Outre l’aménagement d’installations et l’application de diverses solutions de remplacement, les opérations pratiques des réseaux de transports publics devraient s’adapter aux besoins des femmes. Les changements de cette nature exigent de la part des responsables des transports publics qu’ils accordent une place prioritaire aux préoccupations sexospécifiques à mesure qu’ils développent et améliorent leurs services. En conséquence, de tels changements risquent de mettre plus de temps à se réaliser que d’autres programmes, comme celui concernant l’aménagement d’unités de soins.
Adoptez un programme Arrêt à la demande.
La mise en application d’un programme Arrêt à la demande est un excellent moyen dont disposent les services d’autobus pour rendre les transports publics plus sécuritaires pour les femmes et les autres passagers. Un programme de ce type permet en effet aux passagers jeunes, âgés et femmes qui voyagent seuls de demander aux conducteurs d’arrêter leur véhicule et de les déposer entre les arrêts. Cela réduit la durée des trajets qu’ils doivent effectuer à pied pour arriver à leur destination. De nombreuses villes appliquent ce programme le soir, lorsque les chemins empruntés par les piétons sont les plus désertés.
Source de l’illustration : Commission de transport de Toronto.
Étude de cas : Les programmes Arrêt à la demande à Toronto et à Montréal.
Le Programme Arrêt à la demande a été lancé à Toronto en 1991 par la Commission de transport de Toronto. Cela a entraîné la mise en place du Programme « Entre deux arrêts » de Montréal, lancé en 1996 par la Société de Transport de Montréal. Les deux programmes fonctionnent toujours et permettent aux femmes de demander aux conducteurs d’autobus d’arrêter leur véhicule entre les arrêts de 21 heures à 5 heures du matin, ou après la tombée de la nuit, réduisant ainsi les trajets qu’elles doivent effectuer à pied seules pour atteindre leur destination. De plus amples renseignements sont disponibles en anglais ou, pour l’étude de cas de Montréal, en français et en anglais.
Il convient de plaider en faveur d’alternatives en matière de transports, conçues spécifiquement pour répondre aux besoins des femmes et des filles et pour assurer leur sécurité.
Les femmes et les filles devraient disposer d’alternatives aux transports publics d’un coût abordable et sécuritaires aux heures où le service n’est pas disponible ou est limité, pour pouvoir se déplacer librement en dehors des heures de pointe. Les mécanismes pouvant être mis en place pour ce faire comprennent les programmes de covoiturage, les programmes de taxi spécialisés, les programmes de location communautaire de voitures et les programmes de location/partage de bicyclettes.
Étude de cas : Préconiser des solutions de substitution conçues spécifiquement pour destinées à répondre aux besoins et à la sécurité des femmes et des filles dans les transports publics.
Les responsables des transports publics devraient proposer des solutions de substitution abordables et sécuritaires pour les femmes et les filles pendant les périodes où les services sont suspendus ou réduits, ce qui permettrait à celles-ci de se déplacer librement en période creuse. Parmi les solutions envisageables figurent les programmes de covoiturage, de services de taxi spécialisés, de location commune de voiture et de location ou de partage de vélos.
Étude de cas : RightRides.
RightRides [littéralement « les bons trajets »] est une organisation locale à but non lucratif basée à New York. Établie en 2004, elle propose des déplacements gratuits aux femmes, aux transsexuels et aux homosexuels la nuit du samedi au dimanche (de 23h59 à 3 heures du matin). Depuis 2004, RightRides a déposé chez elles près de 2 000 personnes. Le programme est géré par des bénévoles qui conduisent des voitures offertes comme dons. RightRides fournit également des renseignements et un soutien à ceux qui souhaitent lancer leur propre section (Reid, 2007). De plus amples renseignements sont disponibles en anglais.
Étude de cas : Service « Wheel-Trans» (Transports sur roues) de la Commission de transport de Toronto (TTC), Toronto (Canada).
En règle générale, les femmes rencontrent plus de difficultés que les hommes dans leurs déplacements. Pour les femmes handicapées, à l’insuffisance des moyens de transport public fiables, sécuritaires et abordables s’ajoutent l’inaccessibilité aux services existants et l’absence de solutions de substitution pour répondre à leurs besoins particuliers. Par ailleurs, étant donné que les femmes handicapées risquent plus d’être victimes de la maltraitance ou de violences, le manque d’accès aux transports publics peut s’opposer à ce qu’elles mettent fin à des relations psychologiquement destructives. « Wheel-Trans» est un service de transport public proposé par la TTC aux personnes handicapées, qui a pour objectif de mettre à leur disposition des services et des aménagements classiques, ainsi que d’autres services plus spécialisés. Cela permet aux femmes handicapées d’avoir accès tous les jours à des modes de transport fiables, sécuritaires et abordables, ainsi qu’aux moyens de transport d’urgence en cas de besoin (Haniff-Cleofas et Khedr, 2005).
