- Une analyse situationnelle complète combine une multitude d’outils et de techniques d’évaluation (par exemple : examen des évaluations/études existantes, interviews des informateurs clés, groupes de discussion thématiques et observations sur le terrain) permettant d’acquérir une compréhension globale des questions, besoins, programmes et lacunes en lien avec la violence basée sur le genre. Elle vise à collecter et analyser des informations quantitatives et qualitatives en vue de l’élaboration de plans d’action efficaces. L’analyse complète d’une situation peut contribuer à une compréhension plus aboutie des facteurs sous-jacents contribuant à la violence envers les femmes et les filles dans un pays ou un contexte donné, que ces facteurs soient de nature culturelle, politique, juridique, physique ou socio-économique. Elle peut également servir à évaluer les services multisectoriels existants, notamment leurs points forts et leurs points faibles.
- Une analyse situationnelle peut être considérée comme une intervention en soi, car elle suscite un débat public sur la violence et entame le dialogue avec les acteurs institutionnels principaux. L’analyse situationnelle doit servir autant à instruire qu’à enquêter. Il est, par conséquent, vivement recommandé que cet outil soit utilisé par les membres de la communauté locale qui ont un intérêt particulier et à long terme à exploiter les connaissances dégagées de l’analyse afin d’améliorer les programmes en matière de violence basée sur le genre. Les enquêteurs locaux devraient non seulement participer au processus de recherche (voire, dans la mesure du possible, le diriger), mais aussi participer activement à l’analyse des résultats et à l’élaboration de plans d’action.
- Une analyse situationnelle doit permettre l’évaluation des éléments suivants (extrait de Ward, 2010, p. 76, sauf mention contraire) :
- la sécurité,
- les types et l’ampleur de la violence basée sur le genre,
- les types et l’étendue des services multisectoriels,
- les politiques, les pratiques et les attitudes des prestataires de services,
- les attitudes, les pratiques et les normes de la communauté,
- le comportement de recherche d’aide,
- l’environnement juridique (secteurs formel et informel),
- les mécanismes existants de coordination interinstitutions et interdisciplines (et leur efficacité) (Vann, 2002),
- les facteurs de risque et de protection en termes de victimisation et de perpétration.
- Dans le cadre d’une analyse situationnelle, ces informations et données peuvent être, par exemple, recueillies auprès :
- des membres de la communauté touchée ou en situation de risque,
- de groupes/d’organisations de femmes,
- d’organisations/d’individus représentant des femmes et des filles susceptibles d’être particulièrement marginalisées,
- de prestataires de services et d’administrateurs institutionnels au sein des secteurs clés,
- de représentants gouvernementaux au sein des ministères compétents,
- de dirigeants traditionnels,
- de groupes/d’organisations de jeunes,
- de chefs communautaires, et
- de représentants de groupes sectoriels/secteurs actifs dans le domaine de l’action humanitaire.
- Une analyse situationnelle complète doit idéalement être réalisée durant les premiers stades d’une urgence. Or, cela s’avère rarement possible en raison de plusieurs facteurs : le manque de personnel technique VBG pour prendre la direction du processus d’enquête, des services limités à évaluer, un manque général de sécurité et d’accès, et des délais et des ressources limités pour permettre une analyse globale. Il se révèle dès lors souvent plus utile de réaliser l’analyse situationnelle complète un mois au minimum après le début de l’intervention humanitaire. L’analyse situationnelle peut être menée de front par plusieurs organisations qui partagent ensuite les résultats avec les partenaires de la coordination VBG dans la perspective d’élaborer ou d’adapter des plans d’action de coordination. La transparence du processus d’enquête et du partage des informations entre les personnes qui coopèrent à la lutte contre la violence envers les femmes et les filles est cruciale pour garantir que les informations dégagées des évaluations servent à documenter les stratégies locales et nationales de prévention et d’intervention.
Outils supplémentaires :
Pour un exemple de questions d’analyse situationnelle, voir Ward, J. 2010. Guide de coordination des interventions en matière de violence basée sur le genre dans les situations de crise humanitaire, Domaine de responsabilité VBG Annexe 37.
Pour des directives sur l’analyse situationnelle, voir Ward, J. (éd.). 2004b. GBV Tools Manual for Assessment, Program Design and Program Monitoring and Evaluation. Consortium sur la santé reproductive dans les situations de crise (RHRC). New York, pp. 19 à 50.
Le Guide d’utilisation – Outil d’identification des situations de risque accru a été mis au point pour augmenter l’efficacité du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dans le domaine de l’identification des réfugiés en situation de risque en associant les évaluations participatives/basées sur la communauté aux évaluations individuelles. Il a été conçu pour être utilisé par le personnel du HCR travaillant dans les services communautaires et/ou les activités de protection (y compris la réinstallation) et par les organisations partenaires. L’outil traite actuellement des vulnérabilités des personnes âgées, des enfants et des adolescents, des femmes et des filles, ainsi que des personnes handicapées, mais il devrait être étendu à d’autres populations, telles que les lesbiennes, les femmes bisexuelles et transsexuelles et les personnes intersexuées, les prostituées, les enfants du viol, les autochtones, etc. Voir le User Guide et la page Tool.
OCHA Gender Toolkit : Gender in Coordinated Needs Assessments.
Voir l’outil provisoire Child Protection Rapid Assessment Toolkit (2013) du Domaine de responsabilité Protection de l’enfance.
Voir la section II relative aux outils d’évaluation préliminaire du Manuel VBG du Consortium sur la santé reproductive des réfugiés en situation de conflit (RHRC)
Exemples d’évaluations :
CARE Bénin. 2011. An Assessment of Gender-Based Violence in Emergencies in Southern Benin, Emergency Program.
FNUAP. 2007a. GBV Assessment Report Kebri Beyah Refugee Camp, Somali Region, Ethiopia and Shimelba Refugee Camp, du 19 février au 6 mars 2007.
FNUAP, UNICEF, UNIFEM et CCF. 2008. A Rapid Assessment of Gender-based Violence During the Post-Election Violence in Kenya, février 2008.
UNICEF/FNUAP/OIM. 2009. Joint Field Mission to Zimbabwe, mai 2009.
UNICEF, CIS, CCF et Legal Aid Project. 2004. Protected Yet Insecure: A Situation Analysis of Gender-Based Violence in the Conflict-Affected Regions of Acholiland, Teso and Lango. New York.
Pour d’autres évaluations, voir le site du Domaine de responsabilité VBG, et plus spécifiquement la section Information Collection and Management.