La cinématographie et la vidéo peuvent être des outils puissants qui font appel à la raison ainsi qu’aux émotions des spectateurs/spectatrices. Au cours de la dernière décennie, la vidéo numérique a révolutionné la production cinématographique étant donné qu’elle est à la portée de toute personne qui a les moyens de s’acheter un simple caméscope. De nos jours, même les téléphones portables ont des fonctions de vidéo numérique utilisables pour produire du matériel vidéo facilement diffusable et permettant d’atteindre par internet un public pratiquement illimité. Mais il est néanmoins nécessaire de planifier, de diriger et de monter les vidéos numériques aussi professionnellement que possible pour diffuser le message de la campagne de manière convaincante.
Conseils pratiques
L’organisation de défense des droits de la personne WITNESS propose une série de guides qui expliquent les règles fondamentales de l’emploi de la vidéo dans le plaidoyer.
Les instructions ci-dessous sont adaptées d’après ces tutoriels.
1. Préparation – questions à poser
- Quels sont les risques associés à la production de la vidéo ?
- Quel est votre objectif ? Quelle place la vidéo occupera-t-elle dans l’ensemble de la campagne ? Elle devrait être alliée à d’autres moyens de communication tels que l’action communautaire, le lobbyisme, la rédaction de rapports ou les dialogues en ligne.
- Quel est votre public cible ?
- Message : que voulez-vous que le public fasse ? Comment votre vidéo pourra-t-elle les y inciter ? Quel est le meilleur moyen de communiquer le message par des images vidéo ? Par exemple, en racontant une histoire, par des images frappantes et des interviews avec des porte-parole approprié(e)s. Quelle est l’histoire ? Comment voulez-vous la raconter ? Où ? Quand ? Qui voulez-vous filmer ?
- Quels sont les principes éthiques qu’il faut respecter ? (Voir , par exemple, consentement éclairé et confidentialité.)
- De quel matériel avez-vous besoin ? Il peut suffire d’une caméra numérique et de l’accès à un ordinateur.
2. Principes de filmage
- RACONTEZ UNE HISTOIRE : Où vous vous trouvez, ce qui se passe, qui est impliqué, pourquoi. Filmez les images dont vous avez besoin. Si possible, établissez un plan prévoyant quelles sont les images qui transmettront le mieux votre message et servez-vous de ce plan pendant le filmage. Définissez une séquence logique, compte tenu de l’objectif de la vidéo.
- FILMEZ DES DÉTAILS : Approchez-vous de l’action (sans oublier la sécurité). Placez-vous à la distance voulue du sujet : plans d’ensemble pour le contexte, plans moyens pour montrer ce qui se passe, gros plans pour les détails convaincants et révélateurs, tels que les expressions faciales (surprise, tristesse, etc.).
- PRODUISEZ DES IMAGES ET UN SON DE QUALITÉ : Filmez des séquences stables de 10 secondes (à savoir gardez la caméra immobile sur un objet donné pendant exactement 10 secondes). Une succession bien choisie d’images fixes peut transmettre un message fort. Déplacez la caméra à bon escient, en étant vous-même en position stable (par exemple avec les coudes près du corps et les genoux fléchis pour bien garder l’équilibre). Éviter « l’arrosage », à savoir les déplacements rapides de la caméra ou du téléphone portable pour essayer de tout filmer. Enregistrez une bande sonore de bonne qualité, si possible avec un micro extérieur et en limitant les bruits de fond. Songez aux questions d’éclairage. Les journées nuageuses sont celles qui donnent la meilleure lumière pour le filmage. En filmant avec un téléphone, évitez tout mouvement inutile car les images peuvent être très instables. Songez aux bruits de fond et approchez-vous très près pour les interviews.
- SITUATIONS SPÉCIALES : Dans les situations d’urgence, si vous êtes témoin d’un incident inattendu, pensez à votre sécurité. Après avoir filmé l’incident, filmez les témoins oculaires qui expliquent ce qui s’est passé. Filmer subrepticement peut être illicite et dangereux. Évaluez les risques soigneusement. Exercez-vous à l’avance à filmer subrepticement jusqu’à ce que vous soyez certain(e) de ne pas vous faire repérer.3. Gens à filmer
- Les gens qui racontent une histoire peuvent être très efficaces pour transmettre le message. Songez aux témoins oculaires.