Encouragez les efforts concertés visant à réduire la suroccupation dans les tramways, les autobus et les trains.
Les femmes et les filles sont plus exposées à l’insécurité lorsqu’elles se retrouvent à voyager dans des voitures bondées (Kuneida et Gauthier, 2003, 10). Les responsables des transports publics devront accorder une attention particulière à ce problème et s’efforcer de réduire les taux d’occupation des véhicules par la mise en service de moyens de transports supplémentaires aux heures de pointe, ou de voitures réservées aux femmes.
Étudiez la possibilité de la mise en service de voitures, d’itinéraires, et de créneaux horaires réservés aux femmes dans les métros, les bus, les trains et les taxis, lorsque les femmes ne peuvent pas voyager en toute sécurité et lorsqu’elles en expriment le besoin ou le souhait.
De nombreuses villes comme Mexico, Tokyo, Osaka, New Delhi, Beyrouth et Rio de Janeiro ont adopté des versions des programmes « réservés aux femmes » dans les métros, les autobus, les trains et les taxis. Selon les rapports, ces programmes ont permis aux femmes de se sentir moins menacées dans les transports publics et donc plus enclines à en faire usage. Pourtant, malgré ce résultat positif, ces programmes suscitent aussi de nombreuses polémiques. Certains craignent que le public ou les décideurs politiques ne considèrent ces mesures comme définitives plutôt que comme des actions temporaires de discrimination positive destinées à encourager des changements à court terme. La ségrégation des femmes n’est pas un gage de sécurité urbaine ou collective. Les femmes devraient pouvoir se déplacer en sécurité partout et n’importe quand, en présence ou en l’absence des hommes. Certains considèrent par ailleurs que les approches « réservées aux femmes » pénalisent les femmes plutôt que de cibler les auteurs d’actes de violence à leur égard (Loukaitou-Sideris et al., 2009, 47).
Néanmoins, le fait de pouvoir se rendre au travail sans être harcelée ou de prendre un taxi pour rentrer chez soi sans se demander où le chauffeur vous emmène, constitue un progrès considérable, autant parce qu’il représente une solution de substitution sécuritaire pour les femmes que parce qu’il constitue un excellent moyen de sensibilisation aux obstacles sexospécifiques inhérents aux transports publics.
Exemples :
Source de l’illustration : Life.
Le Réseau du métro de Tokyo.
Bien que l’un des réseaux ferroviaires urbains les plus grands et des plus efficaces du monde, le métro de Tokyo fonctionne parfois à 200 % au-dessus de sa capacité. La suroccupation des voitures qui en résulte est propice aux actes de harcèlement ou d’attouchements dont sont victimes les femmes. Ces formes de violence ont conduit à la mise en service de voitures réservées aux femmes dans les arrondissements de Kanto et de Kansai (Kuneida et Gauthier, 2002, 14).
Source de l’illustration :
Programme « Marketplace », National Public Radio (USA).
Taxis Banet, Beyrouth (Liban).
Taxis Banet, qui signifie « Taxis des filles » en arabe, est un service de taxis réservé aux femmes lancé en mars 2008. Ces taxis roses, conduits uniquement par des femmes, sont censés offrir une solution de substitution sécuritaire et abordable aux femmes qui craignent de voyager seules dans des taxis ordinaires et par d’autres modes de transports publics, surtout le soir. Avant cette « révolution rose », les femmes ne disposaient d’aucune autre possibilité de transport à Beyrouth (Duncan, 2009).
Source de l’illustration : Good.Is/Magazine
Forshe, New Delhi (Inde).
De nombreux obstacles entravent la libre circulation des femmes dans la mégalopole de New Delhi : des autobus peu nombreux, bondés et peu sécuritaires; le métro qui ne dessert pas toute la ville; l’absence d’auto-pousse la nuit et un réseau ferroviaire qui est un véritable foyer de harcèlement. Forsche, service de radio-taxis réservé aux femmes, vise à combler ces lacunes en offrant aux femmes un autre choix : des taxis disponibles en permanence, conduits par des femmes formées aux arts martiaux (Khullar, 2009).
