L’accroissement de la sécurité des femmes et des filles en milieu urbain et la lutte contre la violence sexiste passent par des approches multisectorielles, chacune apportant une contribution majeure dans son secteur d’activité : urbanisme, santé, maintien de l’ordre, justice, transports publics, et ainsi de suite. Il est important d’examiner les besoins de renforcement des capacités dans chacun des secteurs clés et pour l’ensemble des secteurs afin de parvenir au niveau de coordination et de coopération nécessaire à la mise en œuvre d’actions efficaces à long terme. Cela implique également l’institutionnalisation du programme aux différents niveaux, depuis le gouvernement national jusqu’aux administrations locales, et depuis les grandes organisations (organisations de la société civile, organismes du secteur privé, système d’enseignement et autres) jusqu’aux simples individus.
Le programme de villes sûres pour les femmes est institutionnalisé dans la communauté lorsque ses membres le considèrent comme un instrument indispensable. À ce stade, les principes en matière de villes sûres pour les femmes devront être étudiés et intégrés dans toutes les politiques et tous les programmes liés à la sécurité des femmes et des filles. Pour que cette institutionnalisation ait lieu, le programme devra contribuer à la prise de conscience au sein du public de ses objectifs, de ses activités et de ses réalisations. Il devra également participer aux activités de base des différents partenaires, comme les administrations municipales et les organisations locales (ONU-HABITAT, 2007, 71).
Une autre condition essentielle de l’institutionnalisation des programmes de sécurité urbaine pour les femmes est d’assurer un financement public de manière à pouvoir assurer la planification, la mise en œuvre et le suivi des activités dans le long terme, par le biais d’une budgétisation sensible aux sexospécificités et d’autres outils.
Étude de cas : ¿Por qué el presupuesto participativo es una herramienta para pensar une ciudad mas segura?
[Comment la prévision budgétaire participative peut-elle servir d’instrument de conception de ville plus sécuritaire ?] (Développé dans le cadre du Programme régional d’UNIFEM « Villes sans violence à l’égard des femmes, villes sûres pour tous », mis en œuvre par le Réseau Femmes et Habitat de l’Amérique latine. 2008).
Ce manuel a été conçu pour renforcer les capacités des conseillers municipaux qui participent à l’élaboration participative du budget de la Ville de Rosario, en Argentine, comportant des projets sensibles aux sexospécificités. Il indique la manière d’étudier certains facteurs pour savoir comment est dépensé le budget municipal. Ces facteurs sont géographiques, permettant de repérer les endroits où l’on construit, infrastructurels, pour connaître le type de services qui bénéficient du financement de la municipalité, et d’amélioration urbaine, pour savoir quels quartiers ont reçu un financement municipal pour des travaux de rénovation et pour suivre le processus de décision quant aux améliorations à apporter. La budgétisation participative garantit aux citoyens le droit de regard sur la manière dont est dépensé le budget municipal. Les femmes peuvent utiliser cet outil pour solliciter le financement de projets visant à améliorer la sécurité dans leur quartier et dans la ville. Disponible en espagnol.
ÉTUDE DE CAS : Ville conviviale pour les femmes, Séoul, Corée du Sud
La ville de Séoul, en Corée du Sud, a institué une politique municipale qui tient compte spécifiquement des besoins des femmes en milieu urbain. Cette politique comporte cinq volets : garde des enfants, travail de la femme, loisirs de la femme, sécurité de la femme et confort de la femme. L’objectif de cette politique est de combiner les activités des cinq volets de manière à offrir des conditions idéales de travail à un plus grand nombre de femmes, à leur permettre de trouver un juste équilibre entre le travail et leurs obligations familiales, à faciliter leur participation à la vie urbaine et à répondre à leurs besoins en matière d’environnement. (Seoul Metropolitan Government, 22).
Ce programme vise à encourager tous les services municipaux à adopter des politiques sensibles aux sexospécificités. À cette fin, ceux-ci sont tenus de présenter des plans quadriennaux visant des objectifs favorables à la femme. Neuf projets importants en matière de sécurité des femmes ont été lancés à Séoul dans le cadre du programme Women-Friendly City [ville conviviale pour les femmes]. L’un d’eux prévoit par exemple l’application de normes de sécurité destinées spécialement aux femmes dans l’aménagement des espaces publics comme les parcs ou les rues. Un autre projet à l’étude prévoit la création d’un service de taxis réservé uniquement au transport urbain des femmes. Ces taxis seraient conduits par des femmes et mettraient à la disposition des passagères un service de téléphone portable pour leur permettre de prévenir leurs familles de l’endroit où elles se trouvent. (#28).
Le programme Women-Friendly City est durable car il s’intègre dans les activités de nombreux services municipaux et est doté de nombreux budgets nécessaires à son fonctionnement. En outre, les autorités gouvernementales se sont engagées à le poursuivre au moins quatre ans.
Pour de plus amples renseignements sur ce programme, s’adresser à la Seoul Foundation of Women and Family. 345-1 Daebang-dong. Dongjak-gu, Séoul, Tél. : +82-2-810-5000; fax : +82-2-810-5100; site Web en coréen et en anglais. (28).