- Il existe une multitude de méthodologies et d’outils d’évaluation qui permettent de mieux appréhender la violence envers les femmes et les filles et concevoir les interventions requises dans ce cadre. Il importe toutefois de garder à l’esprit que certains outils et certaines approches peuvent se révéler inefficaces dans certains contextes, ou non adaptés selon les objectifs spécifiques de l’évaluation. Par exemple, lorsque survient une situation d’urgence, les évaluations multisectorielles et les évaluations rapides des besoins constituent les moyens les plus courants pour recueillir des informations de manière sûre et rapide (CIS, 2012). Des analyses situationnelles plus approfondies peuvent ensuite être menées, lorsque l’urgence immédiate s’est apaisée.
- Il est primordial que les personnes chargées de réaliser les évaluations déterminent la manière la plus efficace de recueillir les informations aux fins de l’enquête, quelle que soit la phase en cours du processus. Tous les efforts doivent être consentis pour éviter que l’enquête ne se répète au sein des communautés bénéficiaires. De même, il doit être redoublé d’efforts pour assurer une enquête orientée vers l’action : en d’autres termes, elle ne peut être réalisée en l’absence d’un plan déterminant la manière dont les résultats seront exploités afin d’améliorer la situation des femmes et des filles victimes de violence ou risquant de l’être.
- La communauté humanitaire a récemment adopté la norme dite du « suffisamment bon », qui peut se traduire par la question suivante : « quelles informations sont suffisamment bonnes pour faciliter une prise de décision éclairée requise à ce stade de la crise ? » Ce concept reconnaît qu’une approche simple constitue souvent la meilleure option à adopter en cas de situation d’urgence instable. Cependant, « suffisamment bon » ne veut pas dire « à la hâte » ou « bâclé ». Il s’agit plutôt de prendre conscience que dans le cas d’une intervention d’urgence, adopter une approche trop complexe n’est simplement pas chose pratique et que cela peut faire plus de tort que de bien (source : Le Guide Suffisamment Bon).
- Une évaluation rapide consiste en une opportunité de recueillir des informations avant de planifier une intervention, voire de compléter ou d’affiner des données existantes. Ce type d’évaluation est réalisé sur une période relativement courte et répond à quelques questions spécifiques. Il peut faire appel à diverses techniques telles que les groupes de discussion thématiques, l’observation des participants, les entretiens avec des informateurs clés ou les entretiens approfondis, voire à des techniques plus participatives telles que la cartographie, le classement, la cartographie des communautés et les calendriers saisonniers (source : Ellsberg et Heise, 2005).
- Souvent, dans une situation d’urgence, une évaluation rapide :
- peut fournir des informations sur le type et l’ampleur de la violence sexuelle ou de toute autre forme de violence subie par la communauté et contribuer à identifier les politiques, attitudes et pratiques des acteurs clés (Directives VBG du CPI, 2005) ;
- est réaliste par rapport au temps nécessaire et aux ressources disponibles pour recueillir les informations ;
- satisfait aux normes éthiques et de sécurité internationales encadrant la collecte d’informations sur la violence sexuelle lors des situations d’urgence (CIS, 2012).
- L’objectif d’une évaluation rapide n’est pas de fournir un compte rendu complet et détaillé de tous les aspects de la violence envers les femmes et les filles, mais plutôt d’identifier les problèmes urgents, les lacunes au niveau des services, les obstacles à l’accès aux services et les « besoins » non satisfaits d’une population qui, aux prémices d’une situation d’urgence, peuvent concerner les besoins des femmes et des filles aux niveaux sanitaire, psychosocial et sécuritaire, les services médicaux et psychosociaux disponibles, la qualité de ces services et les informations générales concernant les risques auxquels les femmes et les filles sont confrontées en termes de sécurité (CIS, 2012). Ces informations peuvent ensuite être exploitées par les acteurs de la lutte contre la violence envers les femmes et les filles dans le cadre de la conception de leurs interventions, et également servir à informer les acteurs d’autres groupes sectoriels/secteurs quant à la manière d’améliorer les activités de protection contre la violence envers les femmes et les filles (voir aussi la Section VIII sur l’intégration des programmes de prévention dans les principaux groupes sectoriels/secteurs humanitaires).
La boîte à outils du groupe mondial de la protection Protection Cluster’s Rapid Assessment Tool contient une note d’orientation globale, des listes de questions et d’étapes à suivre, des exemples d’outils de collecte de données tels que des questionnaires d’enquête auprès de la population, des questionnaires d’entretien avec les informateurs clés, des exemples de questions à poser dans le cadre de groupes de discussion thématiques, et des modèles de rapports d’action urgente.
Le CIS a élaboré une liste de contrôle pour l’évaluation rapide en matière de violence basée sur le genre, disponible ici (en anglais).
Une autre liste de contrôle utile figure aux pages 33 à 35 du Guide Suffisamment Bon.