Principes de la mobilisation communautaire

Dernière modification: January 03, 2012

Ce contenu est disponible dans

Les options
Les options
  • Une évaluation communautaire doit impérativement précéder toute intervention communautaire, de manière à ce que les activités prévues correspondent aux besoins et aux avoirs du public cible. Une recherche participative, telle qu’une évaluation rurale participative, et une stratégie et/ou une planification de l’action participatives avec les publics cibles possibles offrent les meilleures possibilités d’obtenir les riches informations qualitatives nécessaires et de donner de l’élan à la campagne. Voir aussi les chapitres Planification de la campagne et Stratégie de campagne dans le présent module pour des conseils et des outils applicables pour la recherche et l’analyse de la campagne.
  • On veillera à ce que la stratégie de mobilisation communautaire soit fondée sur une théorie du changement. Il existe plusieurs théories fondées sur la psychologie et les sciences sociales qui offrent un cadre de réflexion utile pour déterminer les voies du changement. 
  • La communication, claire et à un stade précoce, du but et de la nature de la campagne évite de susciter des attentes non réalistes (par exemple, l’espoir chez des membres de la communauté d’obtenir des avantages immédiats, tels qu’un soutien financier, etc.) et de causer des déceptions ultérieurement.
  • Un suivi et évaluation participatif avec des membres du public cible aide à comprendre ce que le changement signifie dans une communauté donnée. Ce qui peut paraître sans pertinence aux yeux d’un observateur peut être un progrès considérable pour la communauté.
  • Pour prévenir une dérive du message ou des activités locales susceptibles d’être en conflit avec la stratégie de la campagne, les activités communautaires devraient être accompagnées et suivies par des intervenants expérimentés appartenant à la campagne qui soient capables de résoudre les difficultés provenant d’erreurs d’interprétation dans le cadre d’un processus participatif constructif.

 

Les auteurs de Raising Voices préconisent une mobilisation communautaire de grande envergure, comprenant des activités de campagne ainsi que des projets locaux pour améliorer les services :

La mobilisation communautaire  de grande envergure consiste à : 

  • Travailler avec toute la communauté, femmes et hommes, jeunes et enfants
  • S’attacher à encourager les individus ainsi que la communauté à entreprendre un processus de changement
  • Appliquer dans le temps de multiples stratégies pour former une masse critique d’individus appuyant les droits des femmes
  • Aider les gens à faire face au fait que la violence n’est pas un phénomène « extérieur », un problème qui « arrive aux autres », mais que c’est une réalité que nous devons tous gérer dans nos relations
  • Inciter au militantisme actif au sein d’un large groupe représentatif de membres de la communauté
  • Entreprendre des actions polyvalentes et variées.

La mobilisation communautaire ne consiste pas à :

  • Se limiter à la sensibilisation
  • Se limiter au renforcement des capacités
  • Travailler avec un seul secteur, un seul groupe, les membres d’un seul sexe
  • Entreprendre des actions dictées par les circonstances ou sporadiques
  • Entreprendre une série d’activités ponctuelles
  • Faire des reproches, accuser et blâmer
  • Imposer à la communauté un programme exécuté par une ONG du sommet vers la base
  • S’attendre à des activités parfaitement ordonnées qui s’achèvent à brève échéance
  • Se contenter d’émettre des messages.

Raising Voices emploie la théorie des « étapes de changement », qui s’articule comme suit :

Étape 1  Inaction :  Les personnes ne reconnaissent pas la violence à l’égard des femmes comme un problème ou comme une question ayant des conséquences dans leur existence. Elles n’interviendraient pas pour aider une amie ou un membre de leur famille subissant des violences.

Étape 2  Prise de conscience : Les personnes commencent à considérer que la violence à l’égard des femmes a des répercussions sur leur existence, soit parce qu’elles ont récemment pris conscience de cette violence soit parce qu’elles ont commencé à la reconnaître comme un problème et pas comme une réalité normale de la vie pour les femmes.

Étape 3  Préparation : Les personnes s’informent davantage et conçoivent progressivement l’intention d’agir. À ce stade, elles peuvent être disposées à intervenir ou à venir en aide à une victime de la violence.

