On peut, en tant que pratique complémentaire de grands programmes d’instruction ou en l’absence de formations, mettre en place des mécanismes de développement des connaissances fondés sur la pratique pour renforcer les capacités institutionnelles et humaines à traiter la violence à l’égard des femmes et appliquer, par exemple, les mesures suivantes :
- Mettre en place des arrangements de mentorat et d’assistance professionnelle pour les personnels de sécurité : Les personnels expérimentés d’une institution peuvent servir de mentor à leurs collègues ou leur fournir un encadrement. Les institutions peuvent également charger des mentors/experts extérieurs en matière de violence sexiste d’encadrer pendant un certain temps les personnels de direction de la police ou des forces armées.
Exemple : Le programme suédois d’accompagnement sexospécifique
Les dirigeants de haut niveau ont le pouvoir et la capacité d’influer sur les structures organisationnelles et les comportements mais n’ont souvent pas le temps de suivre des formations détaillées pour approfondir leurs connaissances en matière d’égalité des sexes. Genderforce Sweden a lancé un Programme d’accompagnement sexospécifique qui confie 12 dirigeants de niveau supérieur d’institutions de paix et de sécurité aux soins de 12 spécialistes de la problématique de l’égalité des sexes qui leur fournissent des conseils et des orientations. Parmi les participants au programme figurent le chef d’état-major de l’Armée suédoise et le directeur de la formation et des achats des Forces armées. Cette initiative affecte aussi des formations à l’intention de conseillers de terrain pour le genre pour toutes les missions. Le retour d’information sur le programme a été très positif, les participants ayant noté que cette mesure les avait aidés à modifier leur manière de communiquer et d’agir.
Source : Genderforce Sweden; Kleppe, T., (2008). Formation des personnels du secteur de la sécurité en matière de genre – bonnes pratiques et enseignements tirés. Dossier 12, Boîte à outils « Place du genre dans la réforme du secteur de la sécurité ». Genève : DCAF, OSCE/ODIHR, INSTRAW.
- Organiser des visites d’étude / d’exposition aux personnels clés des forces armées et de la police entre différents pays afin de promouvoir l’apprentissage entre les pays qui sont parvenus à intégrer les questions relatives au genre et à la violence à l’égard des femmes dans leur législation et leurs politiques nationales de sécurité. Des opportunités d’échange peuvent être offertes également entre différentes communautés et, lorsque les ressources sont limitées, on peut appuyer les activités pour passer progressivement d’un seul échange à une pratique systématique de renforcement des capacités au sein des institutions concernées.
Exemples : Échanges bilatéraux et régionaux
Rwanda : Le Service Genre de la Police nationale du Rwanda, avec l’appui d’UNIFEM (aujourd’hui ONU-Femmes) et du PNUD, a reçu des visites d’études des personnels d’application de la loi du Sud-Soudan, de la Somalie, de l’Ouganda et du Burundi destinées à observer le fonctionnement du Service Genre et en encourager les bonnes pratiques en matière de réponse aux actes de violence à l’égard des femmes et des filles. Au vu du succès du Service Genre, la Police nationale et la Force de défense du Rwanda, en collaboration avec la Campagne TOUS UNIS du Secrétaire général et avec l’appui de celle-ci, ont organisé la Conférence internationale de Kigali sur le rôle des organes de sécurité dans l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles en octobre 2010. Cette conférence a rassemblé 150 participants et a permis à des acteurs de haut niveau du secteur de la sécurité d’échanger des pratiques et de débattre de stratégies concernant les actions du secteur dans la lutte contre la violence sexiste dans la région. Parmi les représentants des 12 pays africains participant (Botswana, Burundi, Éthiopie, Gabon, Ghana, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Rwanda, Tchad et Zambie) figuraient des chefs de police, des hauts responsables des services de police et des forces armées chargés des questions de genre et de police communautaire, ainsi que des membres éminents d’organisations de la société civile et des Nations Unies. La conférence a abouti à la Déclaration de Kigali, par laquelle les signataires ont souscrit à 12 engagements pour accroître leur aptitude à lutter contre la violence à l’égard des femmes et pour appuyer l’établissement d’un secrétariat régional pour l’apprentissage et les échanges relatifs à la mise en œuvre des engagements et au renforcement des pratiques du secteur.
Source : UN Women. 2010. Report from the Kigali International Conference on The Role of Security Organs in Ending Violence against Women [Rapport de la Conférence internationale de Kigali sur le rôle des organes de sécurité dans l’élimination de la violence à l’égard des femmes]. ONU-Femmes. Kigali.
Espagne : Dans le cadre du Projet HERA (2011-2012) financé par la Commission européenne, qui vise à renforcer les mesures législatives et opérationnelles d’amélioration de l’appui de la police et de ses interventions en faveur des survivantes, des échanges de connaissances périodiques ont eu lieu pour les personnels de la police et d’autres institutions du Royaume-Uni, de Lituanie, d’Italie, de Roumanie et de Lettonie actives dans le domaine de la lutte contre la violence à l’égard des femmes. En juin 2011, par exemple, une réunion régionale a été organisée pour les partenaires européens de la police pour débattre des modèles de législation, de la gestion, du soutien et de la formation de la police, des bases de données, ainsi que d’approches de la collaboration dans leurs pays respectifs, l’accent étant mis en particulier sur la conception des protocoles de police. En novembre 2011, l’administration locale de Valence a accueilli un symposium de suivi de deux jours sur le rôle de la police et sa réponse à la violence à l’égard des femmes avec des représentants de la police locale, de l’administration et des ministères, ainsi que de membres du Conseil de l’Europe et du Parlement européen, de réseaux de la société civile, de l’enseignement et des Nations Unies. Pour plus de détails sur le Projet HERA (en espagnol), cliquer ici.