Les femmes qui ont subi la violence risquent d’avoir des problèmes de santé psychologique et de consommation de substances étroitement liés à leurs expériences de la violence (c’-à-d. augmentant leur risque d’exposition à la violence, amplifiant et exacerbant leur consommation de substances du fait de la violence ou en réponse à la violence comme mécanisme de défense).
Il est important que les centres d’hébergement comprennent les liens entre l’expérience des femmes en matière de violence et leur santé psychologique ou consommation excessive de substances pour pouvoir les aider efficacement à gérer et à surmonter ces problèmes connexes.
Toxicomanie
La consommation de substances chez les femmes qui ont subi des violences se produit dans un contexte généralement marqué par les faits suivants:
- les femmes sont mises en contact avec des drogues par leur partenaire intime et des partenaires qui manipulent leur consommation de drogues comme moyen d’exercer leur contrôle sur celles-ci.
- les tendances de consommation de substances commencent ou se développent en relation avec les ordonnances fournies par les médecins.
- les tendances de consommation de substances se développent en relation avec la gravité croissante des blessures ou des risques de létalité.
- Les partenaires maltraitent les femmes dépendantes aux drogues injectables:
- en les forçant à échanger des faveurs sexuelles contre de la drogues ou de l’argent
- en contrôlant leur approvisionnement ou leur accès aux drogues
- en leur injectant des drogues
- en utilisant volontairement des aiguilles usagées
Les personnes qui travaillent avec des victimes de la toxicomanie doivent également prendre en considération que:
- Les femmes peuvent rester dans une relation abusive en raison de leur dépendance aux drogues fournies par leur partenaire.
- Les perceptions formées ou la stigmatisation exercée par des prestataires de services pour lesquels les femmes toxicomanes sont moins crédibles se traduisent pas des niveaux de soutien réduit.
- La consommation de drogues peut renforcer la perception de soi des femmes selon laquelle elles méritent d’être maltraitées et ralentir, voire limiter leur guérison des violences passées.
- Les femmes peuvent se heurter à des obstacles particuliers pour quitter des situations abusives provoquées par leur toxicomanie, tels que:
- La réticence à solliciter une aide auprès de la police par crainte d’être arrêtées ou d’entraîner l’intervention des services de bien-être de l’enfance.
- La crainte de ne pas être crues lorsqu’elles rapportent des incidents de violence liés à la toxicomanie
- La crainte de rechuter en raison du stress de confronter un avenir incertain
La British Columbia Society of Transition Houses (Canada) a mis en oeuvre un projet de deux ans et demi destiné à réduire les obstacles et à remédier aux difficultés que rencontrent les femmes qui s’efforcent de traiter leurs problèmes de santé mentale et d’utilisation de substances tout en étant confrontées à la violence. Plus précisément, les femmes dans ces situations risquent d’être rejetées par les programmes d’hébergement transitoire, qui reposent souvent sur l’abstinence, ou doivent chercher un soutien auprès d’organismes qui travaillent séparément les uns des autres. Celles-ci risquent également d’être cataloguées comme des personnes avec lesquelles il est difficile de travailler si leur comportement est jugé perturbateur, et d’être stigmatisées en raison de leurs niveaux passés et présents de santé mentale et de consommation de substances. Grâce à ses activités en matière de recherche-action, de formation de prestataires de services et de mise en oeuvre expérimentale de pratiques identifiées, le projet a permis d’apporter, entre janvier et juin 2011, des changements substantiels à la prestation des services dans le cadre des six programmes d’hébergement transitoire en vigueur en Colombie-Britannique. La recherche a contribué à l’élaboration et à l’évaluation d’une trousse de pratiques prometteuses qui porte essentiellement sur les principales approches de soutien aux femmes et des exemples de leur mise en oeuvre, et un programme permettant aux différents services d’améliorer leur soutien aux victimes ayant des problèmes de santé mentale et de toxicomanie.
Lire l'étude de cas complète.
Sources: BC Society of Transition Houses (2011) Reducing Barriers To Support: A Discussion Paper; BC Society of Transition Houses (2011) Report on Violence Against Women, Mental Health and Substance Use; Buote, Denise (2011) Reducing Barriers to Services and Supports for Substance Use and Mental Wellness Concerns Among Women Fleeing Violence: Key Findings.
Les femmes pourraient privilégier des soutiens pour leur protection par rapport à la recherche d’un traitement contre la toxicomanie ou penser qu’elles ne peuvent pas recevoir une aide pour les deux problèmes, ce qui peut les priver d’un accès à une assistance appropriée.
Les femmes toxicomanes pourraient courir des risques supplémentaires qui doivent être évaluées lors des interventions:
- l’arrêt de la consommation de drogues peut entraîner des dangers plus graves pour certaines femmes (ex. l’agresseur peut trouver de nouveaux moyens pour contrôler ou compromettre le rétablissement des femmes de la toxicomanie s’il a l’impression qu’il est moins capable de les contrôler).
- le jugement que porte les femmes sur les risques qu’elles encourent pourrait être faussé par la consommation de substances.
- les femmes pourraient avoir du mal à se rappeler et à exécuter leur plan de sécurité sous l’emprise des substances (Parkes, 2007 comme cité dans l’Alberta Council of Women Shelters, 2006).
Les programmes d’aide aux femmes toxicomanes devraient:
- réduire le sentiment de honte lié à la toxicomanie, par une formation du personnel qui travaille avec des femmes toxicomanes et la promotion d’une culture de compréhension et de respect au sein du foyer d’hébergement.
