Pour de nombreuses raisons, la réforme du secteur judiciaire en matière de violence envers les femmes peut devenir hautement politisée. L’accès à la justice est une forme de pouvoir, et changer le mode d’accès des femmes à la justice peut être considéré comme une manière de changer la dynamique des rapports de force entre les hommes et les femmes dans une communauté donnée. Changer le fonctionnement des mécanismes informels peut également être perçu comme compromettant la solidarité communautaire et, par conséquent, comme modifiant la dynamique des rapports de force vis-à-vis des structures étatiques et d’autres communautés.
Dans certaines communautés qui s’identifient comme minoritaires ou autochtones notamment, il peut y avoir des tensions entre la promotion des droits des femmes en tant que personnes et l’importance attachée à certaines pratiques judiciaires qui prônent l’harmonie et l’unité. Il est cependant impératif que tous les systèmes de justice mettent constamment en avant le droit des femmes de vivre à l’abri de la violence. Le changement des normes en matière de violence envers les femmes peut également avoir des incidences négatives sur les moyens de subsistance de certains membres des communautés. Cela arrive souvent lorsqu’on interdit l’utilisation de pratiques nuisibles aux femmes, comme les MGF, ce qui entraîne une perte de revenus et de prestige pour les praticiens traditionnels auprès de la communauté. Cela ne peut justifier en aucun cas la poursuite des pratiques nuisibles, mais donner à réfléchir au moment de l’élaboration stratégique d’un programme efficace. Les planificateurs de programme qui sont conscients de ces dynamiques politiques dont ils tiendront compte dans l’élaboration de leur statégie parviendront plus facilement à susciter des changements positifs. Par exemple, d’anciens praticiens de MGF peuvent être employés pour faire connaître les effets nuisibles de cette procédure plutôt que de les reconvertir à d’autres emplois.