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Coordination des abris et des camps, et gestion des camps

Dernière modification: July 03, 2013

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  • Dans les camps, de nombreux cas de violence sexuelle peuvent être évités à condition que la planification des abris et du site tienne compte des risques particuliers auxquels sont confrontées les femmes et les personnes transgenres. Il est indispensable d’adopter une approche sensible au genre et axée sur la sécurité pour garantir la construction et le maintien d’abris sûrs adaptés aux femmes, aux filles et à l’ensemble de la communauté. Comme l’expliquent les fiches-conseils à ce sujet, les évaluations d’abris et les systèmes de coordination et de gestion des camps doivent toujours inclure des représentantes de la communauté touchée et des ONG locales, et surtout de celles qui représentent les populations marginalisées comme les femmes ouvertement LBT, les handicapées, les minorités ethniques et religieuses, les femmes autochtones ainsi que les jeunes femmes et les adolescentes.

Éléments essentiels à la coordination des abris et des camps, et à la gestion des camps

  • Les Directives VBG du CPI (pp. 59-61) et les fiches-conseils du Domaine de responsabilité VBG consacrées aux abris et à la coordination des camps et la gestion des camps fournissent des directives et recommandations capitales pour prévenir la violence envers les femmes et les filles grâce à la planification des abris et à la gestion des camps. De plus, les éléments suivants doivent être pris en compte lors de la construction et de la gestion des camps de réfugiés et de personnes déplacées :
  1. Conception du camp et sécurité
    1. Veiller à ce que la conception du camp soit adaptée à la culture de ses occupants. Par exemple, dans certains contextes il ne serait pas culturellement acceptable de rassembler les femmes célibataires ou veuves et de séparer leur groupe des autres membres de la communauté.
    2. Prévoir un logement provisoire séparé pour héberger les filles non accompagnées jusqu’à ce qu’elles puissent être placées en famille d’accueil (HCR, 2003).
    3. Consulter les ONG locales de défense des personnes LGBTI et réfléchir aux risques spécifiques auxquels ces personnes sont confrontées dans les camps. La présence d’abris et d’installations sanitaires, de santé et autres séparés pour les hommes et pour les femmes résulte souvent en l’exclusion des personnes transgenres et des autres personnes dont le sexe ne correspond pas exactement à l’un de ces sexes, ou dont le sexe précisé n’est pas légalement ou publiquement reconnu. Il arrive que les femmes transgenres qui ne « passent » pas pour des femmes dans la culture dominante ne puissent bénéficier d’un abri sûr et qu’elles soient obligées de se réfugier dans les abris réservés aux hommes. Cette situation accroît les risques d’exposition à la violence sexuelle et physique. Le Népal a reconnu une catégorie « troisième genre » et propose dorénavant des installations sanitaires inclusives (voir Knight, 2012b). Des actions similaires en faveur de la sécurité et de l’inclusion des personnes d’un genre différent peuvent s’avérer utiles dans certains contextes, mais des recherches bien plus poussées seront nécessaires pour formuler des recommandations spécifiques.
    4. Analyser les risques spécifiques encourus par les ménages dirigés par une seule jeune fille. Veiller à ce que des mesures de protection adéquates soient prises, comme la fourniture de matériaux de construction solides et de serrures pour leurs maisons et la mise à disposition de voies sûres pour accéder aux services. Consulter des adolescentes au sujet de la conception, de la sécurité et de la gestion des camps et des abris (Schulte & Rizvi, 2012).
    5. Analyser les besoins spécifiques des femmes et des filles handicapées. Lors de la conception des camps, veiller à tenir compte de l’accessibilité des installations liées aux services nécessaires pour les personnes souffrant d’un handicap (Human Rights Watch, 2010).

2. Organiser la protection policière et des patrouilles de sécurité dans les camps. Veiller à ce que la police bénéficie de formations régulières pour constituer un partenaire efficace de la prévention de la violence envers les femmes et les filles (HCR, 2003). Inciter la communauté à former des équipes de « surveillance communautaire » composées d’hommes et de femmes pour surveiller et soutenir les personnes qui courent le plus grand risque de subir des actes de violence. Planifier la localisation et la conception des camps pour stimuler la cohésion de la communauté et favoriser la solidarité (Conseil norvégien pour les réfugiés, 2008). Dans les zones où une mission de maintien de la paix est active, faire appel aux soldats de la paix pour faciliter les patrouilles de sécurité, surtout à pied.