Encouragez la multiplication des services de transport public en fonction des besoins des femmes.
Afin de satisfaire aux besoins des femmes qui effectuent plusieurs arrêts au cours de leurs déplacements en ville (pour la garde des enfants ou des personnes âgées, pour leur travail, pour faire des courses, etc.), il convient que les réseaux de transport public renforcent leurs services pendant les heures creuses ou prévoient des arrêts supplémentaires aux heures régulières. En outre, les responsables des transports publics devraient s’efforcer à mieux relier les destinations situées à l’écart des principaux axes de desserte que les femmes peuvent emprunter pour les nombreuses raisons citées ci-dessus (Kuneida et Gauthier, 2003, 12).
Veillez à la parité des sexes parmi les responsables des transports publics et les administrations locales.
La présence d’un personnel responsable des transports publics plus nombreux et où les femmes et les hommes sont plus également représentés peut encourager les femmes, les filles et les autres victimes de harcèlement, de mauvais traitements, de vol et d’autres actes de violence à porter plainte. Elle peut également avoir un effet dissuasif sur la commission de tels actes. Il convient donc d’encourager la présence de personnel masculin et féminin dans les autobus, les voitures de métro et les trains, ainsi que dans les stations et les gares (Kuneida et Gauthier, 2003, 26).
Songez à la sécurité de porte à porte.
Il faut tenir compte des besoins sécuritaires des femmes non seulement lorsqu’elles se trouvent dans les transports publics, mais aussi lorsqu’elles effectuent à pied les trajets pour se rendre aux arrêts des transports publics et pour en revenir. Les endroits dangereux sur leur chemin sont les rues sombres, les embrasures de porte en retrait, les espaces sombres et déserts et les immeubles abandonnés. Il est essentiel que les rues et les terminaux et arrêts des transports publics soient bien éclairés et bien aménagés. Il y a également lieu d’encourager et de développer l’utilisation multiple des terrains, car la présence de commerces situés à proximité des transports publics qui sont ouverts de façon régulière entraîne la présence constante de passants (Kuneida et Gauthier, 2003, 26-27).
Étude de cas : Projet « Safe Women » [Projet Sécurité des femmes], Nouvelle-Galles du Sud (Australie).
Le Projet « Safe Women », qui vise à attirer l’attention sur la responsabilité du public en matière de prévention des agressions sexuelles, propose que les conseils locaux adoptent les mesures suivantes destinées à éliminer au stade de la conception des espaces la perpétration de tels actes des transports publics :
Assurer que les zones d’attente des transports publics sont bien éclairées.
Assurer que les principales zones de stationnement sont bien éclairées et surveillées la nuit.
Assurer que les rues sont bien éclairées, dans les centres-villes comme dans les quartiers résidentiels.
Prévoir une allée piétonnière le long des principaux itinéraires d’accès qui est bien éclairée et dotée de dispositifs de secours.
Si le parc ne peut ni être surveillé ni rendu sécuritaire, prévoir des portails ou éteindre les lumières pour décourager la fréquentation.
Extrait de la Section 5 du Safe Women Project, Plan It Safe Kit (1998). Disponible en anglais.
Étude de cas : « Viajemos Seguras en el Transporte Público de la Ciudad de México » [Voyages sécuritaires des femmes dans les transports publics de la Ville de Mexico], Mexico
Historique et objectif du programme :
Le Programme « Viajemos Seguras en el Transporte Público de la Ciudad » a été lancé en 2007 comme une action conjointe du Réseau du métro de Mexico et du Conseil des citoyens pour la sécurité publique et la justice pénale de Mexico. Conçu pour intégrer une perspective sensible aux sexospécificités et pour coordonner les activités de tous les organismes d’État chargés de la sécurité publique à Mexico, le programme vise à faciliter les déplacements des femmes en assurant leur sécurité et en les mettant à l’abri de la violence depuis leur point de départ jusqu’à leur point d’arrivée.
Objectifs précis du programme:
- Renforcer les dispositifs de sécurité publique et institutionnelle qui garantissent la protection, le confort et la confiance des femmes dans les transports publics, y compris la préservation de leur intégrité physique et sexuelle.
- Encourager le respect et la protection des droits fondamentaux des femmes par des actions axées sur la prévention et la diffusion de l’information.
