Les manifestations, marches, réunions publiques (rassemblements) et occupations de lieux sont des moyens classiques, et potentiellement efficaces, d’expression de l’opinion publique sur une question donnée.
Quand organiser une manifestation ou un rassemblement
- Quand il est très probable que l’événement réunira un nombre suffisant de participant(e)s, c’est-à-dire lorsque l’opinion publique sur la question est si forte que l’on peut s’attendre à un nombre suffisant de participant(e)s et à une certaine couverture média.
- Quand l’événement est relié à une campagne plus générale portant sur la cause, par exemple la campagne des 16 journées de mobilisation contre la violence sexiste.
- Quand une décision ou un événement politique importants sont imminents, par exemple avant un vote du parlement sur un projet de loi relatif à la violence à l’égard des femmes.
À noter :
- Les manifestations et les rassemblements visent à exprimer l’intérêt du public pour une cause, à savoir l’opinion d’un large éventail de la société. Dans de nombreux contextes, la violence à l’égard des femmes et des filles est encore largement considérée comme une « question de femmes » ou un problème n’affectant que les gens marginalisés. Ce stéréotype doit être remis en question en rassemblant en faveur de la cause un éventail divers de la société comprenant des femmes et des hommes de différentes classes d’âge et appartenant à différentes catégories socioéconomiques.
- Il n’est pas judicieux d’organiser une marche ou un rassemblement si l’on ne peut pas compter sur un public nombreux, car cela risque alors d’indiquer que la cause n’a pas d’importance aux yeux du public. On cherchera, pour maximiser le nombre de participant(e)s, à organiser les rassemblements à des heures de la journée où la plupart des gens sont libres, le week-end par exemple, lors des jours fériés officiels et dans des lieux intéressants. Lorsque les supporters ne sont pas assez nombreux, d’autres événements susceptibles de bénéficier d’une couverture des médias, tels que les veillées ou les coups publicitaires (décrits ci-dessous), peuvent être plus efficaces.
Dans de nombreux pays, les manifestations, les rassemblements et les marches doivent faire l’objet d’une autorisation préalable, consistant en l’obtention auprès des autorités compétentes de permis de s’assembler en grand nombre, de permission de fermer certaines routes ou lieux publics, etc. L’organisation de tels événements sans permis peut avoir de graves conséquences, notamment l’intervention de la police pour disperser la foule.
Check-liste : planification d’une manifestation, d’une marche ou d’un rassemblement
- Comme pour tous les événements publics, songez à qui vous voulez atteindre et à ce que vous voulez obtenir par la manifestation.
- Décidez des principaux messages que vous souhaitez émettre et de vos principaux/principales porte-parole.
- Répartissez les attributions. Nommez une personne ou une équipe qui sera chargée de l’organisation générale de la protestation et répartissez les responsabilités spécifiques entre les autres participant(e)s.
- Prévoyez le lieu ou l’itinéraire et la date et l’heure. Si vous organisez une marche, celle-ci doit commencer et se terminer à des endroits facilement accessibles et ne présentant pas de danger pour les rassemblements publics. La marche devrait passer par des lieux très fréquentés de manière à attirer une attention maximale du grand public. Généralement, les discours ont lieu à la fin de la marche. On s’assurera que les intervenant(e)s puissent se faire entendre (acoustique). Pour éviter la fatigue et le fléchissement de l’intérêt des participant(e)s, ne prévoyez pas un programme de plus de deux heures pour tout l’événement. Les occupations de lieux (« sit-ins ») peuvent durer plus longtemps : dans ce genre de manifestation, les gens s’asseyent dans un espace public en relation avec la cause, par exemple sur le lieu d’un crime ou dans un palais de justice, une stratégie possible consistant à menacer de ne pas quitter les lieux jusqu’à ce qu’un problème particulier ait été résolu.
- Choisissez la date et l’heure de l’événement pour attirer une attention maximale, par exemple pour coïncider avec un anniversaire ou une date symbolique, telles que la Journée internationale de la femme ou les 16 journées de mobilisation. Demandez, par exemple aux autorités locales, s’il est prévu pour la même date d’autres événements et déterminez dans l’affirmative si cela détournera l’attention de votre manifestation ou contribuera à renforcer l’attention en sa faveur.
- Sachez quelles sont les dispositions juridiques à respecter et acquittez-vous des formalités requises. Dans de nombreux pays, les manifestations doivent faire l’objet d’une annonce officielle ou être permises par les autorités locales, généralement la police. Il peut y avoir d’autres restrictions; par exemple au Royaume-Uni, les ONG risquent de perdre leurs avantages fiscaux si elles se livrent à certains types d’activités politiques. Sauf s’il existe des raisons majeures de ne pas le faire, conformez-vous aux formalités de manière à ce que l’on ne puisse pas accuser votre campagne de conduite illégale.
- Informez vos alliés. Prenez contact avec vos supporters et les personnalités qui soutiennent votre cause et demandez-leur de participer à l’événement; la présence de politiciens et de célébrités peut accroître la couverture média de la manifestation.
- Trouvez des slogans et réalisez des affiches, bannières et autres objets qui indiquent de manière visible quelle est votre cause et qui attirent l’attention.
- Faites de la publicité pour votre événement au moyen de prospectus, courriels, affiches. Indiquez la date, l’adresse du rassemblement ou l’itinéraire de votre marche, ainsi que l’heure du départ. Si vous souhaitez attirer une foule nombreuse, commencez à annoncer l’événement plusieurs mois à l’avance.
- Informez les médias (envoyez par courriel un communiqué de presse et des photos numériques de bannières ou de panonceaux caractéristiques). Songez à filmer vous-même votre événement (par exemple en vidéo numérique) pour vous en servir à des fins de publicité sur l’internet.
- Pour les marches, désignez des signaleurs/signaleuses, à savoir des personnes qui guideront les participant(e)s le long du parcours. Prévoyez au moins un signaleur/une signaleuse pour 50 participant(e)s. Donnez-leur des instructions sur la conduite à tenir en cas d’urgence, blessures ou conflits avec des contre-manifestants. Ces personnes doivent être facilement repérables, par exemple par le port de tee-shirts de couleur vive.
- Prévoyez le matériel nécessaire, tel que mégaphones, matériel de sonorisation (haut-parleurs, micros) et caméscopes s’il y a lieu.
- Organisez les finances, en établissant le budget de l’événement et en contrôlant les dépenses.
- Envisagez d’intégrer d’autres outils de campagne dans la manifestation, par exemple de recueillir les adresses électroniques des participant(e)s qui souhaitent garder le contact, ou des signatures pour une pétition. Assurez-vous de charger certaines personnes de ces tâches supplémentaires et de prévoir un temps amplement suffisant pour celles-ci.
Pendant la manifestation…
- Respectez votre horaire pour que les participant(e)s conservent leur élan.
- Ne soyez pas d’une brutalité excessive dans vos slogans : vous risquez de vous aliéner des supporters. Comme il y a dans toutes les sociétés des gens qui se refusent à « rompre le silence » sur la violence à l’égard des femmes et des filles, certains pourront vous considérer comme « provocants » même si vous communiquez de manière modérée et sensible; préparez-vous-y.
- Préparez-vous aux réactions de spectateurs/spectatrices, y inclus aux attaques identitaires, à savoir à des remarques visant à discréditer les participant(e)s individuellement ou collectivement. Gardez votre sang-froid et ne vous laissez pas entraîner dans des bagarres; si nécessaire, rappelez aux autres participant(e)s de rester pacifiques.