentant(e)s du public cible, de manière à tenir compte des différents points de vue et à tester et à modifier s’il y a lieu les hypothèses sous-jacentes. On peut appliquer des théories et des modèles de changement fondés sur les sciences sociales pour prévoir les voies de changement possibles applicables au public cible et concevoir des stratégies de mise en œuvre efficaces.
Exemple : Breakthrough, ONG mondiale de défense des droits de la personne, a lancé sa campagne Bell Bajao!/Sonnez à la porte ! [en anglais] en 2008 dans toute l’Inde pour inviter les hommes et les garçons à prendre position contre la violence domestique par une intervention simple par lesquels les témoins s’impliquent, en sonnant à la porte de la maison lorsqu’ils constatent la commission d’actes de violence. La stratégie culturelle, organisationnelle et médias intégrée visait à inclure le problème dans le débat quotidien, à accroître les connaissances sur la violence domestique et les femmes séropositives et à modifier les attitudes communautaires ainsi que les comportements individuels.
Dans le cadre de sa recherche formative, Breakthrough a procédé à un sondage pour connaître la situation de référence au niveau de l’État sur la violence sexiste, la violence domestique, les droits des femmes et les dispositions juridiques y relatives (Loi sur la protection des femmes contre la violence domestique). L’organisation a également inclus dans la situation de référence les habitudes médiatiques et les sources d’information préférées du public cible. Elle a également fait usage de sources de données secondaires, notamment de l’OMS et de l’Enquête nationale de l’Inde sur la famille. Au cours de l’exécution de la campagne, des activités de suivi ont été entreprises pour faire fond sur la recherche formation; c’est ainsi que des indicateurs ou « marqueurs » mesurés dans la situation de référence ont fait l’objet d’un suivi à intervalles réguliers, puis à la fin de la campagne de manière à déterminer l’impact général de l’intervention.
Accéder à la campagne Bell Bajao/Sonner à la porte [en anglais].
Lire le Sondage de base sur la violence domestique et le VIH/sida [en anglais].
Lire l’étude de cas Bell Bajao [en anglais].
Définition de buts spécifiques et adoption d’un plan stratégique : Plus les buts de la campagne sont spécifiques, plus il est facile de définir les publics cibles et les voies, tactiques et techniques de communication. Un processus systématique de planification stratégique participative permet de choisir en toute connaissance de cause et constitue une base convenue d’action et de responsabilisation.
Conception d’une stratégie de communications solide : Les communications efficaces sont définies par l’objet de la campagne : qu’est-ce qui doit changer, pourquoi, et qui faut-il atteindre pour instaurer le changement ? Dans le cadre général de la stratégie de la campagne, la stratégie de communication occupe une place essentielle pour déterminer les modalités selon lesquelles on retiendra l’attention des publics cibles, émettre des messages convaincants et encourager à l’action. Étant donné l’accroissement de l’usage de l’internet et des réseaux sociaux ainsi que l’emploi généralisé des technologies mobiles et vidéo qui caractérise l’époque contemporaine, des activités de communication bien planifiées peuvent influer directement sur le succès des campagnes.
Suivi et évaluation : Il est essentiel que les campagnes, et en particulier leur contexte et leurs effets, fassent l’objet d’un suivi et évaluation selon un processus bien défini. Le suivi est un élément indispensable pour vérifier les progrès, corriger les erreurs et s’adapter aux changements extérieurs. Il permet aux responsables des campagnes de saisir les nouvelles possibilités et d’éviter les risques. L’évaluation mesure les effets et les impacts et transforme les données et les leçons à retenir en des connaissances qui peuvent être partagées avec d’autres, de manière à renforcer et à éclairer les futures campagnes visant à mettre fin à la violence à l’égard des femmes.
On ne dispose malheureusement à l’heure actuelle que d’un nombre limité d’évaluations publiées de campagnes d’élimination de la violence à l’égard des femmes et aucune de celles qui sont disponibles n’indique l’existence d’une relation directe de cause à effet entre les activités de campagne et la réduction de cette violence. Les évaluations disponibles traitent de questions diverses dans des contextes divers eux aussi et appliquent différentes méthodes avec un niveau de rigueur variable. Il est donc difficile d’en tirer des conclusions solides et il convient d’investir davantage dans la recherche et l’analyse des évaluations de campagnes pour élargir la base de connaissances et éclairer les campagnes à venir.