L’inégalité des sexes est la source profonde de la violence à l’égard des femmes. Il importe donc, afin de réduire les risques de violence subie par la femme, et de lui permettre d’échapper au mauvais traitement dans un premier temps et d’éliminer toute chance de violence à son encontre par la suite, de veiller au renforcement des droits humains de la femme, à l’amélioration de son niveau de développement humain, à la réalisation des opportunités et des choix à sa disposition, tout en s’attaquant aux normes et valeurs négatives que la communauté assigne aux rôles de l’homme et de la femme dans la société. (OMS, 2009). Les actions directes pour prévenir les actes de violence à l’égard des femmes et celles entreprises en réponse à de tels actes doivent s’accompagner dans la durée d’actions stratégiques plus générales de promotion de l’égalité des sexes. Ces actions visent à :
- Garantir que les droits de l’homme et les libertés fondamentales des femmes sont respectés, protégés et réalisés, par la ratification sans réserve de tous les traités relatifs aux droits de l’homme, y compris, en particulier, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et son Protocole facultatif; par des actions visant à faire en sorte que les femmes connaissent leurs droits et qu’elles ont les moyens de les réclamer et de les exercer; par la sensibilisation des hommes et des femmes, des garçons et des filles aux droits humains des femmes et à leur responsabilité de respecter les droits des autres; par des actions visant à faire en sorte que les femmes ont accès à la justice et à la même protection de la loi et que les auteurs de violence à l’égard des femmes ne jouissent d’aucune impunité; par la reconnaissance du droit de la femme d’avoir la maîtrise de son corps et de sa sexualité; et par la garantie du droit de la femme au patrimoine, à la propriété, au logement et à la sécurité sociale, parmi les autres droits économiques et sociaux. (Assemblée générale de l’ONU, 2006).
- Faciliter l’accès des filles à un enseignement de qualité dans les meilleures conditions de sécurité, en particulier au niveau de l’enseignement secondaire et supérieur. L’éducation des filles peut être un facteur de protection en leur permettant d’améliorer leurs connaissances, leurs compétences et leurs opportunités professionnelles, ce qui peut les aider à échapper au mariage précoce ou forcée et à améliorer leurs chances d’éviter ou d’échapper au mauvais traitement infligé par un partenaire intime. Un diplôme d’études supérieures est souvent associé aux meilleures opportunités d’emploi et aux chances de rémunérations plus élevés, ce qui constitue aussi un facteur de protection.
- Élargir l’accès des femmes aux ressources économiques et garantir leur droit d’en disposer librement, y compris les revenus et les actifs comme la terre et les biens. L’accès au revenu implique le droit de la femme d’être propriétaire, d’hériter, d’exploiter la terre et de disposer librement des biens lui appartenant, et le droit de travailler dans un lieu protégé à salaire égal et dans des conditions analogues de protection contre l’exploitation et la maltraitance. L’amélioration des conditions de travail des femmes et la possibilité d’accéder plus facilement aux ressources économiques comme la terre agricole et les autres ressources utilisées aux fins de production devront leur permettre d’apporter une aide économique accrue à leur famille et de contribuer à l’amélioration de leurs conditions d’existence, par le réinvestissement des revenus et l’augmentation de la productivité au niveau familial et au niveau national (FNUAP, 2005). La recherche a prouvé qu’il a un rapport très étroit entre le pouvoir économique et décisionnaire de l’homme et la maltraitance des femmes. Les femmes ont plus de chances d’être maltraitées si leur partenaire masculin est à l’évidence dominateur, ou si elles sont dans une relation avec des hommes élevés dans des familles où l’homme a le rôle dominant et où les sociétés qui endossent la notion de l’homme comme source principale de soutien de famille et administrateur des richesses. La domination et le contrôle exercées par l’homme à l’occasion de sorties est aussi un fort élément prédictif de violence de la part d’un partenaire intime (Vezina & Herbert, 2007). Les femmes maltraitées restent souvent dans ce type de relation en raison de la dépendance financière de leur partenaire et du fait qu’elles n’ont pas d’autre choix économique. L’accès croissant des femmes aux ressources économiques et le droit d’en disposer librement devront leur permettre d’échapper au mauvais traitement et leur offrir le choix d’entrer dans une relation sans concessions de leur part et sur un pied d’égalité.
- Mobiliser les nombreuses femmes susceptibles d’exercer leurs droits politiques et de participer aux prises de décision politique, que ce soit au niveau local, au niveau national et au niveau international. La représentation et la participation croissantes des femmes à la vie et aux institutions politiques contribuent à améliorer la gouvernance et les politiques menées dans les domaines clés de l’éducation, de la santé et du développement, et à réduire le niveau de corruption (Swamy A, et.al. 2001; Banque mondiale. 2001; Projet du Millénaire de l’ONU. 2005, cité dans FNUAP, 2005). Les femmes en position de décider ont la possibilité de mobiliser le public et de faire appliquer les législations, les politiques et les programmes de lutte contre la violence à l’égard des femmes. La présence des femmes dans certains secteurs d’activité comme la sécurité (en tant qu’agent de police ou militaire) et la santé (prestataires de soins) devrait faciliter leurs démarches consistant à signaler un acte de violence ou à solliciter une assistance en cas de sévices à leur encontre.
- S’attaquer aux normes et attitudes socio-culturelles relatives au rôle et au statut des hommes et des femmes au foyer et dans la collectivité, qui contribuent à perpétuer l’inégalité des sexes dans la société, par le biais d’interventions holistiques multisectorielles qui mobilisent les principaux chefs traditionnels, spirituels et autres personnalités communautaires, qui ont les moyens de corriger les attitudes, les opinions et les pratiques nuisibles qui prolongent le traitement inégal des hommes et des femmes et perpétuent la violence à l’égard des femmes. (Victoria Health Promotion Foundation, 2007; FNUAP, 2005).
Des changements positifs dans ce domaine devraient accélérer l’autonomisation des femmes en leur offrant des perspectives de développement élargies et en améliorant leur situation économique, politique et sociale (et celle de leurs dépendants), ce qui réduirait leur vulnérabilité à la violence et multiplierait leurs chances d’envisager un avenir à l’abri de mauvais traitement. Par example, voir Investir dans l’égalité des sexes : Mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles (ONU Femme, 2010); disponible en arabe, anglais, francais, et espagnol.