- encourager la compréhension de la toxicomanie et de ses dangers, tout en reconnaissant les difficultés rencontrées par les femmes dans leurs efforts pour s’en sortir.
- susciter l’espoir que le changement est possible et obtenir la participation d’autres femmes qui ont réussi à vaincre leur toxicomanie comme exemples et soutiens par les pairs au sein du foyer d’hébergement.
(Poole & Coalescing on Substance use, 2007 comme cité dans l’Alberta Council of Women’s Shelters, 2006; Alberta Council of Women’s Shelters. 2009. Sheltering Practices: Module 3 - Danger Assessment and Safety Planning)
Santé psychologique
Les expériences de violence peuvent entraîner de nombreux effets négatifs pour la santé psychologique, entre autres conséquences de la violence. Les problèmes de santé psychologique constituent également un facteur de risque de violence supplémentaire pour les femmes.
Les centres d’hébergement devraient considérer les mesures suivantes pour favoriser la santé psychologique des femmes:
- Former le personnel à comprendre toute la problématique des questions de santé psychologique que risquent de rencontrer des survivants de la violence, les symptômes qui pourraient y être associées, et leur fournir des indications leur permettant de travailler de manière attentive avec des femmes à divers niveaux de bien-être mental.
- Encourager le débat sur les questions de santé mentale et gagner la confiance des survivants de la violence pour les encourager à faire connaître tous leurs besoins en matière de santé mentale. Cela consiste à leur demander leurs préoccupations dans ce domaine.
- Éduquer les femmes sur les liens entre la violence, les traumatismes, la santé psychologique et la toxicomanie. Cela peut impliquer la fourniture d’une information permettant aux femmes de juger leurs réactions à la maltraitance et aux traumatismes comme normales, et de mieux comprendre le contexte social de ces problèmes.
- Fournir des orientations et des liens avec des spécialistes des traumatismes et de la santé psychologique pour que les femmes puissent recevoir une aide spécialisée adaptée à leurs besoins.
- Coopérer avec les services de santé psychologique pour que les survivants qui cherchent de l’aide dans ce domaine puissent obtenir en toute sécurité les services offerts aux victimes de la violence et des agressions (adapté à partir du Ontario Woman Abuse Screening Project. 2010). How Women Abuse and Sexual Assault Staff Can Provide Mental Health-Informed and Addiction-Informed Services.
Exemple: Soutenir les femmes ayant des problèmes de toxicomanie (Canada) et la santé mentale
Grâce à la collaboration intersectorielle et de la formation, des abris dans sept régions de l'Ontario (Canada) ont augmenté leur capacité à soutenir les femmes victimes de violence ayant des problèmes de toxicomanie et de santé mentale complexes et / ou d'accès aux services pertinents. Dans le cadre du Projet ontarien de femme d'abus de dépistage, la violence domestique et les organisations d'agression sexuelle, les organismes de santé mentale et des toxicomanies, ainsi que les survivants collaborent pour:
- Aider les femmes à des défis de santé mentale et / ou des problèmes de toxicomanie pour surmonter les obstacles à l'accès des abris et autres services liés à la violence.
- Fournir aux femmes avec des problèmes complexes de santé mentale et / ou des problèmes de toxicomanie des services améliorés dans les refuges et dans d'autres organismes qui s'occupent des abus.
- Veiller à ce que les femmes victimes de violence un accès supports de toxicomanie et de santé mentale et de recevoir des services qui sont trauma-éclairé et réfléchi de leurs expériences en tant que victimes de violence familiale et sexuelle, et
- Promouvoir un accès universel, le dépistage systématique, complète par des organismes de santé mentale et des toxicomanies pour violence conjugale, d'agression sexuelle et d'autres formes de traumatismes liés à la violence (c. liée à la violence institutionnelle ou un cadre humanitaire).
La collaboration a soutenu les efforts tels que la fourniture de services à temps plein par deux professionnels de la santé mentale de l'Association canadienne pour la santé mentale dans London-Middlesex pour femmes violentées résidant à l'abri communautaire de la Maison des Femmes pour les femmes victimes de violence. Cet engagement accru et une formation sur les liens entre les expériences de violence et des traumatismes à leur santé mentale et de la toxicomanie chez les femmes améliore également la capacité et le confort personnel des refuges et d'autres agressions sexuelles et les prestataires de services de la violence domestique à fournir des services aux femmes souffrant de troubles mentaux et / ou des problèmes de toxicomanie, et augmente l'accessibilité de ces services à des femmes très marginalisées.
Outils:
Trauma and Trauma-Informed Care. Ce cours examinera les causes, les effets, l’expérience, et les formes de traumatismes qui se rapportent aux survivants de la violence familiale, et se penchera sur la nature, l’application et la mise en oeuvre de services de soins en tenant compte des traumatismes subis. Disponible en anglais.
Understanding Trauma & Mental Health in the Context of Domestic Violence: An Integrated Framework for Healing and Social Change (Carole Warshaw pour le National Center on Domestic Violence, Trauma & Mental Health, 2012). Ce webinaire propose aux activistes un cadre intégré d’intervention en matière de traumatismes et de santé psychologique dans le contexte de la violence familiale. Il donne un bref aperçu de la recherche sur la violence familiale, les traumatismes, la santé psychologique et la toxicomanie, dans le contexte américain, une information sur l’effet des traumatismes sur le développement et le cerveau, et fait des recommandations en matière de politiques et de pratiques. Disponible en anglais.
The Trauma-informed Toolkit (Klinik Community Health Centre, 2008). Disponible en anglais.
Voir également la section sur Soins et soutien affectifs dans le module Santé.