Pour permettre une intervention communautaire coordonnée, toute loi sur la violence domestique devra contenir les stratégies suivantes :
- faire en sorte que la préoccupation première soit la sécurité de la survivante, par le biais d’une action efficace de la police, d’ordonnances de protection d’urgence et de l’accès à des foyers d’accueil d’urgence ;
- rendre obligatoires les services d’intervention d’urgence (lignes téléphoniques disponibles 24 heures sur 24, conseils juridiques, soins médicaux, aide financière et aide au logement) ;
- prévoir des dispositions garantissant une réponse efficace et coordonnée de la justice, notamment une réaction appropriée et rapide de la police, une réaction adaptée du ministère public et de l’appareil judiciaire, la coordination des informations entre tous les acteurs judiciaires, la défense des victimes, et la mise en application des ordonnances de protection ;
- prévoir des mesures appropriées contre les auteurs de violence afin de les obliger systématiquement à rendre des comptes, notamment par des arrestations ou toute autre sanction adaptée ;
- prévoir des services de suivi pour les plaignantes/survivantes, tels qu’un soutien psychologique, des groupes d’aide, des services pour les enfants, des services de soins pour les auteurs de violence, une aide à la recherche d’emploi, une aide au logement, des soins de santé et des systèmes de garde pour les enfants ;
- rendre obligatoire la formation du personnel de tous les services concernés ;
- prévoir des dispositions rendant obligatoires la coordination et le suivi des interventions, notamment par le biais de comités ou de conseils consultatifs, d’une surveillance judiciaire, de la collecte et de la communication des données, et de systèmes d’obligation de rendre des comptes.
Informations tirées du site suivant : http://www.stopvaw.org/Goals_and_Strategies_of_Intervention.html.
ÉTUDE DE CAS : l’implication des chefs traditionnels dans la lutte contre la violence familiale au Cameroun
Au Cameroun, la violence sexiste se manifeste sous la forme de violences sexuelles, de pratiques traditionnelles néfastes et de violences familiales. Dans ce pays, les femmes sont couramment soumises à des violences familiales physiques et psychologiques. Cette violence résulte de la croyance en l’infériorité de la femme, du sentiment de honte qui empêche les femmes de signaler les actes de violence, et de l’absence de réaction efficace des autorités. En 2007, une ONG camerounaise, le Centre pour la défense des droits de l'homme et de la paix (CHRAPA), a lancé, avec le financement du Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies à l'appui de la lutte contre la violence à l'égard des femmes, UNIFEM, un projet à plusieurs niveaux destiné à lutter contre ces problèmes. Ce projet avait pour objectifs de : mettre en place un programme d’assistance juridique pour les victimes ; mener un travail d’éducation auprès du grand public et de certains groupes cibles, comme les policiers, les dirigeants de groupes de défense des femmes, et les autorités traditionnelles ; tenter de faire adopter une loi contre la violence sexiste ; et mener une enquête sur la situation initiale dans la zone concernée par le projet afin d’obtenir des statistiques sur la violence contre les femmes, notamment ses formes, sa fréquence et ses auteurs.
L’équipe chargée du projet a utilisé un système de gestion participative impliquant toutes les parties concernées, qui ont ainsi participé à la planification de leur rôle dans la mise en œuvre du projet. En conséquence, les objectifs du projet ont été soutenus par un groupe de partenaires informés et impliqués. Parmi ces partenaires, l’implication des autorités traditionnelles a donné des résultats particulièrement positifs. Un réseau de chefs traditionnels, ou fons, a été créé. Ces chefs ont défini des stratégies de lutte contre la violence sexiste dans leur zone d’influence et ont appliqué la restitution pour les victimes de cette violence. Les responsables du projet ont raconté que ces chefs traditionnels, qui étaient autrefois les gardiens des pratiques violentes envers les femmes, appellent maintenant leurs communautés à y renoncer. Les fons continuent d’organiser des réunions traditionnelles pour sensibiliser la population, suivre les résultats du projet, et s’occuper des cas de violence. La violence contre les femmes est régulièrement à l’ordre du jour de ces réunions traditionnelles, et le CHRAPA tient les fons informés à ce sujet.
Voir aussi le chapitre du présent module de connaissances sur l’application des lois.
Pratique encourageante : en Pologne, un programme gouvernemental (en anglais) de mise en œuvre, notamment, des mesures de lutte contre la violence familiale (« Safer together ») vise à améliorer la coopération entre les organisations d’aide aux victimes et à mettre en place un système cohérent de procédures pour les échanges d’informations entre toutes les entités impliquées dans cette lutte.
La branche Afrique méridionale de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) (en anglais) et le ministère sud-africain du Développement social ont créé des centres polyvalents offrant un éventail complet de services aux victimes de violence familiale et à leurs enfants. Ces centres proposent des services publics et associatifs d’aide aux victimes et de promotion des programmes de prévention, notamment par le biais d’émissions de radio, de programmes scolaires et d’un travail auprès des jeunes hommes en détention. Voir Un projet de lutte contre la violence domestique en Afrique du Sud (en anglais), lettre d’information n° 4 (2005) de l’ONUDC