 

La résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies 2106 (2013) 

Exige à nouveau de toutes les parties à des conflits qu’elles mettent immédiatement et totalement fin à tous actes de violence sexuelle, et leur demande de prendre et de tenir des engagements précis et assortis de délais pour lutter contre la violence sexuelle, engagements qui doivent comprendre notamment la publication par les voies hiérarchiques d’instructions claires interdisant la violence sexuelle et définissant les sanctions encourues en cas d’infractions, l’interdiction de la violence sexuelle dans les codes de conduite, les manuels de campagnes à l’intention du personnel militaire et des effectifs de police et autres documents semblables, et de prendre et de tenir des engagements précis pour qu’il soit enquêté au plus vite sur les violations qui auraient été commises ; demande en outre à toutes les parties à des conflits armés de coopérer avec le personnel concerné des Nations Unies pour qu’il puisse s’assurer du respect des engagements pris, et de désigner, le cas échéant, un représentant de haut niveau chargé de veiller à leur mise en œuvre (art. 10).

 

Voir également la section consacrée à la sécurité.

 

Exemple : Les missions de maintien de la paix au Tchad, au Darfour et en Haïti appuient les activités axées sur l’aide humanitaire du HCR et de l’OCHA dans les camps de réfugiés et de personnes déplacées. Les soldats de la paix collaborent avec la police nationale pour organiser des patrouilles et des escortes et apportent un soutien à la création de comités chargés de la sécurité des camps. Dans l’est du Tchad, un Détachement intégré de sécurité (connu sous le nom de son acronyme français  DIS52) mis sur pied avec l’aide de la MINURCAT et supervisé par la Police des Nations Unies a amélioré la sécurité dans les camps de réfugiés et de personnes déplacées grâce à des patrouilles de routine, à pied et à moto. Dans les camps de personnes déplacées au Darfour, des patrouilles sont organisées jour et nuit. Les attaques de femmes y sont en déclin, vraisemblablement grâce à la présence de soldats de la paix de la MINUAD qui escortent également les femmes lorsqu’elles vont ramasser du bois de feu et cultiver quelques terres. Afin de répondre à la détérioration de la situation sécuritaire dans les camps de personnes déplacées en Haïti à la suite du séisme de janvier 2010, la Police des Nations Unies, les troupes de maintien de la paix et la police nationale ont mis sur pied dans les six principaux camps un mécanisme de sécurité fonctionnant 24 heures sur 24. Des patrouilles de sécurité et de protection des genres circulent dans 70 autres camps. Ces mécanismes se sont avérés efficaces, surtout en ce qui concerne la protection des femmes contre les agressions sexuelles.

 

Source : Extrait de DOMP/DAM, 2010.

3. Tenir compte des dispositions psychologiques de la population locale (d’accueil) à l’égard des personnes vivant dans les camps. L’aide apportée aux réfugiés ou aux personnes déplacées et l’utilisation par ceux-ci des ressources locales peuvent provoquer l’hostilité de certains membres de la communauté d’accueil. Ces tensions risquent d’entraîner des manifestations de violence. Il faut donc communiquer avec la communauté d’accueil pour apaiser les tensions et, dans la mesure du possible, mettre en avant les avantages tirés par tous de la sécurité apportée aux populations des camps (Conseil norvégien pour les réfugiés, 2008).

4. Inscrire tous les réfugiés/toutes les personnes déplacées à titre personnel et leur donner des cartes d’inscription individuelles. Nombre de femmes sont obligées de poursuivre une relation d’abus ou d’exploitation lorsque seuls les chefs de ménage masculins sont enregistrés et reçoivent des cartes de rationnement. Des efforts doivent être consentis pour fournir une carte d’inscription personnelle à chaque membre de la famille, de sorte que toutes les femmes et les filles sont reconnues et bénéficient des services adéquats (HCR, 2003).   

5. Veiller à la formation et à la responsabilisation de l’ensemble du personnel de gestion et de coordination des camps.

  1. Veiller à ce que l’ensemble du personnel de gestion du camp et des organismes reçoive une formation relative à la violence envers les femmes et les filles et comprenne vraiment les risques spécifiques auxquels celles-ci sont confrontées.
  2. Exiger que le personnel suive une formation et signe les codes de conduite applicables.
  3. Recruter des femmes et les former pour qu’elles participent à la gestion des camps.
  4. Informer clairement la population du camp quant aux procédures de dépôt de plaintes concernant les travailleurs humanitaires, les agents de maintien de la paix et le personnel de sécurité, y compris les plaintes liées à l’exploitation sexuelle et aux mauvais traitements. Veiller à ce que les noms et fonctions de tous les membres du personnel soient clairement indiqués (Conseil norvégien pour les réfugiés, 2008). 