- Encourager la pratique de la dénonciation de la violence, c’est-à-dire le dépôt de plaintes contre toutes les formes d’agression et de violence sexuelle à l’égard des femmes.
- Garantir l’accès au recours en justice et l’imposition de sanctions aux auteurs de violences au moyen de poursuites judiciaires rapides, simples et efficaces.
La loi générale sur le droit des femmes à vivre à l’abri de la violence
La loi générale sur le droit des femmes à vivre à l’abri de la violence, adoptée le 8 mars 2008 par la municipalité de Mexico, constitue le cadre principal du programme. La loi désigne la communauté comme l’un des cinq domaines où est perpétrée la violence à l’égard des femmes. Elle définit les actes de violence collective comme des actes « commis contre des individus ou des groupes d’individus susceptibles de représenter une menace à leur sécurité et à leur intégrité personnelle et de se produire dans les quartiers, les espaces publics à usage collectif et dans les transports gratuits ou sur les propriétés publiques ». L’article 23 de la loi stipule que le Réseau de transports publics de Mexico doit appliquer des mesures visant, entre autres, à prévenir la violence, à identifier les femmes victimes de violence, à entreprendre des recherches sur la question et à lancer des campagnes de sensibilisation.
Les champs d’action stratégiques :
Le programme a été conçu pour couvrir, à terme, tous les itinéraires et lignes desservis par le Réseau des transports publics de Mexico, suivant trois stratégies coordonnées au niveau institutionnel :
- Mise en service de voitures de métro, d’autobus et d’autres modes de transport réservés aux femmes. Il y a à présent 67 voitures réservées aux femmes sur 22 lignes. De janvier à août 2008, quatre millions de passagères ont emprunté ces lignes.
- Mise en place d’un programme de séparation des passagers hommes et femmes dans les transports publics aux heures de pointe. Unités de soins « Women Travelling Safety » [Voyages sécuritaires pour les femmes] : mise en place de cinq unités de soins destinées aux femmes victimes de la violence.
- Les autres initiatives lancées dans le cadre du programme ont été la diffusion d’informations sur les auteurs d’agressions sexuelles dans les transports publics, l’augmentation du nombre de policiers femmes et l’organisation de stages de formation à l’intention des responsables municipaux, des agents des transports publics, des agents des services de police, des employés et conducteurs des transports publics, des représentants d’organismes d’État compétents et des participants aux programmes.
Unités de soins « Women Travelling Safely »
Les cinq unités de soins « Women Travelling Safely » [Voyages sécuritaires pour les femmes] sont ouvertes de 8 heures à 20 heures, du lundi au vendredi, et comptent parmi leur personnel des avocates de l’Instituto de las Mujeres de la Ciudad de México - Inmujeres DF [Institut des femmes de la Ville de Mexico]. Les unités de soins offrent les services suivants :
- Premiers soins aux femmes qui viennent d’être victimes d’un crime sexuel.
- Conseils juridiques donnés des avocates de Inmujeres DF.
- Renvoi de l’affaire devant les autorités juridiques compétentes.
- Transport des femmes vers les bureaux des autorités juridiques compétentes.
- Accompagnement des femmes lorsqu’elles portent plainte.
- Suivi de l’affaire par une juriste de Inmujeres DF et par le Conseil des citoyens pour la sécurité publique et la justice pénale de Mexico.
- Fourniture d’informations de base par écrit et verbalement.
- Conseils aux femmes qui se rendent dans les unités de soins vers d’autres matériels pédagogiques, et signalement de liens utiles ou recommandations de renvoi vers les organismes compétents.
D’après l’Instituto Nacional de las Mujeres México : Inmujeres DF (2008). Présentation PPT. – Viajemos Seguras en el Transporte Público de la Ciudad de México [Voyages sécuritaires des femmes dans les transports publics de la Ville de Mexico]. Disponible en espagnol.
Défendez le principe de la sexospécificité des mesures de sécurité comme une question importante qui complémente les autres préoccupations en matière de transports publics, sans leur faire concurrence.
Pour obtenir de bons résultats, les responsables de politiques et de programmes devront se souvenir que le financement des transports publics par l’État rend la question des transports publics éminemment politique et suscite le débat public. Les partenaires des programmes de sécurité urbaine des femmes devront coordonner leurs efforts pour s’assurer que les ressources allouées aux transports publics sont engagées de manière à sensibiliser aux besoins et aux droits des femmes, sans pour autant oublier de faire connaître les avantages qui en découlent pour le reste de la collectivité (par exemple, une fiabilité accrue des services locaux de bus ne bénéficie pas seulement aux femmes, mais aussi au autres usagers). En outre, l’accroissement de la fiabilité devrait entraîner une augmentation du nombre de passagers, avec des retombées financières et environnementales bénéfiques pour la collectivité toute entière.
