Accès aux services de prévention de la violence à l’égard des femmes et de soutien post-violence : Les campagnes sur la violence à l’égard des femmes tendent à accroître la demande de services d’appui direct pour les survivantes, étant donné qu’elles encouragent les femmes qui n’osaient pas faire connaître leur expérience de la violence à demander de l’aide. Il est donc essentiel que les campagnes, et tout particulièrement celles qui sont axées sur la sensibilisation, ne soient exécutées qu’après s’être assuré que les survivantes et les autres membres des communautés aient accès à un minimum de services (santé, protection et aide juridique) ou seront acheminées vers des organisations compétentes pour y trouver le soutien dont elles peuvent avoir besoin. Dans de nombreux cas, les activités de diffusion ou de plaidoyer amènent des femmes ou des filles à s’exprimer pour la première fois sur les violences dont elles sont victimes et il convient de veiller à ce que des services de conseil et de soins, conformes aux normes éthiques, soient facilement disponibles.
En l’absence de services d’appui ou s’ils sont insuffisants, on pourra commencer par des projets ou des campagnes de plaidoyer en vue de l’établissement d’organisations qui soutiennent les survivantes d’actes de violence à l’égard des femmes. Une autre option pourra consister en un recadrage de la campagne pour l’axer sur un appel à la justice et à l’application de remèdes aux inégalités auxquelles les femmes et les filles font face dans leur vie quotidienne plutôt que de viser directement la violence à l’égard des femmes.
S’il n’existe pas de services de protection et d’appui pour les survivantes, il est d’une importance cruciale que les organisateurs de la campagne s’attachent à établir des liens et à coordonner les activités avec des organisations qui fournissent de tels services, tels que les centres de conseils psychosociaux et les foyers pour femmes, et que les membres des forces de police et de l’appareil judiciaire reçoivent des formations pour les préparer à faire face aux problèmes liés à la violence à l’égard des femmes. On tiendra une liste actualisée d’adresses et de numéros de téléphones pour les survivantes et on veillera à ce que les prestataires de services procèdent à des partages d’information périodiques au cours du déroulement de la campagne.
Pour de plus amples informations, se reporter à la sous-section sur Les services aux victimes dans la section L’application des lois du module Législation.
Exemple : Le programme de l’OIM pour l’assistance contre le trafic en Afrique australe (SACTAP) a formulé un feuilleton radiodiffusé intitulé « Dealers/Troco » en tant que composante de sa campagne de sensibilisation au trafic des personnes et pour faire connaître ses lignes téléphoniques d’aide en Afrique du Sud, au Zimbabwe et en Zambie. Les services d’aide téléphonique gratuite sont assurés par des conseillères/conseillers qui ont reçu une formation pour les préparer à répondre aux appels allant de demandes de renseignements générales à des demandes d’aide émanant de victimes de la traite des personnes.
Pour de plus amples informations, se reporter au site web.
Travail avec les hommes et les garçons : Bien qu’il soit établi que, quels que soient la forme et le contexte de la violence à l’égard des femmes, les auteurs des faits sont en majorité écrasante des hommes, cette violence affecte profondément tous les segments de la société. Elle peut détruire les réseaux sociaux et déchirer les familles et les collectivités. Pour être efficaces, les campagnes doivent donc inclure et cibler non seulement les femmes et les filles, mais aussi les hommes et les garçons.
Les hommes et les garçons doivent être associés en tant qu’alliés d’une importance clé aux efforts de prévention de la violence. Lorsqu’ils sont informés et sensibilisés au problème, les hommes peuvent souvent servir de modèle de rôle et de porte-parole utiles pour promouvoir l’égalité des sexes dans les relations familiales et pour condamner le recours à la violence aux fins de la résolution des conflits au niveau du ménage ou de la collectivité. Les hommes et les garçons peuvent montrer qu’il est possible de prévenir la violence, dans leur propre existence et en exerçant une influence sur leurs pairs.
Les données factuelles sur les changements positifs associés au travail avec les hommes et les garçons s’accumulent. (Voir aussi Que sait-on à ce jour de l’efficacité des interventions auprès des hommes et des garçons.) Dans de nombreux pays, les hommes se sont engagés dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes, dans le cadre soit de campagnes organisées exclusivement par des hommes, soit de campagnes mixtes. Il en est ainsi par exemple de la Campagne du Ruban blanc, considérée largement comme la première campagne masculine d’élimination de la violence à l’égard des femmes, qui a été lancée au départ en 1991 par un groupe de Canadiens pour encourager les hommes et les garçons à s’exprimer contre cette violence et à la prévenir. Cette campagne est exécutée aujourd’hui dans une soixantaine de pays, en novembre et décembre de chaque année.
On pourra se reporter au module Hommes et garçons pour de plus amples informations et pour des conseils sur les façons d’associer les hommes et les garçons à la lutte contre la violence à l’égard des femmes.
Sensibilité aux sexospécificités : En règle générale, les responsables et les exécutants de campagnes sur la violence à l’égard des femmes doivent être au fait de la problématique hommes-femmes, à savoir des problèmes liés aux rôles, comportements, activités et attributs qu’un groupe social donné considère comme approprié pour les membres des deux sexes. Si une campagne compte parmi ses participants des groupes qui n’ont jamais travaillé dans le domaine du genre, il est crucial d’organiser des formations et d’établir un dialogue régulier pour s’assurer que les intervenants améliorent en continu leurs connaissances et leur compréhension dans ce domaine et qu’ils travaillent de manière sensible aux sexospécificités dans leurs pratiques quotidiennes.
Promotion du leadership et orientation due au mouvement des femmes : Les organisations féminines sont de longue date aux premières lignes des campagnes visant à mettre fin à la violence à l’égard des femmes, problème dont elles assurent la visibilité en tant que question relative aux droits de la personne et défi à relever en matière de santé et d’organisation sociale, qu’elles ont inscrit à l’ordre du jour de diverses initiatives internationales. Au cours des dernières décennies, nombre de ces organisations ont acquis des connaissances et une expérience précieuses dans l’analyse et la remise en question des normes sociales et culturelles qui favorisent la violence à l’égard des femmes. Les campagnes visant à mettre fin à la violence à l’égard des femmes doivent tirer parti de cette expérience et promouvoir le leadership des femmes afin de contribuer à une transformation sociale axée sur l’égalité des sexes.
Mobilisation des collectivités et promotion du leadership local : Il faut, pour instaurer un environnement porteur et favorable au changement qu’une large gamme de collectivités et de dirigeants communautaires clés assument leurs responsabilités et s’impliquent dans les efforts d’élimination de la violence à l’égard des femmes. Les principes généraux qui sous-tendent les campagnes efficaces sont que toute personne peut et doit être un agent de changement et qu’il faut soutenir le leadership local. Les campagnes à responsabilités décentralisées et un militantisme au niveau de base qui mobilise un nombre croissant de gens d’horizons divers peuvent avoir de multiples répercussions et créer une masse critique qui, à leur tour, peuvent influer sur la réforme ou la transformation des pratiques sociales ou institutionnelles (forces de l’ordre, système judiciaire, services améliorés).