6. Prendre en compte les problèmes liés au développement durable. Veiller à ce que la construction d’abris destinés aux nouveaux arrivants ne contribue pas à la dégradation de l’environnement aux alentours des camps (par exemple par l’utilisation d’arbres locaux ou d’autres ressources locales pour construire ces abris), sous peine d’exacerber les tensions avec la communauté d’accueil et d’augmenter les risques de violence.

  1. Donner un accès immédiat aux matériaux nécessaires aux abris soit en les fournissant directement et rapidement, soit par un système de bons, ou les deux.
  2. Tirer parti de l’enseignement formel et non formel pour promouvoir les techniques de construction d’abris durables, notamment en imposant l’utilisation de matériaux de construction durables pour les nouvelles structures humanitaires (Commission des femmes pour les réfugiés, 2011).

7. Peser le pour et le contre de la réinstallation d’urgence. Par moments, il peut être nécessaire de réinstaller les femmes et les filles dans un environnement plus sûr, par exemple en zone urbaine ou dans un autre camp, pour prévenir la violence à leur égard. Néanmoins, pareille réinstallation peut perturber les réseaux sociaux des femmes et ne garantit pas que leur sécurité sera assurée dans leur nouvel habitat. Les femmes et les filles doivent être consultées et participer pleinement à toute décision entraînant leur réinstallation (Women’s Commission for Refugee Women and Children, 2006b).

 

Étude de cas : Des réfugiées participent à la gestion de camps

En Sierra Leone, le HCR a instauré un système de participation des réfugiés dans huit camps afin de garantir la communication des opinions et des préoccupations des réfugiés au HCR, au gouvernement et aux partenaires de la mise en œuvre. Des discussions régulières avec les réfugiés ont mené à la conclusion évidente que la direction des camps et le personnel du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés n’accordaient pas une attention suffisante à certaines questions importantes. Par exemple, des femmes réfugiées ont déploré que la plupart des décisions soient prises essentiellement par des hommes, et elles ont expliqué que leur mari allait chercher et gardait les articles auxquels leur famille avait droit, qu’il s’agisse de produits alimentaires ou non.

Un nouveau système de représentation a donc été instauré, de sorte que des places soient réservées aux femmes au sein du Comité exécutif des réfugiés, et un sous-comité chargé de la lutte contre la violence basée sur le genre a été créé pour promouvoir le bien-être des réfugiées et surveiller les activités de leurs partenaires.

Ce nouveau système a favorisé une participation accrue des femmes à la gestion des camps et promu la transparence et la responsabilisation quant aux services fournis. Les réfugiées ont été mises au courant de leurs droits et ont bénéficié d’une plus grande autonomie pour gérer leurs affaires. Bien que le nombre de femmes siégeant au sein des comités des camps n’était guère élevé (en dépit de deux années de sensibilisation communautaire), la participation des femmes à l’administration des camps et aux autres secteurs d’activités a atteint les 45 pour cent dans la plupart des camps.

 

Source : Adapté du Guide du Comité permanent interorganisations, 2006, p. 37).

 

 

Outils supplémentaires : 

On trouvera une liste des indicateurs pour évaluer la planification axée sur l’égalité des sexes dans la sélection, la conception, la construction des sites ou l’attribution des abris aux pages 114-115 du Guide pour l’intégration de l’égalité des sexes dans l’action humanitaire, Comité permanent interorganisations, 2006.

Conseil norvégien pour les réfugiés. 2008. Camp Management Toolkit, Chapter 10: Prevention of and Response to Gender-Based Violence, pp. 319-323. Ces pages de la trousse à outils du Conseil norvégien pour les réfugiés sont consacrées à la planification d’abris et de sites tenant compte des besoins de protection et aux systèmes communautaires de protection.

Schulte, J. & Rizvi, Z. 2012. In Search of Safety and Solutions: Somali Refugee Adolescent Girls at Sheder and Aw Barre Camps, Ethiopia. New York, Commission des femmes pour les réfugiés.

The National Center for Transgender Equality. 2011. Making Shelters Safe for Transgender Evacuees. Étant donné les difficultés uniques auxquelles sont confrontées les personnes transgenres évacuées, le NCTE, Lambda Legal et la National Gay and Lesbian Task Force ont publié ces quelques directives afin d’aider les abris à rendre leurs espaces sûrs pour les personnes transgenres.

Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. 2011. Travailler avec les lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées dans les situations de déplacement forcé. Suisse, HCR. Cette note d’orientation fournit des conseils relatifs à divers aspects du travail visant à satisfaire les besoins des personnes LGBTI au cours des déplacements.