Les agents de proximité s’efforcent d’identifier les femmes victimes ou exposées à la violence et travaillent avec elles même après leur départ du foyer d’hébergement. Les défenseurs qui rencontrent les femmes et les filles après leur séjour en foyer d’hébergement leur rendent généralement des visites périodiques pendant un certain temps, intervenant pour les aider à répondre aux besoins d’améliorer les facteurs liés à leur sécurité et qualité de la vie, en particulier l’accès aux services indispensables.
Les défenseurs se concentrent sur des activités qui permettent de réduire l’isolement des femmes et de faciliter des interventions utiles pour des services communautaires pour les femmes qui quittent l’abri. L’accès aux ressources communautaires est essentiel (après le soutien de la famille et des amis) pour renforcer la capacité des femmes à quitter leur conjoint violent ou à réintégrer une communauté après avoir été victime de violence (Bowker, 1984; Donato & Bowker, 1984).
La durée des services et la fréquence des contacts entre les défenseurs et les femmes peuvent varier. Dans un exemple d’intervention de proximité, les défenseurs rencontrent les femmes de quatre à six heures par semaine, sur une période de 10 semaines à partir du moment où elles quittent le foyer d’hébergement. De même, en fonction de leurs besoins identifiés, le personnel de proximité peut orienter les femmes vers divers services d’assistance, tels que:
- éducation
- aide juridique
- emploi
- services pour leurs enfants
- logement
- garde des enfants
- transports
- aide financière
- soins de santé
- assistance sociale
Le processus d’une intervention de proximité comprend:
- Une évaluation:
- mieux connaître la femme concernée et les membres de sa famille et amis les plus proches.
- réunir des informations concernant ses besoins et objectifs.
- mieux comprendre ce qu’elle entend accomplir dans le cadre du processus.
- Une première réunion, qui peut durer deux heures environ, permettra de poser les jalons d’une relation de travail et de réaliser les activités suivantes (le cas échéant):
- se renseigner sur sa situation.
- mener une première évaluation des besoins
- évaluer le niveau de risque qu’encourt sa famille
- expliquer les services qui lui sont proposés
- élaborer un plan de service préliminair
- produire un plan de sécurité
- remplir les formulaires appropriés de sélection et d’admission (Dozois, 2007)
- La mise en oeuvre, qui prévoit une collaboration avec la femme concernée pour rechercher et mobiliser des ressources communautaires capables de répondre à chacun de ses besoins non satisfaits identifiés lors de la phase d’évaluation. Cela se fait par:
- une réflexion collective sur les ressources disponibles;
- l’identification des personnes à contacter pour mobiliser ces ressources; et
- l’élaboration de stratégies d’accès aux ressources. Toute une gamme de stratégies peuvent être utilisées pour mobiliser l’accès, telles que des appels téléphoniques, l’obtention de documentation ou de formulaires écrits, et l’établissement de contacts personnels.
- Le suivi, qui prévoit une collaboration avec les femmes pour évaluer si une certaine ressource a été obtenue avec succès et si elle est correspond au besoin identifié.
- Mise en oeuvre secondaire - Si l’évaluation indique que toutes les ressources nécessaires n’ont pas été obtenues ou n’ont pas correspondu aux besoins, il convient d’identifier et de mettre en oeuvre d’autres stratégies.
- Cessation des activités - période pendant laquelle le défenseur commence à se détacher progressivement du processus pour se concentrer sur le transfert des compétences et des connaissances en identifiant et en mobilisant des ressources nécessaires à la femme, de sorte qu’elle puisse poursuivre le processus toute seule.
Ces étapes se chevauchent souvent par rapport au calendrier par exemple:
- l’évaluation s’inscrit dans un processus qui doit être réalisé de façon continue, à mesure que des domaines émergeants de besoins non satisfaits deviennent évidents.
- les interventions peuvent également se produire à toutes les étapes du processus, permettant au défenseur et à la femme concernée de suivre la mise en oeuvre d’une certaine stratégie, tout en appliquant une autre.
