(d’après OCDE/CAD, 2010):
- Effectuer des évaluations conjointes si possible. Les évaluations peuvent être effectuées à l’interne par les bénéficiaires ciblés de l’initiative (par exemple, une institution de sécurité nationale) ou par une équipe externe (experts de la société civile, de l’enseignement ou autres organisations non gouvernemetnales) pour appuyer la phase de planification et de conception. La coordination entre le secteur de la sécurité et les principaux prestataires de services de santé, juridiques et sociaux appuyant les survivantes permet de partager des informations essentielles, d’éviter les redondances et d’employer les ressources de manière plus efficace. D’autres évaluations conjointes peuvent être menées par les bailleurs de fonds et diverses instances gouvernementales ou organisations de la société civile.
Exemple : Évaluation des besoins par Juzoor et le Women’s Centre for Legal Aid and Counselling (Palestine)
Depuis janvier 2009, le Women’s Centre for Legal Aid and Counselling et Juzoor (organisation financées par l’Union européenne) mettent en œuvre un projet dénommé Projet Takamol qui contribue à améliorer les prestations de services juridiques et sociaux et de soins aux survivantes de la violence sexiste ainsi qu’aux femmes exposées à des risques de violence. Dans un premier temps, une évaluation et une cartographie indépendantes des besoins des prestataires de services, des établissements d’enseignement et des services de police ont été réalisées afin de déterminer la conception du système de référencement.
L’évaluation des besoins, axée sur l’examen de la violence sexiste, s’articulait en quatre composantes ayant trait :
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À la mesure dans laquelle la question est prise en considération par les forces de police, afin de repérer les carences en matière de services et les autres éléments faisant défaut dans les départements qui reçoivent les survivantes de la violence. Il a été demandé à 16 centres de participer à l’évaluation et tous ont accepté de le faire.
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Aux services et procédures juridiques, sanitaires et sociaux existant pour les survivantes et les femmes à risque dans sept gouvernorats de Cisjordanie, pour examiner comment la violence est traitée par les prestataires de services sélectionnés et pour repérer les lacunes des services.
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À la mesure dans laquelle le problème est pris en considération dans les programmes de formation des prestataires de services, afin de repérer les manques de formation théoriques et pratiques chez les personnels qui peuvent interagir avec les survivantes dans divers secteurs et contextes. Les cursus de 34 programmes d’enseignement (médecine, soins infirmiers, formation de sages-femmes, études de police, travail social, droit, psychologie, genre et développement, santé publique, gestion) ont été évalués.
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À la mesure dans laquelle les survivantes considèrent que leurs besoins ont été satisfaits par les prestataires de services, afin de mettre en évidence les lacunes et d’aider à la formulation d’un service complet et holistique. Des interviews ont été réalisées dans le cadre de cette étude, auprès d’un échantillon choisi à dessein de 44 femmes.
Principales conclusions et recommandations émises pour la police :
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Les forces de police doivent se doter d’unités spéciales pour accueillir les femmes victimes de violence, unités qui font actuellement défaut et qu’il faut promouvoir et développer. Il leur manque également le matériel nécessaire pour fournir des services optimaux et elles sont besoin d’appuis à cet égard.
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La mise en place d’unités de protection familiale dans certains gouvernorats est prometteuse et il convient de fournir des appuis pour les étendre à tous les gouvernorats.
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Il faut établir des bases de données dans les départements qui n’en ont pas, en analyser le contenu et développer les bases de données existantes.
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Il est recommandé de mettre en œuvre un programme national de formation concernant la violence à l’égard des femmes et des filles à l’intention des forces de police et de procéder à un examen détaillé du cursus d’enseignement de l’académie de police.
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Tous les services de police doivent disposer de personnels formés pour traiter les cas de violence. L’absence de tels personnels dans 50 % des services de police ayant fait l’objet de l’enquête souligne la nécessité d’instaurer immédiatement des programmes de formation.
