- Il peut se définir de diverses manières, mais il s’agit fondamentalement de « l’exercice du pouvoir par la communauté des citoyens face au pouvoir de l’État ». C’est un outil qui permet aux citoyens de participer réellement au processus décisionnaire de l’État et d’autres organes influents. Voir : Bureau de Washington pour l’Amérique latine (WOLA), Manual for Facilitators of Advocacy Training Sessions (Manuel à l’intention des facilitateurs des séances de formation au plaidoyer), p. 12, 2001.
- En même temps, le plaidoyer doit dépasser le cadre de la communauté des citoyens et impliquer aussi bien des ressortissants que des non-ressortissants, compte tenu en particulier de l’instabilité mondiale qui déplace les populations et pousse les gens en quête de sécurité à fuir leur foyer et même leur pays. Des femmes et des filles qui ont subi des violences sexistes peuvent se retrouver dans un pays étranger à la suite d’une guerre, parce qu’elles ont été victimes de trafics de main-d’œuvre et/ou de traite à des fins d’exploitation sexuelle, ou parce qu’elles ont fui un époux ou un partenaire violent ou des pratiques mettant en danger leur sécurité et leur vie. Voir : Equitas, Centre international d’éducation aux droits humains, International Human Rights Training Program Resource Manual (Programme international de formation aux droits humains 2009, Recueil de documents), p. 317, 2009.
Mener des actions de plaidoyer, c’est aussi :
- Plaider en faveur d’une politique et persuader les personnes investies d’un certain pouvoir d’apporter leur soutien à cette politique à tous les niveaux : local, national et international. Voir : Women, Law & Development International et Human Rights Watch, Women’s Human Rights Step by Step (Les droits fondamentaux des femmes étape par étape), p. 116, 1997 ; Global Rights, Legislative Advocacy Resource Guide : Promoting Human Rights in Bosnia and Herzegovina (Guide des ressources pour une action de plaidoyer en vue d’une réforme législative : la promotion des droits de l’homme en Bosnie-Herzégovine), p. 4, 2005.
- Acquérir et exercer le pouvoir de façon à peser sur une action politique. Voir : Plaidoyé & Lobbying, Réseau International de Connaissances sur les Femmes en Politique, § 2.
- Lancer des actions ordonnées destinées à peser sur les politiques publiques, les comportements sociaux et les processus sociopolitiques de façon à ce que les personnes marginalisées puissent reprendre la parole et parler pour elles-mêmes. Voir : Equitas, Centre international d’éducation aux droits humains, International Human Rights Training Program Resource Manual (Programme international de formation aux droits humains 2009, Recueil de documents), p. 317, 2009.
- Organiser les initiatives citoyennes afin d’influencer l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et programmes publics en faisant pression sur les autorités de l’État, sur les institutions financières internationales et sur les autres acteurs influents. Voir : Bureau de Washington pour l’Amérique latine (WOLA), Manual for Facilitators of Advocacy Training Sessions (Manuel à l’intention des facilitateurs des séances de formation au plaidoyer), p. 12, 2001.
- Par plaidoyer, il faut entendre à la fois stratégie et action en vue d’atteindre un objectif. Cet objectif est l’engagement des parties prenantes dans les décisions qui les concernent. Les actions entreprises en vue d’atteindre cet objectif seront normalement étalées dans le temps et en montée progressive. Il est rare que les stratégies mises en place par des ONG réussissent à la première tentative. Le succès arrive plutôt par étapes, grâce à la persévérance et à un engagement à long terme.
ÉTUDE DE CAS : au Pakistan, une loi marquant une étape importante dans la protection des femmes contre le harcèlement sexuel au travail est entrée en vigueur presque dix ans après les premières démarches de la société civile. [Cross link to section Le harcèlement sexuel]. L’Alliance contre le harcèlement sexuel (AASHA, en anglais), une coalition de six associations de femmes, a engagé une action de plaidoyer en examinant des lois en vigueur et des lignes d’orientation pratiquées à travers le monde en matière de harcèlement sexuel, et plus particulièrement dans des pays considérés comme proches du Pakistan du point de vue social, politique ou géographique. Une fois les informations de base collectées, l’AASHA a entamé une analyse situationnelle approfondie du harcèlement sexuel sur le lieu de travail en l’axant sur certaines professions : infirmières, vendeuses, employées de maison et ouvrières agricoles notamment. Après examen des informations et données de base, l’AASHA a élaboré un projet de code de conduite pour l’égalité des sexes sur le lieu de travail. Des experts juridiques ont revu le texte du projet qui a ensuite été soumis au ministère du Développement de la femme, et une série de réunions de consultation ont été organisées au niveau régional dans tout le Pakistan. D’autres partenaires ont été impliqués dans le processus, dont le ministère du Travail et l’Organisation internationale du travail (OIT). Ce processus a abouti à l’organisation d’une Réunion technique nationale sur le code de conduite, au cours de laquelle les experts et autres parties prenantes ont apporté leur contribution au projet. Ces réunions ont donné lieu à un projet final.
Mais les actions de plaidoyer n’ont pas cessé pour autant. L’AASHA et ses partenaires ont travaillé avec un petit nombre d’employeurs pakistanais qui étaient d’accord pour tester le code dans leurs locaux. Puis le groupe a travaillé avec des employeurs du pays tout entier pour les encourager à adopter le code et ceux qui se sont engagés dans le projet ont été inscrits sur le site Internet d’AASHA en tant qu’employeurs progressistes soutenant le projet. Le code a été intégré à un projet de loi que le conseil des ministres a fini par entériner en 2008 et qui a été adopté en 2010. En outre, grâce à des réunions annuelles qui avaient rassemblé des travailleuses du pays tout entier, il est apparu que la protection des salariées, en particulier celles du secteur informel, passait par une révision du Code pénal. L’AASHA a proposé des modifications en ce sens, et le Code pénal et le Code de procédure pénale ont été révisés en 2009. Voir : Résumé du processus d’élaboration du Code de conduite (AASHA, en anglais) ; Raja Asghar, Le Pakistan adopte une loi décisive contre le harcèlement sexuel (en anglais), 22 janvier 2010 ; Nosheen Abbas, Le harcèlement sexuel au Pakistan (en anglais), 16 décembre 2009.