Coordonnez toutes les activités liées à la sécurité dans les transports publics.
Les collectivités, les responsables locaux, et les acteurs des transports publics ne doivent pas se contenter de participer aux activités en matière de sécurité, mais s’efforcer aussi de les coordonner. La coordination est essentielle pour que les décisions en matière de planification, d’action et d’aménagement des transports publics concourent à la réalisation de l’objectif ultime d’assurer la sécurité des femmes. À défaut, les actions risquent d’être reproduites inutilement ou de se neutraliser. La coordination des actions devrait concerner des acteurs individuels et institutionnels comme la police, les organismes d’État chargés de la sécurité, l’appareil judiciaire, les responsables des transports publics, les architectes et les organisations communautaires (Instituto Nacional de las Mujeres México; Inmujeres DF, 2008).
Étude de cas : Perspectiva de género en el Plan de Transporte Comarcal (Perspective sexospécifique dans le plan de transports de Comarca), Pampelune (Espagne).
L’objectif de cette initiative, qui a été intégrée à titre prioritaire dans le Plan de Pampelune pour l’égalité élaboré par le Bureau des affaires urbaines de la ville, est d’incorporer une dimension sexospécifique dans l’aménagement urbain et dans les projets de développement urbain. L’initiative visait également à accélérer l’élaboration de plans et de programmes répondant mieux aux besoins des citoyens, contribuant ainsi à l’amélioration de la qualité de la vie urbaine. L’initiative s’est appuyée sur les enquêtes effectuées pour déterminer les besoins particuliers des femmes en matière de transports et de déplacement dans différents quartiers de Pampelune et de Comarca. Les recommandations d’aménagement et de planification qui ont suivi ont porté sur les questions suivantes : raccordements entre différents quartiers, lignes et itinéraires de transports publics, fréquence des transports publics, aménagement des autobus, aménagement des arrêts d’autobus, système de paiement et culture organisationnelle. Les enquêtes ont été réalisées avec la participation et la contribution d’échantillons de femmes vivant, travaillant et se rendant dans les deux villes.
Extrait directement de A. Moya (2000). « Perspectiva de género en el Plan de Transporte Comarcal, Pamplona (España »), in CIUDADES PARA UN FUTURO MAS SOSTENIBLE.
Soulignez la nécessité de collecter de meilleures données sur l’utilisation des transports publics par les femmes.
Des enquêtes fiables sur les ménages et les usagers, avec des données séparées pour les hommes et les femmes, sont indispensables pour évaluer quand et où les femmes utilisent les transports publics. Cette information est très importante pour identifier les facteurs qui encouragent les femmes à utiliser les transports publics ou les en dissuadent. Les enquêtes en la matière devront tenir compte des restrictions complexes (manque d’argent) et des demandes non-satisfaites (absence d’épiceries dans le quartier) auxquelles se heurtent les femmes dans leurs déplacements urbains. Parfois, les itinéraires empruntés par les femmes et les raisons pour le faire sont trop complexes pour être consignés sur un formulaire d’enquête standard. Dans ces cas, les entretiens ouverts ou les groupes de réflexion peuvent être le moyen le plus indiqué de recueillir des informations. En fait, de nombreux obstacles d’ordre culturel, social et relatifs à la mobilité sont profondément ancrés ne s’expriment qu’à travers les entretiens et les discussions (Peters, 2002, 18). De manière générale, il faut consacrer plus de recherches à l’intersection entre la sexospécificité, les transports et la mobilité (Peters, 2002, 3). Pour de plus amples renseignements sur la collecte de données concernant l’utilisation de l’espace par les femmes, voir la section ldentification des problèmes sécuritaires des femmes.