Dans les instances où une femme ne bénéficie pas du soutien d’un foyer d’hébergement ou de ses services, l’évaluation initiale consisterait à réunir une partie ou toutes les informations qui suivent. Il est peu probable que la totalité des informations pourront avoir été recueillies dès la première visite. Lors de la détermination des domaines précis d’informations à recueillir, les agents de proximité devront songer au niveau d’ouverture et d’aise avec lequel la femme communique l’information, et aux questions les plus importantes à lui poser en fonction de sa situation.
- ses coordonnées
- son nom et date de naissance
- le ou les noms et la date de naissance de ses enfants
- son adresse, numéro de téléphone (s’assurer de la sécurité du numéro à appeler et du message à lui laisser)
- un numéro de remplacement et/ou un numéro de contact d’urgence
- sa situation d’emploi
- son état civil
- son origine éthnique
- sa langue préférée (préciser si des services de traduction sont nécessaires)
- nom et description de l’agresseur
- source d’orientation
- situation et problèmes posés
- qu’est-ce qui l’a incité à rechercher ce service?
- est-ce qu’elle ou ses enfants ont subi des préjudices physiques consécutifs à des actes violents?
- y a-t-il a eu des interventions récentes de la police? Dans l’affirmative, est-ce qu’une plainte a été déposée? Y a-t-il une ordonnance d’interdiction ou une ordonnance préventive?
- quelle est la situation présente de la relation? (par ex. séparation, cohabitation)
- se sent-elle en sécurité? Pourquoi ou pourquoi pas? que faudrait-il faire pour qu’elle se sente en sécurité?
- a-t-elle des enfants? Dans l’affirmative, qu’ont-ils vu ou vécu? Sont-ils en sécurité?
- y a-t-il jamais eu de destruction d’animaux domestiques ou de biens?
Antécédents
- quel sorte de violence a-t-elle subi (physique, affective, financière, sexuelle, spirituelle) dans cette relation? Dans des relations passées?
- comment la violence a-t-elle commencé?
- quelle est la fréquence des incidents violents?
- quelles sont les armes employées?
- a-t-on déposé des plaintes?
- l’agresseur a-t -il menacé de tuer la cliente ou quelque d’autre?
Soutien
- qui lui fournit un soutien à présent? comment est-elle aidée?
- y a-t-il d’autres amis ou parents qui pourraient lui apporter un soutien? quelle sorte de soutien pouraient-ils offrir? Comment peut-elle leur faire savoir qu’elle a besoin d’un certain type de soutien?
- a-t-elle recherché une aide auprès d’autres organismes ou d’autres professionnels?
- quel type d’information lui serait utile? (juridique, financière, sécuritaire, ressources communautaires, dynamique et effets de la violence familiale).
- quel sorte de soutien lui serait utile? (besoins essentiels, orientation juridique, hébergement, santé, santé mentale, rôle parental, stratégies d’adaptation).
- quelles solutions pense-t-elle avoir pour assurer sa propre sécurité?
- quels sont les atouts dont elle dispose pour traverser cette période difficile? (stratégies d’adaptation)
Les défenseurs devraient consigner les réponses des femmes à ces questions dans un dossier, ainsi que toutes les observations formulées, tous les objectifs fixés et toutes les actions entreprises ou à entreprendre.
(À partir de Sullivan et Bybee, 1999)
Outils:
Family Violence Outreach Counsellor Manual (Dozois, 2007). Cette ressource fournit des indications sur les services de proximité, dans le cadre du contexte canadien. Le manuel consacre des sections aux principales fonctions et compétences des conseillers de proximité, à la manière de coopérer avec les femmes qui vivent dans la communauté, et à la conservation des dossiers et des archives. Le manuel propose également une documentation pour aider les femmes à comprendre la violence familiale et ses effets, et des modèles d’outils et de formulaires. Disponible en anglais.