Les inégalités de genre et les normes patriarcales sont les causes sous-jacentes des violences, à la fois dans les situations de conflit et d’après-conflit. Bien que les causes des VEFF dans les situations non conflictuelles aient été largement étudiées (Heise, 1998), ce n’est que récemment que les chercheur-euses ont commencé à se pencher sur l’influence qu'ont les conflits armés sur les causes pré-existantes des VEFF (tels que la consommation d’alcool du partenaire, la pauvreté, les conflits maritaux, etc.) et sur le développement de nouveaux facteurs de risque, susceptibles d’accroître la prévalence des VEFF. Les liens entre violences sexuelles non-conjugales et conflits armés sont bien établis. Jusqu’à récemment, les liens entre les conflits et les autres formes de VEFF (comme les violences conjugales) étaient mal établis. Les données disponibles laissent à penser que les formes de VEFF qui prévalent dans les situations de conflit et d’après-conflit sont comparables aux VEFF en-dehors des situations de crise. Bien que de récentes études aient confirmé que les violences sexuelles non-conjugales sont courantes en situation de conflit, il ressort de nouvelles recherches que les violences conjugales soient encore plus fréquentes que les violences sexuelles non-conjugales dans les situations de conflit et d’après-conflit dans un certaine nombre de contextes (Murphy et al., 2019). Selon les données des études What Works, 1 femme et 1 fille sur 3 provenant de trois sites au Soudan du Sud a subi des violences sexuelles non-conjugales, et 1 femme et 1 fille sur 5 interrogées dans le cadre d'une étude préliminaire dans 15 villages dans l’Est de la RDC a été violée au cours de l’année écoulée (Global Women's Institute et International Rescue Committee, 2017 ; Palm et al., 2018). Si l’on prend, à titre de comparaison, les violences conjugales, au moins 1 femme et 1 fille sur 2 provenant de trois sites au Soudan du Sud et des Territoires occupés palestiniens a subi des violences conjugales (Global Women's Institute et International Rescue Committee, 2017 ; données non publiées de l’Arab World for Research and Development et du Conseil de recherche médicale d’Afrique du Sud, 2019). Bien qu’un petit ensemble de preuves commence à se constituer autour de la prévalence, des formes et des causes des VEFF dans les situations de conflit et d’après-conflit, d’autres formes de VEFF sont moins bien connues, comme l’exploitation et les sévices sexuels, ou les mariages précoces et forcés (Murphy et al., 2019).
Sachant que les méthodes efficaces de réduction des VEFF ciblent les inégalités qui existent dans les normes et pratiques de genre sous-jacentes hors des situations de conflit, ces méthodes pourraient également fonctionner dans les situations de conflit et d’après-conflit. Ce genre de programme doit être adapté au contexte d’après-conflit particulier (p. ex. camps, déplacé-es en milieux urbains, populations mobiles, etc.), et traiter les causes des VEFF d’autant plus vives en temps de crise.