L’inégalité des sexes et la discrimination à l’égard des femmes sont les causes profondes de la violence à l’égard des femmes, influencées par la disparité des rapports de force historiques et structurels entre les hommes et les femmes qui se manifestent à des degrés divers partout dans le monde.
La violence à l’égard des femmes est imputable à l’absence de pouvoir et de contrôle de celles-ci, ainsi qu’aux normes qui définissent les rôles assignés aux hommes et aux femmes dans la société et qui tolèrent l’exploitation. Les disparités entre les hommes et les femmes transcendent toutes les sphères de la vie publique et privée, et les droits sociaux, économiques, culturels et politiques; elles limitent et confinent les libertés, les choix et les perspectives dont celles-ci disposent. Les disparités peuvent contribuer à augmenter les risques de maltraitance, de relations violentes et d’exploitation des femmes du fait de leur dépendance économique et des perspectives limitées de survie et de rémunération, ou de législation discriminatoire à leur encontre en matière de droits au mariage, au divorce et à la garde des enfants.
La violence à l’égard des femmes n’est pas seulement une conséquences de l’inégalité des sexes, mais accentue le statut inférieur des femmes dans la société et les disparités multiples qui séparent les hommes et les femmes (Assemblée générale de l’ONU, 2006)
Facteurs de risque de violence
De nombreux facteurs d’ordre individuel, familial, communautaire et sociétal (y compris institutionnel et étatique) concourent à augmenter les risques de violence à l’égard des femmes. Présentés dans un modèle écologique, ils sont les suivants:
- le fait d’avoir été témoin ou victime de mauvais traitement dans l’enfance (lié à la perpétuation d’actes violents commis ultérieurement par les garçons et subis par les filles);
- toxicomanie (y compris alcoolisme, lié à des incidences croissantes de violence);
- appartenance des femmes aux groupes marginalisés ou exclus);
- faible niveau d’éducation (associé au comportement ultérieur violent des garçons et à la violence subie par les filles);
- absence de perspective économique (facteur aggravant pour les hommes au chômage ou sous-employés ayant commis des violences; facteur de risque de violence pour les femmes et les filles, notamment le mauvais traitement familial, le mariage précoce et forcé, et l’exploitation et la traite sexuelles);
- disparités au niveau économique, éducationnel et professionnel entre les hommes et les femmes dans une relation intime;
- conflits et tension dans une relation avec un partenaire intime ou dans les rapports conjugaux;
- difficulté d’accès des femmes à la propriété foncière et au droit d’en disposer librement;
- mainmise masculine sur la prise de décision et les biens du ménage;
- attitudes et pratiques consacrant la subordination des femmes et tolérant la violence masculine (dot, prix de la mariée, mariage précoce);
- manque d’espaces protégés pour les femmes comme lieu de rencontre physique ou virtuelle encourageant la libre expression et la communication; un lieu pour nouer des amitiés et établir des réseaux sociaux, solliciter une protection et rechercher le soutien d’un environnement favorable.
- recours à la violence, au sein de la famille ou dans la communauté, comme moyen normal de règlement des conflits;
- absence de dispositifs législatifs et politiques capables de prévenir la violence à l’égard des femmes et à intervenir lorsqu’elle se produit;
- absence de sanction (impunité) pour les auteurs de violences à l’égard des femmes;
- efforts de sensibilisation insuffisants des prestataires de services, des représentants des forces de l’ordre et du système judiciaire. (Assemblée générale de l’ONU, 2006)
D’autres facteurs de risque lié au comportement violent d’un partenaire intime qui ont été recensés aux États-Unis sont : le jeune âge, les troubles psychologiques imputables au manque de confiance en soi, à l’agressivité, à la dépression, à l’instabilité et la dépendance affectives, au comportement asocial ou frisant l’inadaptation sociale et à l’isolement social; antécédents d’insubordination dans l’enfance; instabilité conjugale et séparation ou divorce; antécédents de violence psychologique à l’égard des femmes; mauvaises relations familiales; problèmes liés à la pauvreté comme le surpeuplement ou le stress économique; et niveau insuffisant d’intervention et de sanction communautaire de la violence familiale à l’égard des femmes. (Centers for Disease Control and Prevention, 2008)
Facteurs de protection
Il convient de noter toutefois qu’il existe une série de facteurs de protection susceptibles de diminuer les risques de violence à l’égard des femmes. Ces facteurs visent à :
- inciter les filles (et les garçons) à achever des études d’enseignement secondaire;
- retarder le mariage jusqu’à 18 ans;
- assurer l’autonomie économique des femmes et l’accès à la formation technique, au crédit et à l’emploi;
- établir des normes sociales favorables à l’égalité des sexes;
- mettre en place des services d’intervention de qualité (juridiques, sécuritaires et de protection, sociaux et sanitaires) dotés de personnels qualifiés, compétents et expérimenté;
- réserver des lieux protégés ou des abris pour les femmes;
- et faciliter l’accès des femmes aux groupes d’appui.
D’autres facteurs qui nécessitent des recherches et une analyse supplémentaires, mais qu’il est possible d’associer aux risques de violence domestique à l’égard des femmes et au besoin de protéger celles-ci desdites violences sont : les antécédents des femmes comme survivantes de toutes les formes de violence et à tous âges; le niveau de communication des hommes avec leurs partenaires féminins intimes; le recours des hommes à la violence physique contre d’autres hommes; et la mobilité restreinte des femmes. (OMS, 2005)
Il importe de se rappeler que les facteurs de risque et de protection n’ont pas de lien direct de cause à effet, mais sont plutôt des corollaires, c’est-à-dire, par exemple, qu’un garçon qui a été témoin de mauvais traitement infligé à sa mère par son père dans son enfance ne sera pas forcément auteur de sévices plus tard dans la vie, de même qu’une femme jouissant d’un haut statut socio-économique et d’une éducation supérieure n’est pas à l’abri de violence au foyer. La violence à l’égard des femmes est un phénomène social, économique et culturel d’une grande complexité.