Étape 4  Action : Les personnes explorent de nouvelles attitudes mentales et de nouveaux comportements et passent à l’action en intervenant lorsqu’une fille ou une femme est menacée par la violence ou en est victime, leur viennent en aide, ou agissent pour influer sur leur environnement de vie et de travail.

Étape 5  Consolidation : Les personnes reconnaissent les avantages du changement de comportement et s’y tiennent. Elles continuent d’agir pour aider les filles et les femmes menacées par la violence ou victimes de la violence dans leur communauté.

Le diagramme ci-dessous représente la théorie du changement de Raising Voices : [SEE FRENCH CALLOUTS IN SECTION 3.7 – NOTE TYPO IN ENGLISH IN “Secion” 1 and “Secion” 2] 

 

Raising Voices a élaboré un programme détaillé rédigé en langage simple qui guide les militant(e)s à chaque étape de l’exécution d’une campagne communautaire d’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles. Le principe de base est de parvenir à une masse critique en faveur du changement dans toute la communauté (Michau, 2007. Approaching old problems in new ways) [Nouvelles approches de vieux problèmes] :

Voir l'étude de cas complète de La    Mobilisation  Communautaire Raising Voices.  

Une série complète de livrets fournissant des conseils pratiques sur toutes les étapes de la campagne de Raising Voices, depuis l’évaluation communautaire, est téléchargeable gratuitement à partir du site Web de l’organisation.

 

 

Étude de cas : Dans la région des hauts plateaux de Minembwe (Sud-Kivu, RD Congo), le mariage forcé des filles de moins de 18 ans été extrêmement commun. Dans la plupart des villages, ce crime connu localement comme le « mariage par rapt » était commis plusieurs fois par mois. Les jeunes filles étaient kidnappées et violées par des groupes de jeunes hommes locaux et contraintes d’épouser l’un des violeurs. L’ONG locale de développement UGEAFI a dénoncé la pratique et effectué des recherches formatives impliquant les survivantes, les auteurs des faits et toute une gamme d’autres parties prenantes comprenant les parents et les prêtres, qui conspiraient souvent pour « légaliser » le mariage avant l’âge légal, célébré selon des rites traditionnels.

Dans des débats de groupes cibles et des réunions publiques, l’UGEAFI a encouragé les discussions sur les croyances relatives au mariage par rapt, ses motivations et ses effets néfastes sur les victimes et sur l’ensemble de la communauté. Elle a distribué et expliqué les textes du code de la famille et du code pénal en vigueur aux administrateurs et aux prêtres locaux, dont beaucoup ignoraient l’existence. Parallèlement, l’ONG a mis en œuvre un programme visant à faciliter la fréquentation scolaire pour les filles, comprenant l’introduction de poêles à bonne efficacité énergétiques et de moulins mécaniques à manioc et à maïs pour réduire les tâches ménagères qui faisaient obstacle à la scolarisation des filles. En coopération avec un établissement d’enseignement secondaire, l’UGEAFI a lancé des cours de formation professionnelle encourageant les filles à faire des études précédemment réservées aux garçons, telles que la formation aux soins vétérinaires. La mobilisation communautaire contre une pratique traditionnelle néfaste s’est ainsi doublée d’une vigoureuse action en faveur de l’égalité des sexes.

En 2010, après cinq ans d’activité de la campagne, l’UGEAFI a signalé que le mariage forcé était devenu extrêmement rare à Minembwe (1 ou 2 cas par an), du fait que les communautés la condamnent à présent comme étant néfaste et que les autorités locales refusent de plus en plus de la tolérer. 

Source : Gudile Nasine et Butoto Bigiri Naum, UGEAFI, communication personnelle.

 

Ressources :

Community Conversation Toolkit [Boîte à outil de conversation communautaire] (AED/C-Change, 2010). Disponible en anglais.

Raising Voices Community-based Violence Prevention Program Materials [Matériels de prévention de la violence à base communautaire de Raising Voices]. Disponible en anglais

Social and Behavior Change Communication Capacity Assessment Tool [Outil d’évaluation de la capacité à la communication pour le changement social et comportemental] (Communication for Change, 2011).  Disponible en anglais.

A Learning Package for Social and Behavior Change Communication [Dossier d’apprentissage à la communication pour le changement social et comportemental] (Communications for Social Change, 2010).  Disponible en anglais.

Communication for Social Change Website [Site Web de la communication pour le changement social et comportemental]. Disponible en anglais.