Ressources :
Gender and Transport Resource Guide [Guide des ressources sexospécifiques et les transports] (Banque mondiale, 2006). Cet instrument en ligne représente un guide exhaustif sur la manière de mener des recherches sur l’intégration de perspectives sexospécifiques dans les politiques et les plans de transports publics. Il s’articule en six modules : 1) Pourquoi la sexospécificité et les transports ? 2) Difficultés d’intégration de perspectives sexospécifiques dans les transports publics. 3) Approches prometteuses d’intégration de perspectives sexospécifiques dans les transports publics. 4) Initiatives en faveur des femmes dans les transports en zone rurale. 5) Instruments d’intégration de perspectives sexospécifiques dans les transports publics. 6) Ressources pour l’intégration de perspectives sexospécifiques dans les transports publics. Chaque module propose une combinaison de check-listes, de manuels de formation, de rapports et de présentation de diapositifs, ainsi que des études de cas et des exemples de meilleures pratiques tirés du monde entier qui sont susceptibles d’être utilisés dans les processus d’aménagement et de planification, dans la recherche, les stratégies de renforcement des capacités, les campagnes de mobilisation et ailleurs. Le guide offre également des analyses utiles sur les points d’intersection entre le genre, les transports et la pauvreté dans les contextes ruraux et urbains. Disponible en anglais.
How to Ease Women’s Fear of Transportation Environments: Case Studies and Best Practices [Comment atténuer la peur des femmes des conditions de transport : Études de cas et pratiques optimales] (Loukaidou-Sideris, et al., 2009). Mineta Transportation Institute (USA). Ce document offre une abondance d’informations relatives aux points d’intersection du genre, des transports publics, de la mobilité et de la violence. Ses auteurs examinent de nombreuses études de cas sur la mise en œuvre de programmes sexospécifiques dans les transports publics, comme les voitures réservées aux femmes. Ils offrent également des compléments d’information sur les conclusions tirées des entretiens qualitatifs avec les femmes sur leurs craintes dans différentes conditions de transport, sur les types d’environnement qui provoquent leurs craintes, sur leur manière de réagir pour maîtriser la peur et sur les besoins particuliers des femmes. Le document aborde également l’examen de différentes recommandations d’actions, de politiques, de stratégies d’aménagement et de technologies de sécurité dans les transports publics. Disponible en anglais.
Produisez et distribuez du matériel sur la sécurité aux usagers des transports publics.
On pourra distribuer des dépliants, des affiches, des autocollants et des bulletins dans les transports publics et à proximité. Ce matériel pourra indiquer les stratégies de sécurité applicables par les femmes au cours de leurs déplacements, les endroits où rapporter les cas de harcèlement sexuel et où appeler en cas d’urgence, et les recours juridiques et politiques prévus contre ces formes de violence sexiste. Il pourra également inclure des informations sur les programmes en vigueur pour améliorer les services de transports publics pour les femmes et les filles. La distribution de cette documentation contribuera à sensibiliser l’opinion aux besoins des femmes et des filles en matière de transports publics (Instituto Nacional de las Mujeres México; Inmujeres DF, (2008). Pour plus de renseignements, voir la section Accroître la sensibilisation.
Voir les messages affichés dans les transports publics de New York (États-Unis) tirés du Blogger des transports.
Exemples :
Campagne No queremos ese apoyo [Nous ne voulons pas de ce genre d’appui], Rosario (Argentine).
La campagne No queremos ese apoyo a été lancée 2008 à Rosario (Argentine) par le programme régional « Villes sans violence à l’égard des femmes, villes sûres pour tous ». Cette campagne avait pour objet de sensibiliser le public aux incidents de harcèlement sexuel visant les femmes dans les transports publics et à faire comprendre aux usagers que le harcèlement sexuel est inacceptable. Des affiches portant le logo de la campagne ont été placées à l’intérieur des véhicules de transports publics. Ces affiches contenaient également des informations et des numéros de téléphone que les passagers pouvaient appeler pour déposer plainte ou pour se renseigner. Le logo de la campagne figurait également sur les billets d’autobus utilisés dans toute la ville.
Source de l’illustration : Boston.com
Assurez que les responsables des organismes publics et le personnel des transports publics, y compris le personnel de sécurité, les urbanistes et les conducteurs, reçoivent une formation et suivent des programmes de renforcement des capacités sur les questions sexospécifiques.
Des employés des transports publics conscients des problèmes sécuritaires des femmes sont plus à même d’identifier et de régler ces problèmes et se montreront probablement plus attentifs aux demandes d’aide des femmes et des filles. Enfin, compte tenu du fait que les transports publics sont souvent un service dominé par les hommes, il est souhaitable de dispenser aux hommes de leur personnel une formation visant à modifier leur façon d’appréhender les notions traditionnelles des rôles dévolus aux deux sexes et de la masculinité. Pour plus de renseignements sur la formation du personnel des transports publics, voir la section Renforcement des capacités.