- Protégez les gens que vous filmez en obtenant leur consentement éclairé et en veillant au respect de la confidentialité s’il y a lieu. Il y a différentes façons de dissimuler l’identité des gens filmés : en les filmant à contre-jour, en laissant leur visage dans l’ombre, en les filmant de l’arrière, en ne montrant que leurs mains ou en se servant de logiciels de montage pour brouiller leur visage. Si vous avez des vidéos montrant le visage des gens, conservez-les en lieu sûr.
- Dans les interviews, posez des questions ouvertes, telles que « pourquoi ? » et « comment est-ce arrivé ? » Filmez des scènes supplémentaires pour montrer ce dont parlent les personnes interviewées, mais maintenez la caméra au point sur ces personnes pendant qu’elles parlent.4. Montage et diffusion
- REPORTEZ-VOUS À VOTRE STRATÉGIE : Y a-t-il eu des changements dont il y a lieu de tenir compte lors du montage et de l’utilisation de la vidéo ? Réévaluez les risques : la vidéo peut-elle être diffusée sans danger et est-il approprié de le faire ?
- Lors du montage, N’EN FAITES PAS TROP : La concision est un facteur d’efficacité. Vous n’avez pas besoin de tout montrer : il suffit de produire un enchaînement logique. Lorsque l’on travaille avec un métrage extrêmement limité, par exemple une seule séquence, on pourra envisager d’emprunter des matériels supplémentaires à des collègues ou à se servir de métrage disponible gratuitement selon une licence non commerciale du type Creative Commons.
- ÉTHIQUE : Restez fidèle à la vérité et de modifiez pas la chronologie des événements.
- DISTRIBUTION : Montrez la vidéo en différents lieux, par exemple en l’affichant sur divers sites Web et lors de manifestations publiques. Efforcez-vous de la montrer à l’endroit voulu et au moment voulu : trouvez un moment privilégié de la situation, par exemple un vote important au parlement. Des séances de projection spéciales peuvent être organisées pour les membres clés du public cible.
- SUIVI : Vérifiez sur les sites Web où vous avez affiché la vidéo pour lire les commentaires et réagir promptement s’il y a lieu. Sur les plates-formes vidéo générales telles que YouTube, des annonces contredisant le message de votre campagne peuvent s’afficher automatiquement dans une fenêtre flash, avec un contenu peu sensible aux sexospécificités. Des outils de suivi en ligne permettent de déterminer facilement le nombre de visionnements de la vidéo. Par ailleurs, les commentaires affichés peuvent donner des retours d’information utiles pour les futures vidéos. Les vidéos en ligne qui attirent un grand nombre de spectateurs peuvent également être reprises dans les actualités, ce qui multiplie le nombre de leur audience et leur impact potentiel.
Outils pour la vidéo numérique
L’organisation internationale de défense des droits de la personne WITNESS se spécialise dans la formation et l’appui des groupes qui font usage de la vidéo à des fins de plaidoyer. On trouvera des instructions très complètes et des exemples sur son site Web.
L’édition audio/vidéo du projet NGO-in-a-box [ONG en boîte] est une ressource disponible en ligne développée par le Tactical Technology Collective en collaboration avec EngageMedia consistant d’une série d’outils de logiciel ouvert gratuit (FOSS), de matériels de documentation et de tutoriels qui initient les militant(e)s des ONG, des organisations à but non lucratif et des médias souhaitant employer les moyens audio et vidéo pour le changement social au monde des FOSS et des technologies à faible coût (en anglais et en portugais).
Breakthrough a produit une présentation PowerPoint très complète décrivant en détail différentes options pour la publication/diffusion de vidéos sur l’internet (disponible en anglais).
On trouvera de la musique pour les vidéos, films ou clips réalisés sans but lucratif sur le site Mobygratis d’où l’on peut la télécharger gratuitement.