Une réponse communautaire concertée associant les services de santé et de police, les services judiciaires et juridiques, les refuges est les services de protection, les établissements d’enseignement et les groupes religieux ou culturels est d’une importance stratégique majeure pour s’assurer que les survivantes d’actes de violence, leurs enfants et les autres personnes à leur charge bénéficient du soutien global dont ils ont besoin et que ce soutien soit apporté de manière opportune et sensible. Les réponses communautaires concertées sont l’équivalent des approches multisectorielles au niveau local.
Dans de nombreux cas, des accords sont conclus au niveau central, puis transférés au niveau local. Les organisations gouvernementales et non gouvernementales concernées sont rassemblées par une « équipe de professionnels » (comprenant du personnel des services de santé, de la police, des foyers d’accueil, de l’assistance sociale, de la santé mentale, etc.), pour assurer une compréhension commune du cadre juridique et des lois en vigueur concernant la lutte contre la violence, du concept de la réponse communautaire concerté et son application pratique, des rôles respectifs et des procédures à suivre au sein de l’approche multisectorielle.
Les réponses communautaires concertées associent des particuliers et des organismes de divers secteurs pour :
- Aider les femmes et les filles à accéder aux services de protection et d’aide juridique et répondre à leurs autres besoins fondamentaux en matière de santé et de moyens d’existence;
- Encourager les survivantes à déclarer les incidents de violence en veillant à ce que les réactions soient sensibles aux sexospécificités et appropriées et en renforçant la confiance envers la police;
- Promouvoir une tolérance zéro dans l’ensemble de la communauté;
- Suivre de plus près les programmes de sécurité des femmes et d’interventions auprès de conjoints violents; et
- Accroître les taux de poursuites judiciaires et de condamnation. (Shepard and Pence, 1999; Morrison et.al., 2007)
Éléments clés et stratégies de réponse communautaire concertée:
- La sécurité des survivantes/victimes est le principe central et fondamental du modèle, qui doit être inculqué par des activités de sensibilisation et de formation, des protocoles, des procédures et autres mesures, à toutes les parties prenantes et aux prestataires de services clés (police, travailleurs sociaux, avocats, juges, etc.).
- Il convient de mener des négociations interinstitutions en vue de définir les modalités de la coopération, par des mémorandums d’entente, des protocoles et autres accords. Dans le processus de négociations, il est important d’obtenir le soutien des grands décisionnaires (notamment des maires et des autres autorités locales de haut niveau) et de travailler avec des acteurs qui jouissent de la confiance de la communauté.
- L’obtention de changements systémiques doit être le but des négociations et interventions interinstitutions dans le cadre de cette approche, qui vise non seulement à améliorer les réponses pour les femmes et les filles survivantes, mais aussi à instaurer des changements durables dans les attitudes, normes et pratiques au niveau des institutions prestataires de services elles-mêmes. L’intervention est axée sur les institutions dans leur ensemble, pas seulement sur leurs représentant(e)s individuel(le)s. Cette approche systémique exige que l’on œuvre en vue d’une formation de pré-service/institutionnalisée, que l’on assure l’adoption de normes minima (par exemple pour les services en rapport avec la violence domestique ou le viol), que l’on améliore l’équipement et l’infrastructure, et que l’on mette en place des mécanismes de contrôle continu de la qualité des services que reçoivent les survivantes d’actes de violence ainsi que des systèmes de recueil de données.
- On aura recours à des équipes multidisciplinaires qui rassemblent toutes les parties prenantes concernées. La composition exacte de ces équipes varie selon le contexte local et notamment selon les mesures législatives éventuelles qui peuvent définir les rôles et les obligations de secteurs et de professionnels particuliers.
- Des efforts de mobilisation communautaire et de prévention primaire doivent être déployés, notamment par des campagnes locales s’inscrivant dans la durée et impliquant les médias et diverses organisations et segments de la population, de manière à parvenir à une tolérance zéro et à instaurer un environnement porteur pour les survivantes d’actes de violence, ainsi qu’à favoriser les réformes des politiques et des dispositions juridiques et à obtenir des ressources.
- La réponse communautaire concertée exige de la souplesse, des facultés d’adaptation et un suivi continu. C’est un modèle dynamique capable de faire face aux besoins d’amélioration et de changement sur la base d’un suivi participatif continu associant les parties prenantes clés, compte tenu des informations relatives aux expériences des survivantes. Il s’agit de suivre les interventions auprès des auteurs des actes de violence et les efforts d’ajustement des politiques et des procédures pour mettre fin à l’impunité.
Leçons à retenir
- Le modèle de Duluth (Minnesota, USA) est l’un des modèles les plus évalués de réponse communautaire concertée visant la violence domestique. Il a été adapté à de nombreux contextes, notamment dans les pays en développement, et s’avère particulièrement utile dans les communautés de petites ou de moyennes dimensions.
- Le maintien et l’expansion des accomplissements peuvent présenter des difficultés dues au taux élevé de remplacement de personnel et de mutation au sein des instances gouvernementales.
- L’obtention de la participation de professionnels clés (tels que les médecins) peut s’avérer difficile, s’ils ne sont pas investis d’un mandat juridique solide en ce qui concerne la violence à l’égard des femmes.
- Les responsables d’organisations confessionnelles et autres dirigeants traditionnels sont des membres influents de la communauté qui ont leur rôle à jouer dans la réponse communautaire concertée, mais il est important de vérifier que leurs valeurs et leurs croyances sont bien alignées sur les droits de la personne des femmes de manière à assurer l’accès à la justice pour celles-ci.
- Outre l’établissement de voies de communication solides, les évaluations formelles et la documentation de leurs constats sont d’une importance vitale pour maintenir et améliorer les réponses, en particulier dans les situations où les changements d’acteurs sont fréquents.
Ressources:
The Duluth Model: Social Change to End Violence against Women (Domestic Abuse Intervention Programs). Disponible en anglais.
A Practical Guide to Evaluating Domestic Violence Coordinating Councils (Allen and Hagen/National Resource Center on Domestic Violence, 2003). Disponible en anglais.
Models of Community Coordination in Partner Violence Cases: A Multi-Side Comparative Analysis, Final Report (Worden/National Criminal Justice Reference Service, 2001). Disponible en anglais.
Domestic Violence and Sexual Assault CCR Toolkit (The Wisconsin Coalition Against Sexual Assault and The Wisconsin Coalition Against Domestic Violence, 2009). Disponible en anglais.
Manual Bridging Gaps - from Good Intention to Good Cooperation (Women against Violence Europe, 2006). Disponible en anglais.
Coordinated Community Response / Coalition Buildling / Collaboration (National Center on Domestic and Sexual Violence, United States). Disponible en anglais.