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Le suivi des survivantes par des personnels féminins de la police est une bonne chose et il y a lieu de veiller à le maintenir.
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Les protocoles relatifs à la coordination avec les autres prestataires de services doivent être examinés et développés dans le cadre d’un système national de référencement/d’aiguillage.
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Les procédures concernant le traitement des survivantes de la violence doivent être consignées par écrit et les attributions/responsabilités clairement définies aux fins de référence et de responsabilisation ainsi que pour assurer des prestations de services de qualité constante.
Source : Aghabekian, Varsen. 2009. Study on Violence Against Women: “Promoting women’s rights and combating violence against women: Building a sustainable legal-health-social service referral system in the Palestinian Occupied Territory” [Étude sur la violence à l’égard des femmes : « Promotion des droits des femmes et lutte contre la violence à l’égard des femmes : Établissement d’un système de référence juridique, sanitaire et social durable dans le Territoire palestinien occupé] . Juzoor et Women’s Centre for Legal Aid and Counselling.
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On veillera dans les évaluations à tenir compte de l’opinion des gens concernant leurs besoins de sécurité. Les préoccupations en matière de sécurité du gouvernement et celles des gens peuvent être différentes, de même que celles des divers groupes de personnes : les femmes et filles peuvent définir la sécurité autrement que les hommes et les garçons et avoir d’autres besoins en la matière. Il est important que les acteurs du secteur de la sécurité (depuis les hauts responsables et les décisionnaires jusqu’aux personnels en uniforme) comprennent ces divers points de vue et sachent en particulier quand et pourquoi les gens ne se sentent pas en sécurité et de quel type de sécurité ils ont besoin. Les divers groupes peuvent apporter des contributions spécifiques à la sécurité de leur communauté. Par exemple, les femmes qui travaillent dans les champs situés à la périphérie de la communauté peuvent avoir sur l’incidence et les caractéristiques de la violence sexiste des connaissances qui peuvent être utiles à la police pour déterminer l’organisation de patrouilles quotidiennes. Les filles exposées à l’insécurité sur le chemin de l’école ou aux environs des établissements scolaires (latrines) possèdent des informations importantes sur les auteurs des actes de violence, le lieu et les heures des agressions, qui peuvent aider à déterminer les mesures appropriées de renforcement de l’infrastructure scolaire et à modifier la présence de la police ou des autres personnels de sécurité dans les établissements et aux environs. Les femmes peuvent également jouer un rôle clé dans les mécanismes locaux de résolution des conflits qui peuvent fournir à la police des renseignements importants pour la prévention des incidents de violence.
Exemple illustratif : Etat de Palestine
De juin à novembre 2009, le Geneva Centre for the Democratic Control of Armed Forces et la Palestinian Working Woman Society for Development ont effectué une étude faisant appel à des débats de groupes de réflexion et à des interviews détaillées de femmes et de filles palestiniennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza pour s’informer sur leurs points de vue en matière de sécurité. Les caractéristiques méthodologiques de l’étude étaient les suivantes :
- Débats de groupes de réflexion semi-structurés (35 au total) avec des femmes et des filles dans 7 gouvernorats
- De 6 à 12 participantes par groupe de réflexion
- Débats d’une durée moyenne d’une heure et demie par session
- Groupes constitués exclusivement de femmes étant donné la sensibilité du sujet
- Critères de sélection des participantes : lieu de résidence, âge et domaine principal d’activité sociale. Voir les questions spécifiques des groupes de réflexion ci-dessous.
- Emploi de questions ouvertes encourageant les débats et permettant aux participantes d’aborder des questions autres que celles mentionnées par la facilitatrice, portant sur toute une gamme de sujets liés à la sécurité perçue par les femmes et les filles.
- Débats menés en arabe par une facilitatrice suivant une série de questions établie pour l’étude, les réponses étant consignées par une secrétaire durant les débats puis transcrites et traduites ultérieurement en anglais.
