Dans le travail avec les hommes visant à résoudre le problème de la violence à l’égard des femmes et des filles, il est essentiel de situer les hommes en tant qu’éléments de la solution. Cette stratégie contribue à réduire les réactions défensives et hostiles induites chez les hommes lorsqu’ils sont blâmés collectivement en raison du comportement de certains de leurs confrères. En reconnaissant les différences entre les hommes au niveau individuel, les auteurs de violences, les victimes de maltraitance, les champions, en paroles et en actes, de la lutte contre la violence, et les multiples variations sur cette échelle, on se ménage de meilleures possibilités d’ouvrir le débat avec les hommes sur les causes de la violence à l’égard des femmes et sur les attitudes discriminatoires qui la perpétuent.
Pourquoi certains hommes sont-ils réticents à s’engager dans le travail de prévention de la violence ?
Les messages et les images qui vilipendent les hommes et les stéréotypent en tant qu’agresseurs font peu de choses pour les amener à s’associer aux travaux. Dans une étude menée par le Family Violence Prevention Fund basé aux États-Unis (Garin, 2000), sur les 1000 hommes interrogés :
13 % ont attribué leur réticence à s’impliquer dans les activités de prévention de la violence à la perception d’avoir été vilipendés et considérés comme contribuant au problème et pas à la solution;
13 % ont déclaré qu’ils ne savaient pas ce qu’ils pourraient faire pour aider; et
31 % ont dit qu’ils n’appuyaient pas activement les efforts visant à l’élimination de la violence intrafamiliale parce que « personne ne leur avait demandé d’y participer ».
On trouvera une brève étude de cas sur la recherche (sondage national et focus groups) qui a été menée auprès d’hommes pour informer la conception d’une intervention auprès de garçons à Coaching Boys Into Men.
Comment peut-on impliquer les hommes en tant qu’éléments de la solution/d’un programme ?
En établissant des espaces non menaçants et des groupes de débats exclusivement masculins, où les hommes peuvent s’informer sur le problème, poser des questions sans craindre d’être jugés, sans se sentir ignorants ou sans se sentir menacés parce qu’ils s’intéressent à des « histoires de femmes », et où ils peuvent réfléchir à leurs propres attitudes concernant les femmes et la violence;
En ayant recours à des facilitateurs hommes dans les contextes où cela est préférable et en s’assurant que, quel que soit leur sexe, les personnes possèdent la formation et les qualités requises;
En s’abstenant d’employer un langage qui fait que les hommes se font reprocher des actes qu’ils n’ont pas commis ou des actes conformes à ce qu’on leur a appris;
En admettant ouvertement devant le groupe que les hommes sont souvent considérés comme un groupe monolithique, condamnés en bloc pour les actions de certains d’entre eux, sans reconnaître la diversité de leurs croyances et de leurs comportements.
En ayant recours aux médias pour renforcer les normes non violentes et pour encourager les hommes et le grand public à considérer que la violence à l’égard des femmes n’est pas acceptable, que les « vrais hommes » ne sont pas violents et que les femmes sont les égales des hommes.
En travaillant au niveau communautaire en appliquant diverses stratégies d’éducation, de diffusion et de mobilisation pour influer sur les normes sociétales et pour instaurer un environnement porteur qui encourage les hommes et les garçons à rejeter les stéréotypes traditionnels de la masculinité et de l’usage de la violence.