Les VEFF sont un problème de santé publique complexe, et une violation des droits humains qui plonge ses racines dans l’inégalité des dynamiques de pouvoir et dans des normes de genre injustes. Sur le plan de la recherche, du suivi et de l’évaluation, une autre façon d’appréhender la conception d'une étude et la collecte des données s’avère donc nécessaire, par rapport aux nombreux autres sujets de santé publique.
Reconnaître le rôle des normes de genre injustes et de l’inégalité des dynamiques de pouvoir à toutes les étapes du processus (conception, collecte de données, analyse, diffusion). Pour en savoir plus sur le sujet, voir le manuel et la boîte à outils du GWI sur la recherche, le suivi et l’évaluation. Les opérations de recherche, de suivi et d’évaluation doivent viser à étudier, remettre en cause et modifier les normes de genre tout au long du processus de collecte de données, d’analyse et d’assimilation des résultats, le tout en veillant à la sécurité et à la sûreté des femmes et des filles, et notamment des survivantes. Faire de la recherche et de l’évaluation, ainsi que du processus de collecte de données, des moteurs du changement social et de l’émancipation des populations marginalisées. Il convient pour cela d'impliquer la population concernée (notamment les femmes et les filles) tout au long du processus de conception et de collecte de données (en sollicitant leur avis sur les objectifs, les outils de collecte de données, l'interprétation des résultats, la participation à l’étude, etc.), et de privilégier leur sécurité et leur sûreté tout au long du processus de recherche.
Encadré 5 : Violences à l’égard des hommes et des garçons
S'il arrive que les hommes et les garçons subissent des violences sexistes, ces violences touchent en très grande majorité les femmes et les filles. Le terme de « violences sexistes » sert à « souligner la dimension genrée de certaines formes de violence à l’égard des hommes et des garçons, notamment certaines formes de violence sexuelle visant explicitement à renforcer les normes de genre injustes de la masculinité et de la féminité ». Ce type de violence est une construction sociale, et a trait à l’exercice du pouvoir par des hommes (et, dans de rares cas, des femmes) sur les autres hommes, en les assujettissant dans une position subalterne. À l’instar des violences à l’égard des femmes, les survivants signalent rarement ce genre de violences, par honte.
Dans toute étude sur les violences à l’égard des hommes et des garçons, des considérations éthiques supplémentaires sont à prendre en compte. Pour qu'une étude puisse identifier les survivants masculins de violences, il faut que les services locaux d’accompagnement des victimes de violences sexistes soient disposés à fournir des services aux hommes (en plus des femmes et des filles), et qu’ils en aient les moyens. Quant aux études se penchant sur la perpétration de violences par des hommes, elles ne doivent pas être ouvertement présentées comme elles, et les questionnaires de collecte de données ne doivent pas permettre d'identifier une victime ni un incident. Il convient enfin d'instaurer des procédures telles que si un participant à l’étude exprime une volonté directe de faire du mal à quelqu'un, un mécanisme permette de rompre l’obligation de confidentialité et de contacter les services de police locaux ou la mission onusienne locale, afin qu’ils puissent fournir un service de protection. |