Autres considérations
- Étant donné les limites que s’imposent les participantes quant aux informations qu’elles sont disposées à partager en groupe, tout particulièrement pour les questions délicates, huit interviews détaillées de participantes sélectionnées ont également été réalisées afin de compléter les renseignements recueillis lors des débats en groupe.
- Les interviews doivent être menées en employant un langage neutre et sans porter de jugement, en posant des questions formulées de manière à obtenir des réponses ouvertes et en évitant les « questions fermées » auxquelles on répond par un « oui » ou un « non ».
Source : Chabhan et al., 2010. Why Palestinian Women and Girls Do Not Feel Secure [Pourquoi les Palestiniennes ne se sentent pas en sécurité]. Genève. DCAF.
Exemple : Questions pour les débats de groupes de réflexion
Introduction : La facilitatrice expose rapidement le but de l’étude et explique les règles relatives à la confidentialité pour la session.
Question préliminaire
Pourriez-vous vous présenter au groupe et dire comment vous avez réagi quand on vous a demandé de participer à cette étude ?
Question d’introduction
De nombreux rapports indiquent que la sécurité est un problème pour les femmes de (pays/communauté). Qu’en pensez-vous ? (Est-ce vrai selon vous ?)
Questions de transition
Si vous demandez à vos amies ce qui les inquiète pour leur sécurité, que disent-elles ?
Diriez-vous que les femmes se sentent en sécurité dans votre communauté ? Pourriez-vous donner des exemples spécifiques ?
Questions clés
- De quoi les femmes de (pays/communauté) ont-elles le plus peur lorsqu’elles sont dans la rue/au travail (ou à l’école)/chez elles ?
- (Si la violence n’a pas été mentionnée dans les réponses précédentes) Qu’en est-il de la violence dans les lieux publics/au travail/à l’école/à la maison ? Diriez-vous que les femmes de votre communauté sont préoccupées par la violence ?
- Auprès de qui les femmes de (pays/communauté) peuvent-elles trouver de l’aide si elles subissent des violences ?
(Suivi)
- Si vos amies ont subi des violences, à qui leur recommanderiez-vous de s’adresser pour trouver de l’aide ? Et qui leur recommanderiez-vous d’éviter ?
- Que pensez-vous de la façon dont les autorités de (pays/communauté) traitent la violence à l’égard des femmes ? (Si les participantes ne les mentionnent pas, demandez-leur spécifiquement ce qu’il en est de la police, des services sociaux, des hôpitaux et des tribunaux.)
- Que pensez-vous de la façon dont les autres organisations (organisations non gouvernementales) traitent la violence à l’égard des femmes ?
- Que faudrait-il faire pour que les femmes de (pays/communauté) de sentent plus en sécurité ?
Questions finales
- Selon vous, quelle est la chose la plus importante qui ait été dite aujourd’hui ?
- Si vous pouviez parler aux responsables gouvernementaux, quels changements leur recommanderiez-vous d’instaurer pour accroître la protection des femmes ?
- Y a-t-il quoi que ce soit que vous n’avez pas eu l’occasion de dire et que vous voudriez dire maintenant ?
Adapté d’après : Chabhan et al. 2010. Why Palestinian Women and Girls Do Not Feel Secure. [Pourquoi les Palestiniennes ne se sentent pas en sécurité]. Genève. Centre pour le contrôle démocratique des forces armées.
- Reconnaître les perceptions et les suppositions existantes et se concentrer sur la compréhension des expériences des femmes et des filles dans toute leur spécificité. Pour assurer leur pertinence locale et la formulation de recommandations appropriées relatives à la sécurité des femmes, il est important d’investir dans les outils et méthodes d’évaluation des besoins, par exemple pour procéder à une analyse situationnelle contextuelle détaillée en s’assurant de la coopération des acteurs de la société civile actifs dans ce domaine et qui travaillent directement avec les survivantes. On peut citer en exemple, les évaluations suivantes :
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- Sondages des perceptions du public – Enquête sur les perceptions de la violence domestique envers les femmes dans l’UE, Eurobarometer, 2010
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